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Rama Yade, la ministre préférée de Nicolas Sarkozy
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 03 - 03 - 2008

Il est vrai que Rama Yade ne traîne pas derrière elle ce qui peut potentiellement mettre en rogne le président Sarkozy. Elle n'a ni la proximité de Rachida Dati avec Cecilia Sarkozy, ni la soif affichée du pouvoir de Xavier Bertrand.
De tous les ministres du gouvernement de François Fillon, Rama Yade, la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme semble être la coqueluche de Nicolas Sarkozy. Préjugés favorables, à priori positifs, le président de la république ne cesse de tarir d'éloges sur cette jeune et nouvelle figure de la politique française. À un moment où le président de la république sombre dans l'impopularité au point où des personnalités comme François Léotard lui adresse des messages d'angoisse sur le ton «depuis que tu es à l'Elysée, je suis inquiet», Rama Yade est une des rares à trouver grâce à ses yeux.
Il est vrai que Rama Yade ne traîne pas derrière elle ce qui peut potentiellement mettre en rogne le président Sarkozy. Elle n'a ni la proximité, aujourd'hui coupable, d'une Rachida Dati avec Cecilia Sarkozy, ni la soif affichée du pouvoir d'un Xavier Bertrand, ministre du Travail, encore moins la retenue calculée et opportuniste d'un Jean Louis Borloo, ministre de l'Environnement, ni le narcissisme à fleur de peau d'un Bernard Kouchner.
Et ce qui ne gâche rien, Rama Yade a été une des rares personnalités du gouvernement à s'être jetée dans la gueule du loup pour défendre Nicolas Sarkozy. Elle avait traité les journalistes de «charognards» dans la célèbre affaire du SMS que le président de la république aurait adressé à son ex-épouse huit jours avant son mariage : «Si tu reviens, j'annule tout». Nombreuses sont les sources qui répercutent les éloges appuyés de Nicolas Sarkozy à l'encontre de Rama Yade au point de penser à sa future promotion lors du prochain remaniement. Elles la voient bien remplacer l'actuelle ministre de la Culture, Christine Albanel. Sa gouvernance et sa réactivité ont été jugées fades et décevantes. Rama Yade, qui mène actuellement un combat municipal dans la ville de Colombes, dans les Hauts-de-Seine, se trouve au cœur d'une grande polémique. Son concurrent, le socialiste Philippe Sarre vient déposer plainte contre elle pour diffamation. Cette démarche concerne une affaire qui avait fait beaucoup de bruit. Lors d'une réunion électorale à Colombes le 16 février dernier, Rama Yade était revenue sur sa descente improvisée auprès de squatteurs expulsés : «Je suis allée voir et j'ai découvert que le maire qui avait fait ça, c'était un maire communiste (…) Cette gauche qui dit défendre les modestes, les minorités et les immigrés, c'est cette gauche qui s'en prend à moi, qui ne suis que numéro 3 de la liste, je le rappelle, qui s'en prend à moi parce que je suis noire». Cette polémique n'a pas encore refroidi que Rama Yade en allume une autre.
Lors d'un déplacement à Argenteuil, elle crée la surprise lorsqu'elle est interrogée sur le répulsif anti-SDF «Malodore» utilisée par la Mairie pour éloigner des personnes indésirables, elle affirme qu' «il faut tout tenter dans une ville». Voyant la vague de protestation gonfler, Rama Yade a opéré un recul stratégique en qualifiant l'incident de «malentendu». Mais la gauche s'est déjà saisie de l'affaire.
Le secrétaire national du PS à la Riposte, Razzy Hammadi, se déchaîne contre Rama Yade qualifiée de «secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme sauf ceux des SDF» avant d'enfoncer le clou : «En refusant de voir la réalité en face et en stigmatisant ceux qui vivent dans la rue, la majorité pratique la politique de l'autruche. Quand l'escalade du mépris s'arrêtera-t-elle ? (…) L'usage de gaz odorants nauséabonds projetés en direction des sans domicile fixe ne semble pas choquer la secrétaire d'Etat chargée des droits de l'Homme bien au contraire».
Dans sa manière de gérer sa communication et sa présence dans le champ politique, Rama Yade, qui cherche la légitimité des urnes après avoir bénéficié de la logique de la cooptation au nom de l'ouverture et de la diversité, marche sur les traces de son idole Nicolas Sarkozy avec une stratégie simple : créer la polémique qui fait l'événement au risque de bouger les lignes les plus lourdes. Ses multiples provocations sont loin d'être le fruit de maladresses de débutants, mais s'inscrivent dans un véritable plan média qui vise à élargir la sphère de sa visibilité.


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