Nicolas Sarkozy et son gouvernement dirigé par François Fillon ont décidé de s'investir dans la campagne des élections municipales prévues pour mars prochain. Le débat fut rude et l'indécision insoutenable. Valait-il mieux pour le président Nicolas de s'investir dans la campagne des élections municipales prévues pour mars prochain? Ou était-il opportun de rester à l'écart d'un scrutin, somme toute, à valeur régionale ? Si Nicolas Sarkozy avait, dès le début, montré son orientation préférée de rompre avec la tradition de ses prédécesseurs en s'impliquant personnellement dans le déroulement politique de la campagne, nombreux de ses proches collaborateurs insistaient lourdement sur les risques encourus d'une telle aventure. Le Conseil national de l'UMP réuni samedi à Paris en a tranché toutes les hésitations. Nicolas Sarkozy et son gouvernement dirigé par François Fillon ont décidé de s'investir dans ce scrutin et de donner à ses résultats une dimension nationale. Le secrétaire général de l'UMP, Patrick Devedjian, est de ceux qui militent depuis longtemps pour «politiser» cette campagne avec la ferme conviction que le scrutin de mars «aura une résonance politique nationale considérable». La même certitude est partagée par le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale Jean-François Coppé : «Que nous le voulions ou non, ces municipales vont être interprétées comme un premier test pour notre majorité et notre action». Le Premier ministre, François Fillon, longtemps renvoyé au rang de super directeur de cabinet du président de la république, a retrouvé le délicieux usage du «je»: «Je serai à vos côtés pour mener la bataille des municipales (…) J'y serai, avec le gouvernement, non pas pour détourner ce scrutin de son évidente dimension locale, mais pour rappeler que ce qui se fait pour la France n'est pas dissociable de ce qui peut se faire dans nos communes». Pour donner à ce Conseil national de l'UMP un grand écho, Nicolas Sarkozy a eu l'originale idée d'inviter l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair pour y délivrer un discours. La performance fut à la hauteur des attentes. En français parfait, avec l'inévitable accent britannique, Tony Blair a tenu la salle en haleine entre affirmation humoristique et jeux de mots ravageurs: «Vous avez de la chance d'avoir Nicolas Sarkozy comme président», un dirigeant «très énergétique» (…) dans tous les domaines» Cette allusion lascive déclencha un tonnerre de rires et d'applaudissements. Tony Blair se lança ensuite dans un exercice d'autodérision très apprécié : «Aux Etats-Unis, je serais démocrate, au Royaume-Uni je suis travailliste, en France je serais.... probablement au gouvernement». La relation particulière, faite de séduction et de fascination réciproque, qui lie Tony Blair à Nicolas Sarkozy est l'objet de grande curiosité médiatique. Le président du groupe socialiste Jean-Marc Ayrault croit en connaître le secret: « Je vois bien se profiler du côté de l'UMP et du président de la république pas avare d'un bon coup tactique, c'est de préparer une candidature de Tony Blair à la présidence de l'Union européenne (…) cette candidature n'est pas acceptable, parce qu'il n'est pas acceptable que le premier président de l'UE soit un homme qui ait soutenu et participé à la guerre en Irak». Pour de nombreux observateurs, Nicolas Sarkozy tente de faire de ces élections municipales une occasion de ratifier ses choix politiques. Ouvertement critiquée par la gauche, sourdement contestée par la droite, sa politique d'ouverture est sur le grill. Le message qu'il a délivré à l'occasion du lancement de cette compagne traduit son engagement à poursuivre sa politique d'ouverture : «Je veux que la tolérance, l'ouverture et la main tendue soient la marque de fabrique de la droite et du centre français, le sectarisme et la fermeture, la marque de fabrique de la gauche française». La gauche a vite réagi à cette nouvelle approche. Le Parti communiste soupçonne le président de la république de vouloir lancer «une nouvelle phase de réformes dont la brutalité a besoin d'être dissimulée par des opérations de communication quasi quotidiennes et la poursuite du brouillage des repères droite-gauche». Pour le Parti socialiste, ce scrutin municipal possède un enjeu d'une grande originalité : il est l'occasion de faire trébucher la Sarkozy triomphante. Les thèmes qu'il a déjà choisi de mettre en valeur sont au cœur de l'action gouvernementale comme le pouvoir d'achat ou la nouvelle gouvernance.