Le musée ethnographique de Tétouan est l'un des sites historiques les plus visités. C'est un espace culturel qui raconte les coutumes de la ville, mais aussi celles des régions avoisinantes. Dans l'ancienne médina se cache un joyau. Le musée ethnographique occupe une vieille forteresse qui date de 1246 de l'hégire. Le bâtiment a été fondé par le gouverneur Mohamed Achaâch sur l'ordre du Sultan alaouite Moulay Abderrahmane. Il se distingue par son bastion qui témoigne de son ancien rôle défensif. Les canonnières portent toujours des canons portugais sur l'ancienne porte Bab Al Oukla. Selon Ijlal Meslouhi, archéologue et conservateur du musée ethnographique de Tétouan, ce musée a été créé en 1928 à Dar Benouna. «Cette maison fut la propriété d'une famille de notables tétouanais. Le musée a été transféré en 1948 à un autre bâtiment d'une grande importance historique», explique-t-elle. Et de préciser que «ce bâtiment se distingue par son architecture propre à une époque qui a marqué l'histoire de Tétouan. Il illustre, ainsi, grâce aux objets et articles d'artisanat - qu'il expose- les traditions, les coutumes et les usages de la ville et des régions avoisinantes». Une pure merveille, vous diront les visiteurs pour qui cette forteresse abritant le musée est tout simplement fascinante. Le jardin qui se trouve à l'intérieur de cette grande bâtisse est l'un de ses endroits magiques. Le paysage, à première vue, vous plonge dans l'ambiance des palais andalous de Grenade. Le bassin au centre est une source d'inspiration à plus d'un. Les visiteurs sont marqués par la beauté de la fontaine murale ornée de zelliges. Elle est surmontée d'un auvent en bois sculpté, couvert de tuiles arrondies. Le musée présente, en ce moment, deux grandes expositions consacrées à la vie communautaire et aux pratiques de la maison traditionnelle tétouanaise. Les locaux au rez-de-chaussée décrivent à travers des articles d'artisanat, les différentes activités et pratiques propres de la ville de Tétouan. Les objets et articles exposés témoignent du savoir-faire des anciens maîtres-artisans tétouanais, des Morisques et des Arabes qui ont quitté au 15ème siècle l'Andalousie. Le musée présente ainsi des métiers propres à la région, à savoir le zellige, la poterie rifaine, la céramique et le travail du cuir. Le zellige a toujours constitué l'un des métiers d'artisanat les plus caractéristiques de la ville de Tétouan. Il se caractérise par sa technique de façonnage, ses couleurs et ses aspects de surface… Le musée expose aussi la poterie rurale, c'est-à-dire, la poterie rifaine. C'est une production domestique destinée à l'usage personnel ou à la vente. Le souk est également présent. Il est représenté comme un espace de contact et d'échange socioculturel entre habitants du milieu rural et ceux de l'urbain. Le musée, au moyen du décor, transporte le visiteur vers le souk hebdomadaire où se rencontrent les Tétouanais et les habitants des différentes régions avoisinantes pour négocier ou s'approvisionner. Le premier étage du musée représente la maison traditionnelle tétouanaise du 19ème siècle. Des costumes d'apparats masculins de grande valeur historique y sont exposés. Ils sont brodés de motifs traditionnels tétouanais tel que taâjira. Les costumes des cérémonies pour les femmes y sont également exposés. Ils représentent la petite fille tétouanaise pendant la fête de Shadda célébrée à l'occasion de laïlat Al Kadr (la veille du 27ème jour du Ramadan). Outres les caftans et les costumes traditionnels de la mariée tétouanaise, les babouches et les autres accessoires trouvent aussi leur place dans ce musée. Le grand salon (Sala) trône avec ses matelas, ses coussins et Haytés. Les murs sont ornés de miroirs en cristal couverts de « tenchifa » brodés. Le trousseau de la mariée rangé dans de prestigieux coffres en bois se trouve au milieu de la «Sala». Une belle mariée est portée sur une merveilleuse «âmariée» à la sortie de cette salle. Le musée expose, au même étage, des fusils, poignards, boîtes à poudre et instruments de musique. Que des trésors qui ne laisseront pas insensibles les amateurs de l'histoire et de l'art.