Victime du chaos économique, l'Argentine subit émeutes et pillages depuis une semaine. Mercredi, l'état de siège était décrété. Le gouvernement est démissionnaire… Le président argentin a décrété mercredi un état de siège de trente jours pour mettre un terme à la vague de pillages et d'émeutes provoquée par les mesures d'austérité qui ont frappé de plein fouet une bonne partie de la population. Des responsables gouvernementaux, qui se sont exprimés de façon anonyme, ont précisé que cette mesure d'urgence avait été décidée après le pillage de dizaines de supermarchés à Buenos Aires et dans les provinces, alors que les émeutes ont débuté le week-end dernier. Des violences qui ont déjà fait sept morts, dont un garçon de quinze ans, et des centaines de blessés lors des événements de mercredi dans la capitale et Cordoba. Confronté à une profonde récession, le gouvernement a ces deux dernières années multiplié les réductions de salaires et les hausses d'impôt. Après avoir amputé les retraites de 13 %, il a aussi décidé de limiter les retraits d'argent liquide à 1.000 dollars par mois. Chaque jour, ce sont ainsi 2.000 Argentins qui passent sous le seuil de pauvreté alors que le taux de chômage dépasse les 18%... Dans la foulée des événements de mercredi, la Chambre des députés a d'ailleurs voté l'annulation des pouvoirs économiques spéciaux qui avaient été accordés cette année au ministre de l'Economie Domingo Cavallo. L'annonce de la démission de ce dernier, acceptée ce jeudi par le président Fernando de la Rua, devrait par ailleurs être suivie de celle de la totalité du cabinet ministériel, à la demande du Premier ministre Chrystian Colombo. Face à la vague de violences populaires, le président De la Rua a quant à lui ordonné la distribution de vivres pour un montant de 7 millions de dollars, au moment où certains supermarchés ont décidé de distribuer leurs propres stocks de nourriture pour éviter d'être pillés. L'ampleur de la manifestation, dont le dernier précédent en 1989 avait entraîné la chute du président Raul Alfonsin, fait suite à deux années de politique économique austère qui avaient déjà déclenché une grève générale le 13 décembre dernier. Malgré l'état de siège, qui donne aux autorités le pouvoir de suspendre certaines libertés constitutionnelles - telles que le droit de se rassembler ou celui de voyager librement - et de procéder à davantage d'arrestations, la population a continué de défier les forces de police dans les quartiers populaires de la capitale et des grandes villes argentines. Jeudi matin, des centaines de personnes se sont également regroupées devant la résidence présidentielle d'Olivos où se trouve le président Fernando de la Rua. Selon les autorités, la tension semblait toutefois décroître alors que la police a précisé que 551 personnes avaient été arrêtées mercredi.