Dans une lettre adressée au secrétaire général du PJD, le président du Mouvement unicité et réforme (MUR), Mohamed Hamdaoui, appelle le PJD à rester fidèle au principe islamiste de «Attakiya» et à éviter les mauvaises fréquentations. Le Mouvement unicité et réforme (MUR) appelle le Parti de la justice et du développement (PJD) à garder sa sérénité et à ne pas s'engager dans un bras de fer direct avec le reste des forces politiques ou avec les autorités. Le MUR a aussi appelé le parti islamiste à s'armer de patience en attendant des jours meilleurs. C'est ce qui ressort de la lettre adressée par le président de cette association, Mohamed El Hamdaoui, au secrétaire général du parti, Saâd Eddine El Othmani. Cette lettre intervient suite à la tournure qu'ont prise les choses entre le parti islamiste et les autres composantes du champ politique national ainsi que les autorités chargées de l'organisation et du contrôle de la transparence des élections, à savoir les ministères de l'Intérieur et de la Justice. Après la proclamation des résultats des élections législatives du 7 septembre, plusieurs dirigeants du PJD ont fait des déclarations remettant en cause la transparence des élections en prétendant que la corruption et l'achat des voix ont été utilisés pour empêcher leur formation de décrocher la première place en nombre de sièges et aspirer, ainsi, à former un gouvernement. Ces déclarations ont suscité l'indignation générale chez la classe politique et les autorités compétentes. «Les moments qui ont suivi la proclamation des résultats ont montré le vrai visage du PJD puisqu'on a vu comment les visages se sont crispés, les sourires ont disparu et le ton s'est aggravé lors des premières déclarations à la presse», remarque un observateur. Des moments pendant lesquels les dirigeants du parti s'étaient laissé emporter par leur colère violant ainsi la première règle de l'islamisme politique, à savoir «Attakiya» (ménagement des adversaires tant qu'ils sont en position de faiblesse). C'est cette règle que le mouvement islamiste du MUR rappelle à sa branche politique qu'est le PJD. «Je vous appelle à continuer vos efforts bénis dans la consolidation de la règle de la participation basée sur le principe : "fréquenter les gens et faire preuve de patience devant leurs hostilités" (…) et ce quels que soient les obstacles et les difficultés», a dit M. Hamdaoui dans sa lettre à Saâd Eddine El Othmani. Sachant que le Mouvement unicité et réforme constitue la base idéologique et militariste du PJD, il est clair que le message est un rappel à l'ordre incitant la direction du PJD à ne pas se laisser se comporter en parti politique normal mais en mouvement islamiste ayant l'obligation d'avancer doucement et attendre le moment propice pour s'emparer du pouvoir. L'exemple de la Turquie est très significatif à cet égard. Et, pour ce faire, rien ne presse et il vaut mieux patienter jusqu'à ce que la conjoncture soit plus favorable. C'est ce que semble dire le président du MUR au patron du PJD. «Toute concession ou négligence à l'égard de ces principes, et toute normalisation avec ce qui va à l'encontre de ces valeurs, ainsi que toute indulgence avec ce qui la cible ne mènera qu'à la régression et à l'échec», dit-il. M. Hamdaoui appelle ainsi le PJD à ne pas se laisser emporter par l'envie de participer à une éventuelle coalition gouvernementale à n'importe quel prix appelant la direction du parti islamiste à éviter de se laisser contaminer par les autres partis. «La fréquentation positive et la participation politique ne sont efficaces que si elles se font dans le cadre de la fidélité aux principes», rappelle-t-il. M. Hamdaoui lance ainsi un message à peine déguisé au PJD à ne pas participer au gouvernement et à attendre d'être plus fort. Pour convaincre, il leur transmet les félicitations et les rassure quant au soutien du reste des mouvements islamistes à travers le monde. Le président du MUR successeur d'Ahmed Raïssouni, qui a démissionné en 2003 suite à sa fameuse sortie médiatique où il avait remis en cause Imarat Al Mouminine, reprend, avec cette lettre adressée au PJD, le rôle qui lui incombe, à savoir encadrer idéologiquement et orienter politiquement le PJD.