Du 4 au 6 novembre 2006, le Mouvement Unicité et Réforme tiendra son troisième congrès. A l'ordre du jour, la question épineuse de ses rapports avec le Parti de la Justice et du Développement. Un troisième congrès sous le signe de la clarification. Le flou qui a jusqu'ici caractérisé les rapports entre le Mouvement Unicité et Réforme (MUR) et le Parti de la Justice et du Développement ne manquera pas d'être soulevé lors du prochain congrès de ce mouvement, prévu au début du mois de novembre au théâtre municipal «Si Abderrahim Bouabid» de Mohammédia. Dix ans après la naissance de ce mouvement, fruit d'une fusion entre deux tendances islamistes «Al-Islah wa attajdid» et «Rabitat al-Mostakbal al-islami», ce mouvement a encore et toujours de la peine à se forger une identité idéologique claire et nette. Une confusion qui est entretenue même par le président de ce mouvement, Mohamed Hamdaoui. En insistant sur «l'autonomie» apparente de son mouvement à l'égard du PJD, M.Hamdaoui nous a également parlé du «partenariat» qui existerait avec ce parti. Un rapport que ce dernier a également du mal à assumer. Si moralement le PJD a toujours soutenu les positions du MUR, politiquement, il ne l'a fait que du bout des lèvres. Les positions radicales de ce mouvement qui se définit comme une «association de prédication» embarrasseraient-elles les dirigeants d'un parti qui a établi sa légitimité sur une (vraie-fausse) réputation de «parti islamiste modéré» ? Quand on sait que le MUR compte parmi ses rangs plusieurs membres dirigeants du PJD, dont Abdelilah Benkirane, président du conseil national de ce parti islamiste et directeur du quotidien «Attajdid», on comprend l'embarras des uns et des autres. Si tout le monde est unanime à souligner que ces deux entités ont le même référentiel islamique, il n'en reste pas moins que, politiquement, ils partagent souvent les mêmes positions. Tant et si bien que le MUR et sa publication «Attajdid» se sont transformés en «porte-voix» des positions du parti de Saâd Eddine El Othmani. On se souvient notamment de la «pré-campagne électorale» orchestrée par ce quotidien au lendemain de la publication du fameux sondage américain créditant le PJD de 48% des voix lors des législatives annoncées de 2007. Au-delà de ce flou qui persiste dans ses rapports avec le PJD, le MUR est appelé à reconsidérer ses positions sur plusieurs aspects de la vie politique et culturelle du pays. Ce mouvement, paraît-il, s'est découvert un ennemi juré : la culture. Dès le début, il s'est illustré par ses sorties fracassantes contre différents symboles de la vie culturelle et artistique du pays. Miss Maroc, festivals, instituts culturels étrangers au Maroc, cinéma (film Marock), poésie et autres manifestations de création ont constitué la cible privilégiée des tirs nourris de ce mouvement. Interrogé sur l'objectif de cette campagne contre l'art et la culture, M. Hamdaoui a préféré faire dans la «nuance». Selon lui, les critiques exprimées par son mouvement n'auraient concerné que les manifestations qui sont devenues des «lieux de débauche». Il ajoute, par ailleurs, que son mouvement a toujours défendu une «culture constructive et un art sublime». Lesquels ne sauraient être considérés comme il le fait sous le seul et unique prisme de l'éthique.