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Entretien avec Fessal Kohen, Président du Conseil National de l’Ordre des experts-comptables : «La transparence financière est un sujet qui nous tient à cœur»
Publié dans Finances news le 13 - 09 - 2007

* Le Congrès se veut une excellente occasion, pour faire le bilan de toutes les réalisations et donnera lieu à l’élaboration de toutes les attentes futures visant, justement, l’amélioration de la transparence financière et l’attraction des investissements directs étrangers.
Finances News Hebdo : L’OEC organise prochainement un Congrès sous le thème de la transparence financière. Est-ce que vous pouvez nous expliquer, brièvement, les motifs du choix du sujet ?
Fessal Kohen : Avant de répondre à vos questions, nous devons vous signaler qu’à l’instar des précédents congrès, nous avons sollicité S.M le Roi de nous honorer en plaçant sous son Haut Patronage notre 5ème Congrès qui se tiendra les 22 et 23 novembre 2007 à Marrakech, et qui aura pour thème : «La transparence financière : acquis et perspectives d’amélioration».
Comme vous le savez, l’Ordre des Experts-Comptables organise tous les deux ans, un congrès scientifique international, pour débattre d’un sujet d’actualité qui intéresse toute la communauté non seulement des experts-comptables et praticiens des finances, mais également, les investisseurs et opérateurs économiques, qu’ils relèvent du secteur public ou privé.
Pour notre 5ème Congrès, comme indiqué plus haut, nous avons opté pour le thème «La transparence financière : acquis et perspectives d’amélioration». Nous devons vous préciser que la transparence financière est un sujet qui nous tient à cœur depuis déjà quelques années, eu égard aux importantes mutations, tant internationales que nationales induites notamment par la mondialisation de l'économie et des marchés financiers.
Cette idée d'un sujet autour de la transparence financière a été davantage affinée lors de la clôture de notre précédent Congrès, du fait notamment de la multitude des mouvements ayant été enregistrés sur le plan international en matière de normalisation et de régulation de la transparence financière et la volonté délibérée des instances nationales de l’Ordre de faire bénéficier ses membres de ces mouvements de réformes et en faire consolider le développement économique de notre pays.
Bien évidemment, c’est le Conseil National de l'Ordre des Experts-Comptables qui a arrêté le thème de ce congrès dans sa dimension générale, le titre du congrès, quant à lui, a été finalisé, notamment après la désignation des membres du Comité scientifique de ce 5ème Congrès. Bien que notre profession constitue un maillon important dans la chaîne de la transparence financière, nous n'avons aucunement la prétention, à travers notre 5ème Congrès, d'être exhaustifs sur ce sujet très vaste qui interpelle plusieurs acteurs et opérateurs économiques. En revanche, notre ambition est de faire un bilan des acquis en matière de transparence financière au Maroc, surtout après les diverses réformes que notre pays a réalisées au cours de ces dernières années et de parvenir à des recommandations d'améliorations à travers les expériences de plusieurs institutions professionnelles et régulatrices, tant nationales qu’internationales.
F.N.H. : Quels sont les axes qui seront essentiellement débattus au cours de ce congrès ?
F. K. : Le comité scientifique, de concert avec le Conseil National de l’Ordre des Experts-Comptables, a élaboré une plate-forme explicitant les grandes lignes directrices qui devront être débattues au cours de ce Congrès.
La thématique choisie pour le 5ème Congrès de l’Ordre sera organisée sous forme de séances plénières et d’ateliers de travail.
Les séances plénières seront consacrées aux interventions des officiels tels que les représentants des ministères de la Justice et des Finances, ainsi que les Présidents et les représentants de la Cour des Comptes, de la Trésorerie Générale du Royaume, de la CGEM, mais englobera également les témoignages émanant des institutions professionnelles et de régulation nationales et internationales, telles que les représentants de l’International Accounting Standards Board (IASB), l’IFAC, la FIDEF, la Banque mondiale, la Fédération Méditerranéenne des Experts-Comptables (FCM), le Haut Conseil du Commissariat aux Comptes (H3C), l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) et les Présidents de l’Ordre des Experts-Comptables de Tunisie et de Syrie.
Du coté représentants nationaux, nous recevrons les Directeurs et représentants du CDVM, de Bank Al-Maghrib, de la Direction des Entreprises Publiques et de la Privatisation, de la Direction des Collectivités Locales, etc .
Du coté des ateliers, le comité scientifique a identifié 5 axes importants : le premier atelier portera sur la transparence financière : Exigence fondamentale des marchés financiers ; le second atelier portera sur les banques et les assurances : modèles de transparence financière ; le troisième atelier sera consacré à l’Etat, aux entités publiques et aux associations d’utilité publique face à la transparence financière ; le quatrième atelier sera axé sur la transparence financière, source de développement de la PME et le cinquième et dernier atelier aura pour thème : l’expert-comptable, contributeur actif à la transparence financière.
Le programme définitif des ateliers est actuellement en cours de finalisation sous la conduite du comité scientifique. Nous pouvons vous citer quelques sujets transverses qui seront débattus comme la gouvernance des entreprises, les nouveaux référentiels comptables (IFRS), les contraintes et limites; mais également des sujets d’avenir concernant des secteurs particuliers : il s’agit de Bâle II et de l’impact sur la mission des commissaires aux comptes, concernant le secteur des banques ou encore de Solvancy II, un projet d’harmonisation mondiale des règles d’évaluation des provisions techniques des compagnies d’assurance.
F.N.H. : Quelle appréciation faites-vous sur la transparence financière actuelle ?
F. K. : Permettez-moi de vous indiquer que notre 5ème Congrès compte rassembler plus de 400 congressistes dont plus de 300 membres de l'Ordre des Experts-Comptables du Maroc. A ceux-là s’ajouteront tous nos invités internationaux qui viendront de pays amis tels que la France, le Canada, la Roumanie, le Sénégal, le Cameroun, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, l’Algérie, la Tunisie, la Mauritanie, la Libye, la Syrie, le Liban etc.
Tous ces professionnels et spécialistes ont une appréciation particulière de la transparence financière actuelle, des acquis réalisés dans ce domaine et des recommandations à faire pour en améliorer le contenu.
Si nous devons parler du cas du Maroc, il serait important de signaler que depuis la mise en œuvre du processus de privatisation vers le début des années 90, le Maroc s’est engagé sur un train de réformes qui a touché pratiquement tous les secteurs économiques du pays, à savoir :la réforme des textes de lois sur les sociétés commerciales (SA, SARL etc.) et du Code de commerce, la réforme des marchés financiers, la réforme de la Bourse des Valeurs de Casablanca, la mise en œuvre du Conseil Déontologique des Valeurs mobilières (CDVM),la mise en œuvre du Conseil National de la Comptabilité avec l’élaboration d’une multitude
de plans comptables sectoriels (associations, partis politiques, retraites, Mutuelles, Bank Al-Maghrib etc.)…
Le Congrès sera une excellente occasion pour faire le bilan de toutes les réalisations et donnera lieu à l’élaboration de toutes les attentes futures visant justement l’amélioration de la transparence financière et l’attraction des investissements directs étrangers.
F.N.H. : Comment l’expert-comptable pourra-t-il contribuer à l’amélioration de la transparence financière ?
F. K. : Comme vous le savez, notre profession ne détient que le monopole du commissariat aux comptes et de l'audit contractuel alors que notre deuxième spécialité est l'expertise-comptable. Lorsque nous intervenons en tant qu'auditeur, notre rôle est de nous assurer que les états de synthèse produits par la société concernée sont réguliers, sincères et reflètent l'image fidèle de la situation financière de la société à une date donnée.
Pour atteindre cet objectif, nous devons tenir compte des trois référentiels suivants: le premier est le référentiel comptable adopté par notre pays: la Loi comptable et le Code général de normalisation comptable (CGNC) qui s'inspire très largement du Plan comptable français; le second est le référentiel des travaux menés en matière d'audit. Ce référentiel correspond au manuel d'audit adopté par notre instance et qui s'inspire, pour sa grande majorité, des normes de l'IFAC; le troisième est le référentiel des travaux complémentaires édictés par les régulateurs des secteurs particuliers: banques, assurances, sociétés faisant appel public à l’épargne (APE).
Sur le premier volet de notre activité, à savoir le commissariat aux comptes et l’audit contractuel, il est nécessaire évidemment d’observer le respect des dispositions de la loi régissant les sociétés commerciales (SA, SARL, etc.), notre démarche est conforme à la majorité des normes internationales et notre profession ne peut que recommander une amélioration de la mise en œuvre de la gouvernance d'entreprise, notamment au niveau des PME.
La deuxième facette de notre métier est l'expertise-comptable et le conseil.
Sur ce volet, un travail important a été fait par nos membres pour accompagner les entreprises pour leur mise à niveau. Du diagnostic financier à la mise en place de systèmes d'information comptables et financiers fiables, en passant par l'organisation des procédures de contrôle interne efficaces, les experts-comptables ont contribué de manière active et volontariste à l'amélioration de la transparence financière. Bien évidemment, ce chantier implique une volonté des dirigeants de l'entreprise à veiller sur la mise en œuvre de la transparence financière. Cette volonté se manifeste le plus souvent lorsqu'il y a une prise de conscience que la transparence financière constitue un bénéfice net pour l'entreprise: il n'y a qu’à voir les success stories des dernières entreprises introduites en Bourse.
C'est ce type de conseil qui est notre cheval de bataille quotidien auprès des PME, depuis de longues années. Bien évidemment, nous ne sommes pas les seuls à prôner la transparence financière, mais notre proximité avec le chef d'entreprise constitue un atout pour recruter un maximum d'entreprises vers l’amélioration de la transparence.


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