* Le résultat global de la CIMR a évolué de 4,2%, et ce malgré la nette dégradation du marché boursier. * Limpact de la crise internationale sur certains secteurs na pas influencé la cadence de règlement des contributions, étant donné leur faible représentation dans le portefeuille dadhérents de la CIMR. * Avant même les déboires quavait connus la Bourse, la Caisse avait entamé la réflexion sur la pertinence du taux de placement qui est utilisé pour valoriser la réserve de prévoyance de son régime. * Les chiffres sur la couverture retraite dans notre pays ne sont guère reluisants, puisquun salarié sur cinq bénéficie de la couverture retraite. * Tour dhorizon avec Khalid Cheddadi, PDG de la CIMR. - Finances News Hebdo : Peut-on savoir comment sest soldée lannée 2008 pour la CIMR et quel a été limpact de la chute boursière constatée au cours de cette année sur votre politique de placements ? - Khalid Cheddadi : Si on devait résumer lactivité de notre institution pour lexercice 2008, je dirais quelle était dans la continuité de lannée 2007, voire au-delà de nos prévisions. Jen veux pour preuve les excellents résultats obtenus tant au niveau de la gestion technique quau niveau de la gestion financière. Tout dabord, pour ce qui est de la gestion technique, le rythme daccroissement des contributions sest davantage accéléré avec une évolution de plus de 13%, avoisinant 3,7Mds concomitamment avec laugmentation du nombre dadhérents qui passe à quelque 4.100 entreprises adhérentes et une bonne maîtrise des charges techniques qui ont progressé denviron 6,5%. Dans ces conditions, le solde technique sest apprécié de 27%, ce qui est appréciable eu égard au contexte économique difficile qua connu notre pays lannée dernière. Quant à la gestion financière, le résultat global a, pour sa part, évolué de 4,2% dans un contexte boursier qui a connu une dégradation très nette des valorisations à partir du deuxième semestre, atteignant une baisse en fin dannée de plus de 13%. Le portefeuille des actions cotées de la CIMR a largement surperformé le marché de plus de 600 points de base. En fait, ce résultat exceptionnel vient récompenser notre politique rationnelle de gestion des actifs, adossée à des règles prudentielles et de dispersion des risques qui ont fait leurs preuves. Notre institution peut se targuer dêtre parmi les plus performantes dans ce domaine grâce à des mécanismes très rigoureux dinvestissement. - F.N.H. : Comme vous avez pu le constater durant les premiers mois de lannée 2009, certains secteurs ont subi de plein fouet la crise (textile, automobile, électronique ). Avez-vous relevé des incidents de paiement liés aux effets de la crise internationale ? - K. Ch. : Malgré les effets de la crise internationale sur certains secteurs dactivité au Maroc, nous avons ressenti un impact très limité au niveau de la CIMR sur la cadence de règlement des contributions, qui continuent à se dérouler pratiquement sans changement par rapport à lannée dernière. Cela tient au fait que ces secteurs sont encore faiblement représentés dans notre portefeuille dadhérents. En tout état de cause, chaque fois quune difficulté a été ressentie par un de nos adhérents pour payer les contributions régulières, nous avons mis en place des facilités appropriées dans le respect strict de nos dispositions statutaires. - F.N.H. : Dimportantes mesures ont été mises en place récemment par la CIMR (lélargissement de lassiette des taux de cotisation, laugmentation du taux de cotisation ) dans lobjectif daugmenter la pension à la retraite. Est-ce que vous avez commencé à en ressentir les retombées aujourdhui ? - K. Ch. : Depuis la mise en uvre de ces mesures, nous avons constaté un engouement de la part de nos entreprises adhérentes puisque plusieurs dentre elles ont dores et déjà opté pour le relèvement du taux de cotisation pour lensemble ou pour une partie de leurs salariés, améliorant ainsi leur niveau de pension projeté. Ceci nous conforte dans la démarche que nous avons entreprise et nous apporte la preuve concrète quelle répond à un véritable besoin. - F.N.H. : A loccasion de chaque sortie médiatique, vous rassurez quant à la pérennité du régime de la Caisse. Est-ce quaujourdhui, avec toutes les mutations que connaît le contexte international et qui ne sont pas sans incidences sur nos agrégats macro-économiques (PIB, inflation, déficit budgétaire ), vous maintenez votre position ? w K. Ch. : Le régime géré par la CIMR a bien résisté aux conséquences de la crise financière internationale en 2008. Ceci se manifeste clairement à travers les résultats du bilan actuariel que nous avons réalisé, et qui montre que les critères de pérennité du régime sont respectés et que, parallèlement, ses principaux indicateurs sont en progression, notamment la projection de la réserve de prévoyance. Je rappelle que nous attachons une grande importance au suivi régulier du régime qui fait lobjet de règles de gouvernance très strictes, qui sont inscrites dans les statuts de la Caisse. Ce suivi est fait principalement à travers lélaboration annuelle dun bilan actuariel qui consiste à réaliser un ensemble détudes financières, démographiques et actuarielles aboutissant à la projection sur une longue période des ressources et emplois de la Caisse. Ces projections prennent en ligne de compte une multitude de paramètres qui restent bien entendu liés à la situation démographique et économique du pays. Lélément important quil faudrait souligner à cet égard cest que les hypothèses dévolution que nous retenons de ces paramètres sont extrêmement prudentes par rapport à leur évolution réelle observée a posteriori (taux de rendement financier, évolution annuelle des actifs, etc ). Les projections que nous avons réalisées ont montré dune façon claire que, bien quil soit sensible aux évolutions des grandeurs macroéconomiques, le régime de la CIMR se caractérise par sa robustesse et par sa capacité sur le très long terme à honorer ses engagements - F.N.H. : Effectivement, depuis 2003 la CIMR a élaboré son bilan actuariel pour sassurer de la pérennité du régime. Est-ce que ce bilan est en parfaite adaptation avec les mutations que connaît sans cesse le contexte ? - K. Ch. : Le point que vous évoquez est tout à fait pertinent car il sagit dexaminer les modèles que nous utilisons pour létablissement de notre bilan actuariel. Cest un exercice récurrent que nous réalisons pour affiner régulièrement les projections que nous faisons dans le cadre du bilan actuariel. Avant même les déboires qua connus la Bourse, nous avions entamé la réflexion sur la pertinence du taux de placement qui est utilisé pour valoriser la réserve de prévoyance du régime de la Caisse. Sur une longue période de projection, il pourrait être difficile de prévoir lévolution des marchés financiers et donc lévolution de la réserve de prévoyance qui est utilisée pour valoriser les ressources dont disposera la Caisse pour faire face à ces engagements futurs. Nous avons présenté une nouvelle méthode dévaluation de ces réserves se basant uniquement sur la valeur comptable pour létablissement du bilan actuariel. Cette méthode a été adoptée par le Comité de pilotage qui est linstance en charge de la supervision de la santé du régime. Nous pensons que ce nouveau plan est en adéquation avec le contexte où les actifs financiers peuvent être vulnérables pour des considérations de volatilité dans le moyen et le long termes. - F.N.H. : Le système de la retraite a enfin un plan comptable qui lui est spécifique. Quelle est la valeur ajoutée de ce plan pour le système en général et pour la CIMR en particulier ? - K. Ch. : Nous nous réjouissons de la mise en place dun plan comptable spécifique pour les Caisses de retraite. Nous pensons quà linstar des entreprises travaillant dans un même secteur économique comme les compagnies dassurance, les Caisses de retraite, surtout celles fonctionnant selon le système de répartition, devaient avoir un plan comptable qui reflète les règles de comptabilisation qui leur sont propres. - F.N.H. : La CIMR a connu ces derniers temps un mouvement de grogne sociale. Peut-on savoir comment vous avez pu résoudre un tel conflit avec vos salariés ? - K. Ch. : Il faudrait rappeler que notre institution est avant tout un gestionnaire de lépargne que les salariés du secteur privé nous confient pour la faire fructifier et la gérer dans le temps dune façon responsable en bon père de famille. Partant de ce constat, nous nous devons de faire respecter un ensemble de règles de bonne conduite pour justement veiller à ce que les bons résultats que nous enregistrons ne soient impactés négativement par une augmentation déraisonnable de nos charges de gestion interne. Dans le cas despèce, la Direction générale de linstitution a constamment affirmé le principe de solidarité vis-à-vis de ses salariés et a toujours travaillé pour les faire évoluer sur le plan de lépanouissement professionnel ; mais lorsquil y a eu des abus, il avait fallu les dénoncer avec force et détermination pour préserver les intérêts de nos affiliés et allocataires. En réunissant les bonnes volontés et en amorçant un dialogue honnête et responsable, nous avons pu trouver une solution avec les représentants du personnel, laquelle consolide le principe de la solidarité pour les salariés tout en luttant contre les abus et le laxisme dans la gestion des arrêts-maladie. - F.N.H. : La CIMR a mené récemment une caravane de sensibilisation en sillonnant les différentes villes du Royaume ; quelles ont été les retombées de cette action sur votre activité ? - K. Ch. : La réalisation de la caravane de la retraite qui a concerné plus de 11 villes procède de la volonté de la Caisse de promouvoir et de vulgariser la prévoyance sociale en général et lépargne Retraite en particulier dans notre pays. Les chiffres sur la couverture retraite dans notre pays ne sont guère reluisants puisque un salarié sur cinq bénéficie de la couverture retraite. Notre Institution se devait, bien entendu, dans une démarche volontariste et citoyenne, de sensibiliser les différents acteurs (chefs dentreprise et salariés) sur la nécessité impérieuse de planifier sa retraite. Ce fut également une occasion privilégiée de présenter léventail des produits de la CIMR qui permettent de constituer progressivement une épargne retraite pour les salariés du secteur privé. - F.N.H. : Dans le même cadre de proximité, il y a à peine deux semaines, la CIMR avait signé une convention avec la BCP. Une convention qui, daprès-vous, sinscrit également dans le cadre de la démarche qualité initiée par la Caisse. Avez-vous dautres projets de ce genre, si oui lesquels ? - K. Ch. : En effet, nous avons signé dernièrement une convention avec la Banque Populaire pour le lancement de la carte Rahati, qui constitue un jalon important dans le renforcement de la qualité de nos prestations à la fois par laccroissement de la proximité vis-à-vis de nos allocataires, mais aussi par la simplification des démarches entreprises par les allocataires auprès de notre Caisse. La carte Rahati constitue une innovation très importante pour ce qui est de la gestion des certificats de vie dont les allocataires pourront désormais saffranchir tout en leur permettant de profiter pleinement des nombreux avantages que procure lutilisation dune carte monétique. Mais nous voulons encore aller plus loin dans cette démarche damélioration continue des prestations et des services. Parmi les projets-phares que nous nous apprêtons à lancer dans les prochaines semaines, il y a le nouveau processus de liquidation «e-liquidation» à destination des directions des ressources humaines de nos adhérents et qui leur facilitera non seulement le déclenchement de la liquidation des dossiers de pensions des retraités en leur permettant, entre autres, de connaître le montant des pensions qui leur seront payées, de vérifier les informations concernant leurs carrières dune façon anticipative ; mais également de connaître les pièces constitutives du dossier. Ceci va permettre une réduction drastique du temps de traitement des dossiers des allocataires avec comme objectif fixé dassurer la continuité du revenu pour les futurs allocataires. - F.N.H. : Quels sont vos principaux projets pour lannée 2009 et qui ont pour objectif le perfectionnement du régime ? - K. Ch. : Les nombreux projets que nous avons planifiés pour lexercice 2009 reflètent cette dynamique de changement que nous voudrions intensifier pour concrétiser nos ambitions stratégiques en matière de qualité des prestations et daugmentation de la performance de notre gestion aussi bien technique que financière. A titre dexemple, nous lancerons un projet qui devrait améliorer substantiellement la gestion des comptes des entreprises adhérentes en optimisant dune façon importante les processus de gestion, des encaissements et de paiement. Nous avons également identifié le projet de certification du domaine Production selon la norme ISO 9001 comme un projet prioritaire, car il permettra dinstaurer une véritable dynamique damélioration continue de lensemble de la gestion des adhérents et des affiliés avec des engagements précis et mesurables pour lensemble des processus concernés. Enfin, en raison de la nature des opérations que notre institution réalise, il nous paraissait primordial, pour lexercice 2009, dancrer une démarche de gestion des risques et qui sont inhérents à notre activité. Cette démarche sera concrétisée en leur affectant des indicateurs de mesure et de surveillance pour aboutir à lélaboration des plans dactions pour les maîtriser ou, tout au moins, pour les confiner.