Après son installation à l'Elysée, Nicolas Sarkozy a fait preuve d'une énergie débordante sur la scène internationale. Mais, il est resté étrangement discret et silencieux sur l'Irak. L'homme à qui le sobriquet «d'hyper président» va comme un gant royal au regard de son intense activité diplomatique surprend les observateurs par son silence sur la crise irakienne, l'événement majeur qui conditionne les grands titres de l'actualité internationale. Quelques semaines seulement après son installation à l'Elysée, Nicolas Sarkozy a fait preuve d'une énergie débordante sur la scène internationale. Il s'est lancé à corps perdu pour avaliser le traité simplifié à Bruxelles. Il a tenu une réunion internationale inédite sur la crise du Darfour en présence de Condoleeza Rice. Il a reçu l'ensemble des protagonistes du Proche-Orient pour discuter des possibilités de relancer la paix entre Israéliens et Palestiniens. Il a trouvé le temps d'aller au Maghreb pour y présenter son idée d'Union méditerranéenne. Il s'apprête à organiser le 14 juillet à la Celle-Saint-Cloud, en banlieue parisienne , une rencontre de consultation inter libanaise… cet homme qui avait trouvé le temps et l'énergie d'accomplir toutes ces tâches est resté étrangement discret et silencieux sur l'Irak où son prédécesseur Jacques Chirac avait attiré sur lui une intense lumière en s'opposant ouvertement au projet américain d'envahir l'Irak. Une rapide recherche documentaire sur les dernières positions des responsables français sur l'Irak, font apparaître, qu'à l'exception des commentaires bi-hebdomadaires du Quai d'Orsay sur son actualité sanglante, que la plus récente revient au chef d'état-major des armées françaises, le général Jean-Louis Georgelin qui avait décrit la situation en Irak avec le langage fleuri des militaires. «C'est un beau bordel !», avait-il dit devant l'Association de la presse diplomatique française le 4 juillet avant de préciser, martial : «De même qu'on ne réforme pas la société par décret, on n'importe pas la démocratie par les armes». Quant au ministère des Affaires étrangères que dirige l'ancien socialiste Bernard Kouchner, ses récentes déclarations vacillent entre condamnation de la violence et exhortation au dialogue : «Au cours des deux derniers jours, au moins 220 civils irakiens ont péri. La France condamne ces actes inqualifiables qui continuent d'ensanglanter l'Irak (et) exhorte l'ensemble des Irakiens à s'unir pour rejeter la violence et retrouver les voies de la réconciliation, de la paix et de la sécurité». Pendant ce temps, Nicolas Sarkozy qui s'intéresse à toute les plaies de la planète fait mine d'ignorer l'enfer irakien. Plusieurs raisons expliquent cette attitude toute en retrait. La première est que, ne disposant pas de forces armées engagées sur le théâtre des opérations irakien, comme la Grande-Bretagne, la France de Nicolas Sarkozy ne se reconnaît pas le droit de donner des leçons à l'ami américain sur la manière de gérer cette crise, même si pendant la campagne électorale, le candidat Sarkozy avait qualifié cette intervention en Irak « d'erreur historique ». D'ailleurs sur l'Afghanistan où la France dispose d'une présence militaire, Nicolas Sarkozy avait adopté une position de va-et-vient propice à toutes les hypothèses. La France n'a pas «vocation à rester là-bas indéfiniment (mais) nous ne romprons pas la solidarité des alliés dans le combat qui est engagé contre le terrorisme en Afghanistan et pour stabiliser l'État afghan». La seconde raison a trait au contexte psychologique des relations entre Paris et Washington qui ont retrouvé leur chaleur printanière après le départ du couple Chirac-De Villepin. Oser une critique même sous l'allure d'une evaluation amicale ou d'un conseil constructif peut être mal interprété outre atlantique où le président George Bush use ses dernières forces avant de se résigner à avaler la pilule du retrait programmé des forces américaines d'Irak. D'ailleurs ce qu'attend Washington de Nicolas Sarkozy a été clairement exprimé par Dan Fried, secrétaire d'Etat adjoint américain «Nous aimerions que les Français fassent ce qu'ils peuvent pour aider l'Irak. On ne demande pas à la France d'envoyer des troupes, cela n'aura pas lieu. L'effort peut porter sur l'entraînement des forces irakiennes, et sur un travail diplomatique pour que le gouvernement irakien ne soit pas isolé».