Nicolas Sarkozy entame sa visite en Chine dans l'ambition de mettre en place un partenariat axé sur le changement climatique. La France veut faire de 2008 une «grande année euro-chinoise». Bien avant qu'il ait lieu, le voyage chinois de Nicolas Sarkozy a été précédé de couacs qui en disent long sur la nervosité qui entoure la diplomatie française. Le premier incident implique une des grandes figures du cinéma français, Alain Delon qui, jusqu'à la dernière minute, croyait faire partie de la liste des personnalités invitées à accompagner Nicolas Sarkozy. Alain Delon a dû pousser un mémorable coup de gueule dans les colonnes du quotidien populaire «Aujourd'hui en France» : «Il y a, au niveau de la communication autour du président, une bande de charlots ! Je me sens humilié par ce mépris. Personne n'a osé m'appeler pour me dire que je ne partais plus pour telle ou telle raison». L'Elysée a dû tenter de dégoupiller cette petite tempête par cette froide affirmation «Alain Delon ne vient pas. Il a été invité mais il avait d'autres engagements». Le second couac a une ampleur plus politique. La secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères chargée des Droits de l'Homme, Rama Yade, ne fait plus partie du voyage. Après avoir servi, à Washington, comme séduisant alibi du nouveau visage de la France, Rama Yade a été priée de rester à Paris pour ruminer ses dossiers. La crainte de l'Elysée de revivre le calvaire tunisien à une échelle chinoise a manifestement fait reculer Nicolas Sarkozy sur le brûlant sujet des droits de l'Homme en Chine. Le souvenir d'une Rama Yade «empêchée» politiquement de recevoir à Tunis des militants de droits de l'Homme faisait tache dans le beau tableau de l'ère Sarkozy sans grandes complaisances ni visibles compromissions. Cette grande hésitation française a fait dire à un diplomate cité par le journal «Libération», à travers une jolie formule, que «le tigre ne veut pas que le coq s'aligne sur l'ours de Berlin», en référence à la dernière visite à Pékin de la Chancelière Allemande Angela Merkel et dont les déclarations sur l'état des droits de l'Homme en Chine font encore grincer d'amertume les mâchoires pékinoises. La visite de Nicolas Sarkozy en Chine a pour objectif général de maintenir et de raviver le partenariat stratégique que l'ancien président français Jacques Chirac avait réussi à établir avec les dirigeants chinois. Jacques Chirac avait réservé à la Chine sa dernière grande sortie internationale pour bien souligner l'importance économique et politique de ce pays. Sous le label d'une coopération «gagnant-gagnant», l'actuel président français le résume avec ses propres mots : «La croissance chinoise et son émergence comme puissance suscitent l'admiration mais aussi des interrogations (…) Mon souhait est de transformer ces questions en autant de thèmes de coopération entre nous». Nicolas Sarkozy s'apprête à remettre à l'heure chinoise les grands sujets qu'il avait déjà développés lors de sa récente visite aux Etats-Unis. Avec la Chine, pays considéré comme le premier pollueur de la planète, Nicolas Sarkozy souhaite «établir un grand partenariat dans le domaine du changement climatique». Et après avoir publiquement dénoncé la dangereuse politique d'un dollar faible, il prône à Pékin «une relation harmonieuse et juste entre les grandes devises, l'euro et le dollar, le yuan et le yen» considérant qu'il s'agit là d'une condition de l'équilibre des relations internationale». Pour bien montrer l'importance de son engagement dans la modulation de l'axe Paris- Pékin, Nicolas Sarkozy dont le pays doit présider l'Europe en juillet prochain avait afficher son «ambition est de faire de 2008 une grande année euro-chinoise». Mais c'est sur le dossier iranien que le président Nicolas Sarkozy va déployer ses efforts de lobbying pour convaincre les autorités chinoises d'opter pour plus «d'engagement» et de «fermeté» à l'égard sur ce qui est considéré par la France comme « un facteur grave de déstabilisation». Nicolas Sarkozy avait déjà mis en exergue, sans grand succès, son argumentation et sa stratégie d'isoler l'Iran devant le maître du Kremlin Vladimir Poutine. En plus de l'Iran, la crise birmane s'est invitée à l'ordre du jour de cette visite. Nicolas Sarkozy a promis d'évoquer le sujet avec son homologue chinois Hu Jintao. La Chine est supposée avoir beaucoup d'influence sur la junte militaire qui avait violement réprimé les manifestations de moines bouddhistes.