Marc Thepot,directeur général du groupe ACCOR-Maroc, revient sur l'état d'avancement du Plan Azur, sur les investissements dans le secteur hôtelier et sur le transport aérien. ALM : Le Maroc s'est fixé un objectif de 10 millions de touristes d'ici la fin 2010. Cet objectif vous semble-t-il réalisable ; si oui par quels moyens ? Marc Thepot : J'ai toujours considéré cet objectif comme réaliste en particulier lorsqu'il a été formulé, c'est-à-dire à un moment où la situation internationale était sensiblement plus détendue qu'actuellement ! À ce jour, le contexte économique actuel en Europe, les effets du SARS, de la guerre en Irak et des évènements du 16 mai, même s'ils ont, incontestablement, un impact sur les comportements des clients et des investisseurs, ils ne doivent pas nous faire oublier que cet objectif à 10 ans était et reste réalisable. Toutefois, il faut rappeler que le tourisme est un " voyage au long cours " semé d'embûches. Mais les atouts du Maroc restent entiers : climat, proximité de l'Europe, diversité des sites, stabilité des institutions et autres. Donc l'objectif de10 millions si on le compare aux chiffres des destinations européennes et méditerranéennes reste réaliste. Sauf que les conditions doivent êtres réuni au-delà du climat économique et politique, que l'on connaît. Il faut la libéralisation du transport aérien, la revalorisation qualitative et quantitative du parc hôtelier, une animation concertée des acteurs tant locaux qu'internationaux. A ces éléments, il faut ajouter une bonne stratégie-communication qui doit être agressive et pragmatique dans les principaux marchés émetteurs principaux. Ainsi que l'intégration du tourisme dans une logique de développement durable. Sans oublier une bonne formation des compétences humaines nécessaire à ce défi. La dernière campagne publicitaire est décriée par de nombreux médias. Qu'en pensez- vous ? Je trouve cette communication correcte. En tout cas elle a le mérite de promouvoir certaines destinations et de mettre l'accent sur l'attractivité et la compétitivité du tourisme marocain. Le marché local reste un atout majeur pour cette industrie. Pour ma part, tout ce qui concourt à promouvoir le tourisme doit être défendu. Ne tirons pas des buts contre notre camp !! Les organismes de crédit accordent de moins en moins de prêts pour les investissements dans le secteur hôtelier. A quoi est due une telle parcimonie ? Les métiers de l'hôtellerie ne s'improvisent pas. Et ne se réduisent pas à un exercice de promotion immobilière. Les banquiers le comprennent chaque jour un peu plus : l'hôtellerie est un métier qui exige un haut niveau de professionnalisme: en gestion, en marketing et en management. N'oublions jamais que c'est, avant tout un métier durable basé sur des hommes motivés et compétents. C'est, enfin, un métier qui exige constance et endurance . Dans ce contexte et au vu des différents accidents passés, il ne faut que se réjouir que les banquiers exigent pour s'engager aux côtés des garanties .Comme dans tous les métiers, la professionnalisation -exigée par le marché -rehausse les niveaux d'exigences. Quel est votre regard sur l'état d'avancement du projet plan Azur ? Le plan Azur ne peut être remis en cause dans son fondement. C'est-à-dire comme un plan qui fait du tourisme l'un des leviers majeurs du développement économique du Maroc dans les 10 ans! Le tourisme est le seul secteur "distributeur de richesses” qui animent l' ensemble du tissu économique national , du taxi au petit guide touristique , du bazariste au restaurateur , de l' hôtelier à la compagnie aérienne !.Sans compter son rôle social ? Ce qui est vrai c' est que les ambitions du plan Azur doivent intégrer le climat actuel. On sera donc conduit, sans doute, à revoir le rythme et le nombre des stations balnéaires concernées. Mais l' ambition - avec un grand A- doit rester intacte ! Que pensez-vous de la décision de la baisse des compagnies aériennes des commissions des voyagistes de 25 % ? Cette baisse est une donne qui s'est déjà imposée au niveau mondial et qui repose le problème de la valeur ajoutée de ce maillon indispensable que représentent les agences de voyages. A ce jour , les compagnies aériennes imposent une dure loi à ces agences ! Ces dernières sont contraintes à imaginer de nouveaux services à la clientèle . Le tourisme est une industrie de relation .Dans laquelle le service de proximité de l'agence garde son sens. Incontournables, les agences de voyages le resteront.