Une marche silencieuse a été organisée dimanche, à Nantes, à la mémoire du Tunisien Taoufik el-Amri arrêté en novembre par la police pour un simple contrôle d'identité et dont le cadavre a été découvert le 12 décembre. Cette démarche protestataire et pacifiste a été organisée sur les lieux du drame. Aux côtés de la famille et amis du défunt, une dizaine d'associations et syndicats, notamment la Ligue des droits de l'Homme (LDH), le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), SOS Racisme, la CGT, l'Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF) et la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR) ont participé au cortège. Ils étaient tous là pour soutenir la veuve de Taoufik el-Amri, Priscilla el-Amri, et son avocat Me Gilbert Collard. La marche qui a débuté à 15h00 avait déjà été annoncée au cours de la semaine par Me Collard. Le parcours de la marche a débuté du lieu où Taoufik el-Amri a été arrêté par la police pour un simple contrôle d'identité pour arriver au bord du canal Saint-Félix où son cadavre a été repêché. Retour sur cette affaire qui fait du bruit en ce moment. Tout débute le 22 novembre par la disparition du Tunisien qu'on retrouvera mort noyé dans un canal à Nantes. Ce jour-là, Taoufik el-Amri, un ouvrier tunisien intérimaire âgé de 33 ans, marié et père d'une petite fille, est venu de l'Orne pour travailler sur un chantier à Cholet (Maine-et-Loire). Le soir venu, il accompagne deux de ses collègues à un bar où il se soûle. À sa sortie, il est appréhendé par la police pour un contrôle d'identité. Le lendemain, les collègues d'el-Amri demandent de ses nouvelles au commissariat de Nantes. Sans résultat. Le 24 novembre, l'épouse d'el-Amri signale alors sa disparition. Mais ce n'est qu'au 4 décembre que le Parquet de Nantes ouvre une information judiciaire. Et quatre jours plus tard, les policiers qui avaient arrêté Taoufik el-Amri sont entendus par la Police judiciaire. C'est là qu'ils justifient l'interpellation d'el-Amri par le fait qu'ils étaient à la recherche d'un voleur de portefeuille. Quant à ce dernier, ils disent qu'il est reparti quelques minutes plus tard après une poignée de main. Selon leurs dires, l'événement s'est déroulé «vers minuit», mais les collègues d'el-Amri contredisent ces allégations et affirment que c'était «vers 23h00». La suite de l'affaire connaît plusieurs rebondissements avec des aveux de plus en plus contradictoires. Une source policière avait affirmé que la victime du vol et témoin de l'interpellation avait vu les policiers relâcher le défunt quelques minutes plus tard. Mais le lendemain, la même victime se rétracte et reconnaît s'être trompée. Elle n'a jamais vu le disparu descendre du fourgon. Le 11 décembre, deux nouveaux témoins assurent, quant à eux, avoir vu le disparu sortir du fourgon de police, « calme », mais à un endroit autre que celui qui a été désigné par les trois policiers. Coup de théâtre, le lendemain, le corps de Taoufik el-Amri est repêché dans le canal Saint-Félix à Nantes. L'autopsie conclut à une mort par noyade ou hydrocution. Et immédiatement après, les trois policiers, qui avaient arrêté el-Amri ce soir-là, sont placés en garde à vue. Deux jours plus tard, ils sont mis en examen pour « faux témoignage et délaissement de personne hors d'état de se protéger » et suspendus de leur fonction. On leur reproche notamment d'avoir relâché el-Amri alors qu'il était en état d'ébriété. Conformément à la loi, il devait être conduit au commissariat. Si cette loi avait été respectée, la vie de Taoufik el-Amri aurait pu être sauvée. Malheureusement, ça n'a pas été le cas. Il ressort donc que la manière avec laquelle les trois policiers nantais avaient procédé, ce soir-là, n'était pas réglementaire et que l'interpellation à laquelle ils avaient procédé était entachée par plusieurs manquements à la procédure.