Abderrahmane Azzouzi, secrétaire général de la FDT affirme qu'il faut institutionnaliser le dialogue social pour éviter les crises. Il donne l'avis de sa centrale syndicale sur les dernières hausses des prix. ALM : Quelle est la position de la FDT à propos des dernières hausses des prix ? Abderrahmane Azzouzi : Le Premier ministre a fait un exposé sur les contraintes du budget de l'Etat et notamment celles que la facture pétrolière induit. Il a affirmé que son gouvernement a été obligé de décider de telles hausses et que, malgré cela, l'Etat supporte toujours un grand fardeau. A la FDT, nous refusons ces hausses et nous l'avons déjà exprimé à maintes reprises. Nous avons également appelé à rechercher d'autres solutions pour éviter ces hausses successives qui ont des répercussions négatives sur les salariés. Nous avons, par exemple, demandé une hausse des salaires et une baisse de l'IGR. Pour sa part, le gouvernement affirme qu'il travaille pour la recherche d'un équilibre, mais qu'il ne dispose pas d'une vision finale. Il est ainsi question, parmi les schémas envisageables, de revoir les seuils imposables qui pourraient passer de 20.000 à 24.000 dirhams et de baisser l'IGR de 44 à 41 %. Tout cela est encore au stade de l'étude et nous serons fixés dans deux ou trois semaines, date promise par Driss Jettou pour nous fournir une réponse. Certains ont vu dans les rencontres avec les syndicats une tentative du gouvernement de "calmer le jeu". Qu'en pensez-vous ? Le Premier ministre a déclaré que ces rencontres avec les cinq syndicats les plus représentatifs intervenaient dans le cadre de la rentrée sociale et de la reprise du dialogue. Nous faisons confiance au Premier ministre, mais je pense que les hausses des prix et les multiples réactions de refus et de colère sont également pour quelque chose. Pourquoi les syndicats ne prennent-ils pas part aux diverses manifestations de protestation de la société civile ? Nous n'avons rien coordonné, pour le moment, avec qui que ce soit. Ces manifestations sont l'exercice d'un droit acquis pour la société civile. Nous n'avons pas, non plus, été consultés en tant que syndicats. De plus, ces mouvements de protestations ont commencé bien avant la série des réunions entre le Premier ministre et les centrales syndicales. Quels sont les autres dossiers qui vous paraissent les plus urgents ? On n'en a pas encore fini avec un grand dossier, en l'occurrence celui de la réforme des régimes de retraite qui est à l'étude depuis trois années. En ces temps-là, on avait averti qu'une grave crise surviendrait en 2007 si rien n'était fait pour réformer les caisses. Le gouvernement avait proposé d'augmenter sa contribution de 3 % étalés sur trois ans. Promesse tenue vu qu' actuellement, l'Etat et les assurés participent avec 10 % chacun. Toutefois, cela ne résout pas tous les problèmes, car cette solution n'a fait que repousser la crise redoutée aux horizons de 2012. La question reste donc posée. Une étude a été menée et une commission technique a été mise en place. Le travail de cette dernière a débouché sur trois scenarii : maintenir les caisses existantes en les réformant pour éviter les aléas de la mauvaise gestion. Dans une deuxième étape, cela déboucherait sur deux caisses, l'une pour le privé et l'autre pour le secteur public. Et finalement, le tout serait regroupé au sein d'une seule caisse. Cette étude devrait être soumise à la commission nationale avant d'être portée à l'appréciation de spécialistes pour approfondir la question. Il ne faut pas non plus que les caisses de retraite occultent d'autres problématiques comme celle de la couverture médicale qui connaît des difficultés d'application ou encore les multiples catégories des fonctionnaires du secteur public qui n'ont pas eu droit aux promotions exceptionnelles de 2003, 2004 et 2005. Pourrait-on dire que 2007 sera une année placée sous le signe de grèves qui n'en finiraient pas ? Les grèves pourraient survenir comme partout ailleurs surtout en l'absence d'initiatives pour atténuer les crises. Les syndicats exerceront leur droit légitime à la grève si les portes du dialogue se ferment devant eux. C'est pour cela que nous appelons à l'institutionnalisation du dialogue social de manière à ce que ce dernier ne soit plus occasionnel. C'est la meilleure façon d'aborder et de résoudre les problèmes.