Abderrahmane El Azzouzi, secrétaire général de la Fédération démocratique du travail (FDT), explique dans cet entretien les motifs et les revendications de la grève. ALM : Est-ce que vous maintenez toujours votre appel à la grève ? Abderrahmane El Azzouzi : Bien évidemment que nous maintenons notre appel à la grève du 23 janvier et du 10 février. La décision est claire et définitive. Il n'y a rien qui nous poussera à annuler ou reporter cette grève. Malheureusement, certains quotidiens prétendent que le gouvernement aurait décidé d'amputer la journée de grève du salaire des grévistes. Rien de cela n'est vrai. Le droit de grève demeure garanti par la Constitution. Cela relève plutôt des spéculations que d'une décision officielle. La FDT relève d'un parti faisant partie de la coalition gouvernementale. Votre appel à la grève ne met-il pas l'USFP dans une situation embarrassante ? Dire que la FDT relève de l'USFP est une grosse aberration. Il n'y a pas un seul article de notre statut qui va dans ce sens. Certes, nous entretenons des relations avec l'USFP et nous sommes fiers du soutien qu'il nous accorde ainsi que d'autres partis politiques, mais je vous assure que nous sommes indépendants vis-à-vis de ce parti. Nos décisions sont indépendantes. Qu'est-ce qui a motivé cet appel ? Nous n'aimons pas les grèves, mais nous y sommes contraints. Notre grève est une réponse au bilan négatif du 2ème round du dialogue social entamé depuis octobre dernier. Ni le gouvernement ni les employeurs ne veulent discuter de l'amélioration de la situation des fonctionnaires et travailleurs. Je me demande quel est l'intérêt de ce dialogue social à partir du moment où le gouvernement refuse l'idée du dialogue. En plus, l'année 2008 a été marquée par un renchérissement des prix des produits de base et l'année 2009 s'annonçant pire. Le gouvernement doit revoir les salaires en hausse. Tout le monde s'attendait à une baisse des prix de certains produits en 2009, puisque le gouvernement avait justifié leur hausse par le contexte mondial. Actuellement, les prix du pétrole et de plusieurs produits de base ont baissé sur le plan mondial, mais leurs prix au Maroc sont toujours les mêmes. Quelles sont vos revendications ? Nous revendiquons, en premier lieu, le respect des libertés syndicales. Tous les travailleurs ont le droit d'adhérer à un syndicat. Nous revendiquons également l'amélioration de la situation des fonctionnaires et travailleurs en termes de revenus et de réduction de l'impôt. Certains fonctionnaires doivent se prévaloir de leur droit à la promotion exceptionnelle. Les ministères sont appelés à entamer un dialogue sérieux et fructueux avec certains secteurs, notamment l'enseignement et la santé. Enfin, le travail syndical doit être encadré par un texte juridique qui garantit la transparence en matière de gestion financière et organisationnelle.