Abderrahmane El Azzouzi, secrétaire général de la Fédération démocratique du travail, qualifie d'«arbitraire» la décision du recours aux retenues sur les salaires des grévistes. ALM : Le gouvernement estime que la grève n'a pas de justification et que l'Etat est tenu de respecter les dispositions législatives en vigueur, concernant les retenues sur salaires. Que répondiez-vous à cela ? Abderrahmane El Azzouzi : Les retenues sur salaires n'apportent pas de solution mais un problème de plus. La menace de recourir à ces retenues sur salaires n'est pas nouvelle. Les déclarations du ministre délégué chargé de la Modernisation des secteurs publics, Mohamed Abbou, menaçant les grévistes, n'ont d'ailleurs eu aucun effet sur notre démarche. D'après les premiers constats, notre grève a réussi dans les secteurs de l'enseignement, la santé, la justice, les finances, l'agriculture et l'artisanat. Les menaces n'ont donc pas atteint leur objectif. Par ailleurs, l'Etat ne procèdera pas à des retenues sur salaires. C'est contraire à la loi fondamentale. L'article 14 de la Constitution garantit ce droit. Les retenues sur salaires constitueraient une démarche arbitraire. C'est une violation flagrante du droit syndical. Certes, une loi organique qui organise le droit de grève n'a pas encore vu le jour. Mais l'Etat doit respecter les libertés syndicales. Selon le gouvernement, une grève non justifiée constituerait une perte pour la trésorerie du Royaume à partir du moment où le travailleur s'absente de son travail. Qu'en pensez-vous ? Le droit à la grève demeure garanti. La journée de grève n'est pas une absence. La loi a bien délimité la notion d'absence. Le droit de grève relève de la contestation et non pas de l'absence. En plus de l'augmentation des salaires, le gouvernement a décidé d'augmenter les allocations familiales et la réduction de l'Impôt sur le revenu. Que revendiquez-vous de plus ? Nous avons toujours revendiqué l'institutionnalisation du dialogue social et la fixation de la date de ce dialogue. Effectivement, le gouvernement a décidé de tenir deux sessions par année. La session d'avril et celle de septembre. En plus, le gouvernement aurait accepté que l'ordre du jour des sessions soit établi à travers les propositions des syndicats, du patronat et du gouvernement. Le Premier ministre Abbas El Fassi avait déclaré, lors de l'ouverture de la session de septembre, que toute question qui sera proposée par n'importe quelle partie sera inscrite à l'ordre du jour. Au départ, nous étions satisfaits de cette affirmation mais il n'en fut rien. Nous avons constaté l'absence du patronat du secteur privé. En plus, le gouvernement refuse le dialogue et rejette l'augmentation des salaires. Mais le gouvernement prévoit la généralisation de l'augmentation des salaires ? Je vous précise à ce sujet que c'est le gouvernement qui avait décidé lors de la session d'avril 2008 une augmentation des salaires. Le gouvernement fait appel aux résultats de la session d'avril 2008 pour répondre à nos revendications actuelles. À rappeler que les augmentations de 2008 ont été accompagnées d'un renchérissement de la majorité des produits de base. Donc, une nouvelle augmentation s'avère incontournable. Le gouvernement estime que la grève est devenue une fin en soi et non pas un moyen pour atteindre des objectifs légitimes ? Nous avons toujours déclaré que nous n'aimons pas les grèves mais nous y sommes contraints. Notre grève est une réponse au blocage du dialogue social. Nous avons mis le gouvernement au courant de nos revendications. Ce dernier refuse le dialogue. Nous faisons recours aux grèves pour faire valoir nos revendications légitimes.