Après avoir été le parti de la paysannerie et le défenseur de la culture amazigh, le Mouvement Populaire opère doucement sa mue. Avec l'élection dimanche de son BP, il se prépare à revenir aux commandes. Le Mouvement Populaire qui a tenu en ce début de mois de novembre son 9ème congrès et élu son bureau politique ce dimanche 2 décembre a-t-il réussi le lifting que s'est appliqué à lui administrer à doses homéopathiques et depuis une quinzaine d'années, son secrétaire général Mohand Laenser ? Son passage à l'opposition depuis 1998 a-t-il réussi à faire du MP une formation politique émancipée et non plus cette machine de l'ex-majorité programmée à voter «oui», l'applaudimètre faisant foi? Un premier élément de réponses est donné par l'élection, dimanche dernier au siège du parti à Rabat, des 16 membres du bureau politique du Mouvement populaire. La composition de l'instance exécutive est, comme nous l'a déclaré M. Laenser, une sorte de panachage entre les anciens et les nouveaux. «Presque du 50-50», affirme le secrétaire général. Les principaux ténors de la famille «haraka» ont été reconduits par les 140 membres du comité central. Beroual, Demanti, El Youssi, Jouahari et Mansouri ont par exemple gardé leur fauteuil de dirigeants. Mais place a été également faite à des cadres plutôt en vue et plutôt jeunes. Driss Sentissi, le président de la commission de l'Intérieur, le conseiller Mokhtar Joumani qui est également président de la chambre des pêches maritimes, Brahim Zerdgui, le président de la commune Dragua, Aziz Lebbar ou encore Moulay Chrif Tahiri, directeur central au ministère de l'habitat. Désormais, ce seront deux femmes qui auront leur mot à dire au bureau politique. Zhor Rachiq, en charge de la structure femme au sein du parti ne sera plus seule. Une avocate, Fatima Boukaïssi, a fait son entrée au sein des saints. Depuis 1986, date de la révolution du palais qui a conduit à l'éviction du père fondateur, Mahjoubi Aherdane, Mohand Laenser s'est appliqué, bon an, mal an, à ouvrir un nouveau chapitre dans l'histoire du Mouvement populaire, né en 1957 pour faire concurrence au parti unique de l'époque, l'Istiqlal Pour procéder au lifting du parti, M. Laenser a opté pour la méthode douce. Le changement se fait sans grandes ruptures. A doses homéopathiques. «Face aux idéologies qui étaient alors en vogue, on voyait dans le MP un parti qui n'avait pas de référentiel», affirmait le Secrétaire général qui s'était fixé comme pari le nécessaire repositionnement de sa formation politique. De cette longue maïeutique, naîtra la volonté d'implanter le MP à travers tout le Royaume, d'inculquer « de nouvelles méthodes de travail » et d'instituer de véritables instances qui n'existaient jusque-là que sur du papier. Reste que le «rayonnement» du syndicat affilié au MP, l'Union des Syndicats Populaires ou de sa «jeunesse» est des plus confidentiels tandis que la participation politique des militantes MP n'est qu'un mirage. Au Wifaq, ce bloc de l'Entente nationale composé également de l'Union Constitutionnelle, du Parti National Démocrate, le Mouvement Populaire apparaît comme un interlocuteur incontournable. Le passage à l'opposition aura-t-il été pour autant probant ? Pas si sûr. Le parti dirigé par celui-là même qui n'en finit d'affirmer «qu'il n'y a pas d'école de l'opposition», n'échappe pas au concert de critiques selon lesquelles avec ou sans le MP, ni l'opposition ni le vrai pôle «libéral» n'ont encore émergé. Et en interne, le Mouvement a lui aussi ses contestataires. Avec l'élection de son tout nouveau Bureau Politique, le Mouvement populaire semble avoir franchi, avec plus ou moins de succès, un premier test, celui de l'unité des rangs. Un répit, avant le rendez-vous électoral de 2002.