Dû officiellement à la démission du ministre de la Défense, José Bono, le premier remaniement ministériel inattendu du gouvernement socialiste survenu à mi-législature, vise à renforcer le gouvernement de José Luis Zapatero. À moins de deux ans des législatives, le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, a surpris en annonçant, vendredi dernier, un remaniement ministériel touchant trois portefeuilles : Défense, Intérieur et Education. Grâce ce remaniement, dû officiellement à la démission du ministre de la Défense, la prochaine négociation avec le mouvement séparatiste ETA paraît facilitée. Chose qui devrait renforcer le chef de l'exécutif. Le ministre de la Défense, José Bono, a, lui, affirmé qu'il quitte «de son plein gré» l'exécutif socialiste pour des «raisons familiales et personnelles». José Bono s'est toujours trouvé légèrement en porte-à-faux avec le gouvernement socialiste espagnol. Fervent catholique, il était notamment opposé aux négociations avec l'organisation séparatiste basque ETA et au nouveau statut de la province de Catalogne. Il a été également très critiqué pour une série de gaffes. «Cela fait longtemps que José Bono m'avait dit qu'il voulait être relevé de ses fonctions. Nous avons décidé que le moment était venu car plusieurs lois ont été achevées,» a déclaré le président du gouvernement espagnol lors d'une conférence de presse. Le nouveau ministre de la Défense, José Antonio Alonso est, lui, depuis très longtemps, un proche et un homme de confiance du Premier ministre espagnol, c'est notamment lui qui a mené les investigations après les attentats de mars 2004 à Madrid. Le fait marquant de ce remaniement est l'arrivée à l'Intérieur d'un poids lourd du PSOE : Alfredo Perez Rubalcaba. Ancien porte-parole officiel de Felipe Gonzalez, Rubalcaba est l'un des rares dirigeants socialistes de cette période à demeurer aujourd'hui sur le devant de la scène politique. Considéré comme l'un des négociateurs les plus habiles pour gérer le dossier basque, il se voit confier un des portefeuilles les plus importants d'un gouvernement espagnol tourné principalement depuis son investiture vers les questions intérieures. L'ancien porte-parole du Parti socialiste au Parlement a mené, dans l'ombre, les pourparlers avec les séparatistes basques. Il a également participé aux négociations sur l'élargissement de l'autonomie catalane. Enfin, M.Zapatero a annoncé le remplacement de la ministre de l'Education, Maria Jesus San Segundo, par Mercedes Cabrera Calvo Sotelo, présidente de la commission d'éducation du Congrès. Une décision annoncée au lendemain de l'approbation par les députés d'une importante réforme de l'éducation vivement critiquée par l'opposition de droite. Ces changements interviennent alors que les socialistes semblent bénéficier de leur plus grande popularité depuis les élections de mars 2004, essentiellement en raison de l'annonce du cessez-le-feu permanent de l'ETA. Selon un sondage, ils recueillent 44,5% d'opinions favorables, contre 36,8% pour le Parti populaire. Avant l'annonce de ce cessez-le-feu, le gouvernement de Zapatero a été fortement critiqué par la droite qui exigeait la démission du chef de l'exécutif. Mais cette trêve a changé la donne. José Luis Zapatero a opté donc pour ses proches afin de gérer le dossier basque et permettre à son parti de marquer quelques points au profit du Parti populaire. La droite, elle, se cabre. Son chef, Mariano Rajoy, président du Parti populaire (PP), a affirmé que «le départ du ministre José Bono qui défendait l'égalité des citoyens et l'unité nationale n'est pas une bonne nouvelle».