Acteur et observateur averti du secteur touristique marocain, Marc Thépot, DG d'Accor Maroc, donne ses impressions sur les dernières Assises internationales du tourisme tenues à Tanger. ALM : En tant qu'opérateur leader de l'hôtellerie au Maroc, quelle conclusion générale faites-vous du déroulement des Assises du Tourisme de Tanger ? Marc Thépot : La tenue de ces Assises du Tourisme, dans un esprit de partenariat public-privé, montre que nous sommes sur un programme inscrit sur le long terme. Les choses sont de plus en plus claires. Sur la promotion, il y a une stratégie claire. Sur l'aérien, il y a des avancées significatives. La valeur de ces Assises n'est pas finalement dans le contenu, elle est avant tout dans la forme, la symbolique. C'est une réunion de famille où le plus important, c'est ce qui se passe en dehors. La vertu de ces rencontres c'est de permettre aux hommes de se rencontrer dans un cadre convivial. Les observateurs internationaux sont ébahis par la cohérence du discours. Que pensez-vous du ralentissement du rythme de construction de nouveaux lits ? Sur le fond, on se rend bien compte que créer la capacité hôtelière avec des TO intégrés, ce n'est pas difficile. C'est uniquement la capacité commerciale du TO qui est mobilisée dans ce cas. Dans l'hôtellerie classique, c'est beaucoup plus complexe. L'investisseur est astreint à une équation économique. Il faut au minimum 65% de taux d'occupation pour viabiliser un hôtel sur la base de la règle du millième (coût global de la construction clés en main divisé par 1000 correspondant au prix de la nuitée). La problématique de l'hôtellerie est beaucoup plus complexe. Aussi, il est indispensable que le coût de la charge foncière soit à des proportions raisonnables. Il a été beaucoup question de fonds d'investissements. Est-ce à dire que l'exemple de Risma fait des émules ? En fait, avec Risma, nous avons des partenaires qui visent le même but. C'est ce qui explique notre succès. Le groupe Accor a fourni en fonds propres 40% du capital. Les institutionnels ont apporté 60%. L'intérêt de Risma coïncide exactement avec celui de l'exploitant. Nous sommes dans un cas de figure où le propriétaire et le gestionnaire ont des convergences de vues et un programme inscrit sur le long terme. Accor Gestion Maroc est directement impliqué dans la création de valeur pour Risma. Notre projet commun fait la jonction entre un opérateur étranger (Accor) qui a ses réseaux de commercialisation, et des institutionnels locaux qui nous donnent leurs idées concernant le Maroc. Le groupe Accor est présent à Agadir. Que pensez-vous de l'évolution de la destination ? Si l'on s'oriente vers un tourisme intégré, on aura, certes, des volumes sur Agadir. Mais il faudra pour résoudre –du moins partiellemen- le problème de la capacité, procéder à la réhabilitation du parc existant. Il y a trois zones hôtelières dans la ville. Dans un premier temps, le front de mer s'est développé, déclassant le reste. Toute la station est aujourd'hui en train d'être rénovée. Les nouvelles zones hôtelières dynamisent les anciennes. A ce titre, je pense que Tanger peut s'inspirer d'Agadir, en s'appuyant sur de nouvelles zones pour relancer l'offre touristique existante. C'est le pari du Wali, Mohamed Hassad. Pour en revenir à Agadir, le grand projet de Taghazout va donner un formidable coup d'accélérateur à la ville et à l'offre existante. Avez-vous des projets sur Tanger ? Nous avons actuellement un certain nombre de projets sur Tanger. L'acquisition d'un terrain pour la construction d'un Ibis de 200 chambres à côté de la nouvelle gare est effective. Dans les environs de Tanger City Center, nous prospectons aussi pour un hôtel de cinq étoiles, en front de mer. Nous allons reproduire à Tanger le même schéma que celui suivi à Agadir. La saisonnalité du produit touristique tangérois ne risque-t-elle pas de tempérer l'ardeur des investisseurs ? La saisonnalité n'est jamais un frein. La preuve, l'Espagne voisine qui reçoit des millions de touristes ou encore Biarritz , l'endroit où il pleut le plus en France. La thalassothérapie ou le golf n'ont pas besoin de soleil.