* L'engouement qu'a suscité l'entrée en Bourse de Risma a plus que jamais démontré que la perception des entreprises touristiques a changé au Maroc. * Les efforts entrepris depuis cinq ans déjà par tout le secteur semblent porter leurs fruits. Quelques efforts restent pourtant à faire, comme l'explique Marc Thépot, le Directeur Général d'Accor Maroc. Finances News Hebdo : Selon votre propre analyse du secteur touristique au Maroc, est-ce que l'on peut avancer que ce n'est qu'à partir de maintenant que les efforts consentis dans ce secteur depuis cinq ans commencent à porter leurs fruits ? Marc Thépot : Ce qui est clair, c'est que les indicateurs sont au vert et que le Maroc bénéficie, en plus, d'une «cote d'amour» importante dans tous les pays européens, et en France en particulier. Bien sûr que la détermination du gouvernement, l'action concertée des pouvoirs publics et l'engagement conjoint de tous les acteurs de ce secteur sont à l'origine de ces bons résultats. La communauté internationale et les décideurs nationaux sont désormais convaincus des atouts de ce secteur. Tout le monde touche du doigt les premiers résultats (fréquentations touristiques, nombre des arrivées, nombre des dessertes aériennes, transfert de devises, etc. ...). Ce qui est en fait important, c'est justement de sentir qu'un élan stratégique existe, qu'il est suivi au plus haut niveau, qu'il pousse l'ensemble des acteurs de ce secteur à travailler ensemble, qu'il est, surtout, un des leviers principaux de création d'emplois et de richesse pour ce pays. Cette vision 2010, avec ses chiffres «fétiche» : 10 Millions de touristes ... c'est justement ce qui crée pour toute cette filière un horizon, un objectif commun à atteindre. Plus personne dans ce pays ne conteste le bien-fondé de cette ambition. Les points de vue divergent parfois sur les moyens, mais l'objectif est partagé et tous les jours plus crédible et plus partagé. C'est cette vision à long terme, dans un contexte politique stable incarné par l'engagement personnel de S.M. Mohammed VI, qui conforte aussi l'engagement des investisseurs étrangers. F. N. H. : L'introduction en Bourse de votre société et le succès de son action ne marquent-ils pas une certaine maturité du secteur et une meilleure perception des entreprises touristiques au Maroc ? M. T. : Bien sûr, l'introduction en Bourse de Risma est un succès pour ce secteur de l'hôtellerie qui faisait - par le passé - plutôt la Une des chroniques judiciaires que des pages économiques. Les Marocains dans leur ensemble ont perçu que ce secteur est créateur de valeur, qu'il est l'un des piliers du développement du Maroc de demain. Je crois que ce secteur est en train d'acquérir ses lettres de noblesse incarnées par une nouvelle génération de professionnels et d'hommes politiques qui ont fait la preuve de leur sérieux et de leur intégrité. Le tourisme ne fait plus peur, il a démontré sa résistance à tous les derniers évènements et, surtout, il a montré tout le potentiel que le Maroc avait pour le développer. Le tourisme est un gisement de développement et de progrès social inestimable ! F. N. H. : Quel apport prévoyez-vous avec l'entrée en service des stations balnéaires du Plan Azur ? M. T. : Les stations du Plan Azur vont jouer sur l'offre de lits et vont permettre aux dessertes aériennes qui se mettent en place de trouver des débouchés pour les clients futurs. Ces stations vont - désormais - sortir de terre dans un paysage économique qui est sain. Le sérieux du Maroc, l'attractivité de cette destination, la diversité de ses possibilités vont trouver, avec les stations balnéaires, un nouveau souffle. Désormais, cette maturité du tourisme et de ses acteurs rend crédible l'ambition des stations balnéaires. C'est le bon moment en 2006 pour ces nouveaux entrants dans le paysage touristique national. F. N. H. : Comme toute stratégie, la Vision 2010 n'est pas immuable. Dans ce sens, avez-vous des suggestions pour améliorer le processus de sa réalisation et accélérer sa mise en uvre ? M. T. : Je crois qu'on a déjà beaucoup communiqué sur les pistes d'amélioration. L'une d'elles touche à la fiscalité propre à l'immobilier touristique qui doit être attractive et incitative. Pas d'hôtellerie rentable sans un immobilier résidentiel autour qui ne soit lui aussi stimulé. Pas d'immobilier touristique attractif sans une fiscalité incitative. L'autre point touche la formation et le social. Il faut que les filières du tourisme soient socialement attractives et valorisées Il faut que des efforts importants, portés par les opérateurs privés au premier chef, soient entrepris pour professionnaliser cette filière. Mais ne l'oublions pas, il faut, au préalable, donner envie à la jeunesse marocaine de ce pays d'embrasser cette profession. C'est ça l'attractivité sociale de ce métier. Il faut de bons salaires , une couverture sociale appropriée et des perspectives d'évolution soutenues par une formation continue attractive. Nous sommes tous sur la bonne voie. Propos recueillis par