Le 26 décembre 2005, l'Uruguay décidait de reconnaître la "RASD". Depuis, à Montevideo, la décision de Reinaldo Gargano, ministre des Affaires étrangères, n'en finit pas d'être critiquée. Il aurait forcé la main au président Tabaré Vazquez. Le 26 décembre 2005, la propagande polisarienne battait son plein. Ce jour-là, l'Uruguay avait décidé d'établir des relations diplomatiques avec la "RASD". Deux jours après, Rabat réagissait à cet "acte hostile et inamical" qui traduit, selon le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, une "méconnaissance profonde des réalités historiques et actuelles de la région". A Montevideo, les langues commencent à se délier pour révéler les dessous d'une décision hâtive et hasardeuse qu'on attribue au seul ministre des Affaires étrangères, Reinaldo Gargano. Des milieux médiatiques et diplomatiques en Uruguay évoquent l'existence d'une "transaction" entre Reinaldo Gargano et le président uruguayen Tabaré Vazquez. Le premier aurait "arraché" la reconnaissance de la "RASD" en contrepartie du soutien de son parti politique (le Parti socialiste dont il est président) pour l'approbation d'un accord d'investissement avec les Etats-Unis. Une opération de chantage qui fait encore jaser dans ce pays surtout que l'on évoque également le fait que la décision de Montevideo aurait été prise sur la seule initiative personnelle de Reinaldo Gargano avec le soutien du ministre de l'Intérieur José Diaz. Ce dernier se souvient toujours de l'"hospitalité" de l'Algérie où il avait passé plusieurs années d'exil après le coup d'Etat militaire qu'a connu son pays en 1974. Une fois aux affaires à Montevideo, il ne fait que renvoyer l'ascenseur à Alger. Reinaldo Gargano, lui, suite au même coup d'Etat, a choisi de s'exiler en Espagne où il a été accueilli par ses amis du PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol). Apparemment, il n'a pas mis à profit sa proximité (géographique) de plusieurs années avec le Maroc pour tenter de connaître les réalités de la région. Gargano, la soixantaine dépassée depuis bien longtemps, a plutôt une autre "préférence". Depuis son arrivée au gouvernement de Tabaré Vazquez, il s'est fait un devoir de renforcer les relations avec Cuba, là où ses amis du Polisario envoient en endoctrinement les enfants séparés des leurs à Tindouf. Le "coup foireux" de Reinaldo Gargano a eu lieu quelques semaines à peine avant une visite que devait rendre Mohamed Benaissa à Montevideo et qui avait déjà été précédée par des rencontres de travail entre des diplomates marocains et leurs homologues uruguayens. Rencontres dont l'enjeu était de taille car il était question de la mise en place, lors de la même visite prévue initialement le 16 janvier 2006, d'une commission mixte bilatérale. C'est ce qui serait d'ailleurs derrière la colère de plusieurs milieux d'affaires à Montevideo qui comptaient sur une telle initiative pour la recherche de nouveaux débouchés au Maroc et dans la région. Certains auraient exprimé, de manière officielle, leur désaccord avec la décision de leur gouvernement. Même au sein de ce dernier, plusieurs membres regretteraient le faux pas de Reinaldo Gargano et notamment José Munica, le ministre chargé du portefeuille de l'Agriculture. Reinaldo Gargano a pris la présidence du Parti socialiste en 2001 après 16 années passées au secrétariat général de la même formation politique. Sénateur depuis 1984, il fait son entrée au gouvernement en mars 2005. Moins d'un an plus tard, il pousse son pays à reconnaître la chimérique RASD à un moment où le monde commence à s'apercevoir de la supercherie qu'est la bande à Abdelaziz.