La presse britannique a été priée de ne publier aucune information sur le contenu d'un mémorandum officiel d'une conversation dans laquelle George W. Bush aurait envisagé de bombarder Al-Jazira. Tout journal qui oserait publier une conversation apparemment houleuse entre George W. Bush et Tony Blair sur la guerre en Irak risquerait d'être poursuivi par la justice britannique au nom du respect de l'article 5 de l'«Official Secrets Act», a prévenu hier Downing Street. D'après le Guardian, c'est la première fois que le gouvernement Blair menace la presse de la sorte. Bien qu'il ait obtenu des injonctions de cour contre des journaux, le gouvernement n'a jamais poursuivi des éditeurs pour la publication d'extraits de documents, même les plus sensibles concernant l'invasion de l'Irak, poursuit le quotidien. Ce haussement de ton de la part du cabinet Blair s'explique par le caractère de la conversation extrêmement gênant pour le président américain dont la popularité a atteint son plus bas niveau. Dans son édition du 22 novembre, le Daily Mirror a révélé que le président George W. Bush souhaitait bombarder les studios d'Al-Jazira à Doha (Qatar). Cependant, le Premier ministre Tony Blair l'en a dissuadé, compte tenu des conséquences qu'aurait eues l'agression d'un État allié (le Qatar héberge la plus importante base militaire U.S de la région, hors Irak). C'est en tout cas ce que ressort de la divulgation d'un mémo secret, reproduisant le script de la conversation tenue par les deux hommes, le 16 novembre 2004. Le porte-parole du Premier ministre britannique s'est refusé à commenter ce document, faisant valoir qu'il ne réagit jamais à des fuites illégales. Une procédure a été ouverte à l'encontre d'un fonctionnaire, David Keogh, soupçonné d'avoir transmis ce mémo secret à la presse par l'intermédiaire d'un avocat. Le Daily Mirror a affirmé dans son édition d'hier que le conseiller du gouvernement pour la Justice, Lord Goldsmith, l'a menacé de poursuites s'il publiait la moindre nouvelle information sur le sujet. Lord Goldsmith a invoqué la section 5 de la loi sur les secrets officiels, a affirmé le Daily Mirror, et prévenu qu'il traînerait le journal devant la haute cour de justice s'il passait outre. “Nous avons essentiellement accepté de nous y soumettre”, a déclaré le journal mercredi. Le Guardian et le Times ont également affirmé mercredi qu'ils avaient été menacés de poursuites s'ils révélaient le contenu de ce mémorandum «top secret». La publication du contenu de cette conversation téléphonique entre Blair et Bush risque de mettre le feu dans l'huile. Katrina, la Cour suprême, les scandales qui se multiplient, on dirait que des oiseaux de mauvais augure prédisaient un second mandat difficile à George W. Bush. Actuellement, le camp républicain se dégrade petit à petit prédisant un revers de médaille lors des élections législatives de 2006. L'affaire Plame risque d'inonder les étages les plus élevés de la Maison-Blanche. Après l'inculpation et la démission de son chef de cabinet vendredi dernier, le vice-président Dick Cheney se trouve à son tour dans l'œil du cyclone. Sans compter que Karl Rove, le conseiller personnel du président, est toujours sous la menace d'une possible inculpation. Ajoutons à cela que la droite républicaine essuie encore l'inculpation de Tom Delay et de Bill Frist, les deux leaders de la majorité républicaine à la Chambre et au Sénat, le premier pour une affaire de financement électoral, le second pour un délit d'initié. À tout cela vient s'ajouter cette nouvelle affaire qui risque de faire beaucoup de dégâts.