Le Maroc «a surtout établi un plan de vaccination très rapide, lui permettant de vite atteindre un niveau de protection immunitaire assez élevé, ce qui a permis à l'économie de reprendre son cours». La capacité marocaine d'adaptation suscite toujours l'admiration. C'est au tour du Fonds monétaire international (FMI) de commenter les ripostes marocaines dans un contexte mondial tendu. Jihad Azour, directeur Afrique du Nord et Moyen-Orient et Asie centrale au sein du Fonds monétaire international, a commenté les décisions prises par le Maroc dans un entretien publié jeudi par le magazine français Le Point. Le Royaume a mis en place un certain nombre d'instruments de soutien et de protection sociale, visant surtout une population de travailleurs informels assez large, relève M. Azour dans cet entretien exclusif dans lequel il revient aussi sur les mesures prises par les pays de la région dans le contexte de la crise ukrainienne. Selon le responsable régional du FMI, le Maroc «a surtout établi un plan de vaccination très rapide, lui permettant de vite atteindre un niveau de protection immunitaire assez élevé, ce qui a permis à l'économie de reprendre son cours», faisant observer que cette stratégie a permis au pays de reprendre dès 2020 ses exportations. «On a donc constaté l'an dernier une forte reprise, qui a permis au pays de rétablir, et même de renforcer, ses équilibres de base», remarque-t-il, ajoutant que dans le même temps, le Maroc a entamé un certain nombre de réflexions sur des réformes structurelles, telles que la modification du système de protection sociale ou des mesures économiques visant les entreprises publiques. Celles-ci, poursuit-il, vont dans la bonne direction. S'appuyant sur l'expérience qu'il a acquise au cours des dernières années, le Maroc a utilisé les mêmes instruments pour faire face cette année à l'effet conjugué de la crise en Ukraine et de celle de Covid, en réalisant un meilleur ciblage de l'aide sociale, observe M. Azour. A ses yeux, le fait que le pays ait transformé son économie pour la rendre plus connectée aux valeurs mondiales lui a permis de renforcer sa capacité à absorber les chocs. «Il faut que le Maroc poursuive ses réformes, maintienne la stabilité dans les finances publiques et continue à réduire son niveau d'endettement, qui est aujourd'hui sous contrôle», préconise le directeur Afrique du Nord et Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international. Rappelant les recommandations du FMI en vue de changer d'approche en ciblant les groupes qui se trouvent dans la précarité sociale ou financière et en évitant les subventions de base, c'est-à-dire le blocage des prix ou les mesures accordées à tout le monde, qui se révèlent en réalité inefficaces et érodent la stabilité des finances publiques, M. Azour a cité l'exemple du Maroc. «Dans la période précédant la Covid, nous avons vu le Maroc réussir à cibler 7 millions de familles qui travaillaient dans le secteur de l'informel», affirme-t-il. Dans le sillage de la guerre russo-ukrainienne et son impact sur la région, le responsable régional du FMI a estimé que la situation du Maroc est «meilleure» par rapport à d'autres pays de son entourage, car, selon lui, le Royaume «a réussi, malgré la sécheresse importante qui a frappé le pays cette année, à gérer l'épidémie de Covid-19 en mettant en place des canaux de soutien efficaces». Pour ce faire, il a concentré ses aides sur un certain nombre de secteurs et de groupes, comme le soutien au transport de marchandises ou à certaines catégories sociales avec des transferts directs d'argent, fait valoir M. Azour, ajoutant que «cela a permis d'absorber une partie du choc en ciblant davantage l'assistance de l'Etat». A noter que le FMI a consacré il y a quelques jours un point de presse à la région MENA et Asie centrale. Dans ses dernières prévisions, le FMI avait révisé à la baisse ses projections pour le Royaume. Ainsi, l'économie marocaine devrait enregistrer un taux de croissance de 1,1% en 2022 contre une prévision de 3% annoncée en janvier. Pour les responsables du FMI, plusieurs facteurs expliquent cette révision à la baisse, notamment l'impact de la sécheresse sur le rendement agricole du pays et le conflit en Ukraine. Selon la même source, le gouvernement marocain engage aujourd'hui des mesures plus ciblées à l'instar de l'appui financier aux transporteurs ou encore l'élargissement de la fourchette de soutien destinée à certaines catégories sociales pour atténuer l'effet de la crise sanitaire en plus du chantier en cours pour réformer la politique sociale du pays ainsi que les mesures engagées pour relancer les secteurs économiques lourdement impactés par la conjoncture actuelle. Il est à noter que le FMI prévoit de bonnes perspectives économiques pour le Maroc au titre de l'exercice 2023. L'économie nationale devrait atteindre une croissance de 4,6% l'année prochaine. Pour ce qui est de l'inflation, elle devrait atteindre, selon le FMI, 4,4% en 2022 avant de revenir à 2,3% en 2023.