Le quotidien américain New York Times a sévèrement critiqué la charte pour la paix et la réconciliation nationale en Algérie. Dans un long article, le journal estime que les responsables algériens cherchent l'amnistie. Dans un article paru récemment, le New York Times a sévèrement critiqué la charte pour la paix et la réconciliation nationale en Algérie qui sera soumise à un référendum le 29 septembre 2005. Le quotidien américain estime que l'Algérie, dont la guerre civile avait coûté la vie à plus de 100.000 civils, n'est pas l'unique et le seul pays ayant souffert d'un passé dur. Alors que certains pays comme l'Afrique du Sud, le Rwanda, l'Argentine ou encore l'ex-URSS, ont cherché à établir la réconciliation nationale à travers des débats publics et la révélation publique des actes du passé, les responsables algériens, eux, demandent à leur peuple d'oublier, estime le journal. D'après le quotidien, le président Abdelaziz Bouteflika a, durant des mois, mené une rude campagne pour persuader les Algériens à voter en faveur de sa charte qui offre à chacun un petit quelque chose. Une amnistie pour les islamistes qui ont tout commis sauf les crimes les plus haineux et pour des militaires ainsi que les forces de sécurité, une indemnisation pour les familles des victimes de la violence et les familles des personnes portées disparues, souvent aux mains des forces de sécurité et des milices armées par le gouvernement. Cependant, ce que la charte n'offre pas ce sont les réponses ou l'établissement des responsabilités. Un point ayant provoqué plusieurs critiques de la part d'organisations des droits humains, des familles des disparus et des leaders politiques de l'opposition qui ont au mieux considéré le référendum comme un demi pas vers la réconciliation, remarque le tabloïd. L'auteur de l'article a mentionné que plusieurs critiques considèrent le référendum comme une manœuvre politique par le président pour renforcer son pouvoir. Et ce en lui faisant gagner la reconnaissance de deux groupes importants: les services des sécurités (pour la plupart des militaires) et les islamistes, y compris ceux qui sont en prison ou encore ceux qui continuent à opérer illégalement. Le journal américain n'a pas manqué d'évoquer l'ambiguïté qui entoure le fameux projet de Bouteflika. La charte, étant élaborée par le cabinet du président algérien sans la participation du public ou des autres acteurs politiques, est caractérisée par son aspect vague. Par exemple, d'après cette charte les personnes ayant été impliquées dans les tueries en masse, viole et ou ayant déposé des bombes dans les lieux publics ne bénéficieront pas de l'amnistie, ils ne verront pas non plus leurs sentences d'emprisonnement réduites. Mais le texte ne prévoit pas le cas de ceux qui ont financé de telles attaques, souligne le quotidien. Il ajoute aussi que ce projet ne précise pas qui sera compétent de prendre de telles décisions. Concernant les agents de l'Etat qui auraient commis des meurtres ou des actes de tortures, le journaliste du New York Times affirme que la charte ne prévoit rien de concret dans ces cas précis. Cela leur garantit implicitement d'échapper à toute investigation ou poursuite, a-t-il estimé. Par ailleurs, le journaliste note que les voix des critiques de la charte ont à peine été entendues. En effet, on leur a interdit l'accès aux chaînes étatiques de télévision et de la radio. Last but not least, l'article du New York Times a indiqué que la campagne a mis en relief plusieurs problèmes fondamentaux qui, après avoir été occultés pendant des années par la question de sécurité, ont émergé à nouveau, comme la lutte vieille de plusieurs décennies autour de l'identité nationale algérienne.