Une trentaine de morts en moins d'un mois. C'est le bilan de la nouvelle vague des violences terroristes qui secoue ces derniers temps l'Algérie. Les forces de sûreté, elles, paraissent dépassées par les évènements. L'inquiétude hante les esprits en Algérie après la nouvelle recrudescence de violences terroristes. Attentats et embuscades se multiplient alors que les journaux locaux mettent en doute l'efficacité des efforts des forces de sécurité. «Inquiétante poussée terroriste», titre en Une le quotidien El Watan. En effet, l'Algérie a connu dernièrement un mois sanglant, qui s'est soldé pour une dizaine de morts, pour la plupart des civils. La presse fait état d'un chiffre alarmant, qui en dit long sur la situation sécuritaire dans ce pays : 31 morts en moins d'un mois. À deux mois donc de la date de l'application des textes de la fameuse Charte pour la paix et la réconciliation nationale, les activités terroristes ont repris dans les wilayas de Bouira, Boumerdès, Tizi Ouzou, Blida, Médéa et Skikda. Ces zones ont été le théâtre de plusieurs massacres. Des massacres qui n'ont épargné ni les civils ni les militaires. La semaine dernière, et plus précisément dans la nuit de mercredi à jeudi, sept militaires algériens ont été tués et sept autres blessés dans une embuscade qui leur a été tendue dans la wilaya de Bouira. Leur camion, faisant partie d'un convoi de trois véhicules qui transportaient des soldats, a été pris sous des tirs d'armes automatiques et de lance-roquettes. La même wilaya a été secouée, le 23 mars dernier, après que 4 personnes furent exécutées. Quelques jours plus tard, le 28 mars, deux citoyens ont été assassinés à Bordj Menaiel, à 30 km à l'est de Boumerdès. Le 23 avril, dix citoyens ont été assassinés à Tamalous à Skikda. Les terroristes ont, également, recouru à l'explosif à Boumerdès qui a été ébranlée par l'explosion de deux bombes qui ont ciblé des endroits publics. «Assistons-nous à un retour de flamme du terrorisme dévastateur ? Y a-t-il une baisse de vigilance de la part de l'Etat pour que les embuscades, les bombes et même les égorgements (à Blida) reprennent dans une Algérie théoriquement pacifiée par l'alchimie de la réconciliation nationale ? (…) Comment expliquer donc que ces mêmes forces, si rompues à la lutte, donnent aujourd'hui l'impression d'être dépassées par les événements ?», s'interroge "El Watan". Le journal critique sévèrement la Charte pour la paix et la réconciliation et surtout la libération en masse des anciens dirigeants du GIA à qui il impute cette nouvelle montée des violences : « les libérations à tour de bras d'anciens terroristes et l'accueil presque avec les honneurs des anciens tueurs anoblis par décret semblent avoir servi curieusement de détonateur à cette nouvelle recrudescence qui bouche à nouveau les horizons ». Et de conclure : « cette loi arrachée aux Algériens qui ont souffert dans leur chair n'a pas été la panacée. Le pouvoir, qui refile de précieux tuyaux dans la lutte contre le terrorisme aux Américains, Britanniques et Russes, ferait sans doute mieux de tenter la recette d'abord en Algérie ». Charte et indemnisation : mission impossible La récente vague d'attaques à caractère terroriste, ayant secoué l'Algérie, a montré l'inefficacité de cette loi à panser les blessures du passé et rétablir la paix sociale. Mais le grand échec de la loi Bouteflika pour la "paix et la réconciliation nationale" concerne le volet de l'indemnisation. Des sommes censées être versées aux familles des victimes du terrorisme, qui eux pour la majorité, ne demandaient que connaître le sort de leurs proches. Vu que les textes d'application de la Charte restent flous, les différentes juridictions du pays affirment qu'ils sont en train de traiter les dossiers cas par cas. Cela risque donc de prendre beaucoup de temps sachant que les dossiers se comptent par milliers. À noter aussi qu'après l'entrée en vigueur de cette loi, toute poursuite judiciaire à l'encontre des "repentis" est irrecevable. Les familles se retrouvent les mains vides. Vivement la réconciliation !