La violence semble avoir repris ses droits en Algérie où treize personnes, dont cinq enfants et quatre policiers, ont été assassinées par des groupes armés dans la nuit de mardi à mercredi à Tiaret et Gouraya. Aucune indication n'a été fournie sur le massacre au cours duquel neuf personnes, dont cinq enfants, ont été tuées et deux blessées au cours d'une nouvelle tuerie, attribuée au Groupe islamique armé (GIA), dans le quartier d'El Malaâb à Tiaret (340 km à l'ouest d'Alger), une wilaya (préfecture) des plateaux de l'Ouarsenis. Au cours de la même nuit, quatre policiers ont été abattus dans une embuscade par des islamistes armés près de la petite ville côtière de Gouraya (140 km à l'ouest d'Alger). Des témoins ont affirmé que les quatre policiers, en patrouille, ont été tués à 03h00 (02h00 GMT) lors d'une embuscade tendue par une trentaine d'islamistes armés et ont été délestés de leurs armes. Dans ces deux régions est implanté le GIA, dirigé par son nouveau chef Rachid Abou Tourab, qui rejette la politique de réconciliation nationale du président Abdelaziz Bouteflika. Abou Tourab, qui a succédé à Antar Zouabri, tué le 8 février dernier par les forces de sécurité, avait affirmé dans un communiqué annonçant sa nomination comme «émir» qu'il tuerait «sans répit» jusqu'à l'établissement d'un Etat islamique en Algérie. Le GIA, qui a déclaré «impies et apostats» les Algériens ne suivant pas sa ligne, est rendu responsable de la plupart des tueries et attentats contre les civils en Algérie depuis 1992. Depuis cette date, les violences ont fait plus de 100.000 morts en Algérie, selon un bilan officiel. Une autre organisation, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), également opposé à la politique de M. Bouteflika, continue ses exactions, notamment en Kabylie et dans l'est du pays. Selon un décompte établi à partir de bilans officiels et de la presse, depuis le début du mois de juillet, plus de 80 personnes ont été tuées et plus d'une centaine blessées dans des violences en Algérie. Des violences qui se sont accentuées en ces dernières semaines, particulièrement à Alger et ses environs, où plus d'une centaine de personnes ont été tuées dans des attentats ou des massacres attribués au GIA depuis la mi-juin. Ces nouveaux attentats portent à plus de 810 le nombre de morts dans des actions des groupes armés depuis le début de l'année. Les autorités reconnaissent qu'elles ont du mal à faire face à cette nouvelle vague d'attentats en raison notamment du manque d'informations sur les nouvelles recrues qui ont rejoint ces derniers mois les maquis islamistes. Ali Tounsi, le directeur général de la sûreté nationale, a indiqué mardi que l'Algérie était «dans une véritable guerre » et a appelé les Algériens à «aider (les forces de sécurité) à combattre le terrorisme». Parallèlement, les autorités sont en voie de mettre en place une nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme pour parer à la recrudescence alarmante des actes terroristes que connaissent ces derniers jours Alger et d'autres villes limitrophes. Une décision qui a été confirmée par Ali Tounsi. Et d'annoncer que 6 000 policiers, qui viennent d'achever leur formation, seront redéployés à travers certains quartiers et villes où une activité intense des groupes terroristes a été dernièrement constatée. 1.000 d'entre eux seront affectés à Médéa. Des policiers spécialisés qui seront mis «au service» de cette nouvelle stratégie, qui se veut une adaptation de la lutte sécuritaire aux nouvelles méthodes adoptées par les terroristes dans les derniers attentats. La réactivation du travail de renseignements constitue l'axe fondamental sur lequel reposera la nouvelle stratégie. Car un déficit flagrant en matière de renseignements a été enregistré lors des derniers attentats à Alger visant des policiers en faction dans des lieux stratégiques et huppés. Le quotidien «L'Expression» soulignait mardi, citant des «sources militaires chargées de la lutte contre le terrorisme», que des «attentats de grandes envergures sont à prévoir dans le courant de l'été», dans l'Algérois. Il précisait que des «anciens détenus» islamistes, élargis par le biais de la politique de concorde nationale, mise en place depuis l'arrivée du président Bouteflika au pouvoir en avril 1999, sont «bien derrière cette recrudescence» des attentats.