La concorde civile du président Bouteflika est mise à mal par la poursuite, voire la recrudescence, de la violence. Après un week-end sanglant, sept personnes, dont cinq membres d'une même famille, ont été assassinées. Profitant de l'obscurité, des islamistes armés ont d'abord investi le douar Oued Allel, près de Boukadir, et assassiné deux personnes. Selon des sources sécuritaires, ce groupe, dont «le nombre n'a pas été déterminé avec exactitude», a ensuite attaqué la maison d'un élément des Groupes de légitime défense (GLD, civils armés), légèrement en retrait du douar, avant de tuer, le père, la mère et leurs trois filles, âgées de 14, 12 et 4 ans. Six personnes, deux femmes et quatre enfants d'une même famille avaient été assassinées samedi soir par un groupe armé, près de Miliana (120 km à l'ouest d'Alger). Le Groupe islamique armé (GIA) qui rejette la politique de réconciliation nationale du président Abdelaziz Bouteflika opère dans cette région. Un décompte établi à partir de bilans officiels et de la presse fait ressortir que depuis le début du mois de juillet, au moins 107 personnes ont été tuées en Algérie dans des violences impliquant des islamistes armés. Et, ces derniers jours, l'ouest algérien connaît une résurgence de la violence liée aux actions des groupes armés islamistes notamment à Tiaret (340 km à l'ouest d'Alger) où dix personnes avaient été tuées le 9 juillet. Les violences se sont également aggravées ces dernières semaines à Alger et ses environs, où plus d'une centaine de personnes ont été tuées dans des attentats ou des massacres attribués au GIA depuis la mi-juin. Rachid Abou Tourab, qui a succédé à la tête du GIA à Antar Zouabri, tué le 8 février dernier par les forces de sécurité, avait affirmé dans un communiqué annonçant sa nomination comme «émir» qu'il tuerait «sans répit» jusqu'à l'établissement d'un Etat islamique en Algérie. Le GIA, qui a déclaré «impies et apostats» les Algériens ne suivant pas sa ligne, est rendu responsable de la plupart des massacres contre les civils en Algérie depuis 1992. Depuis cette date, les violences ont fait plus de 100.000 morts en Algérie, selon un bilan officiel. Une autre organisation, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) d'Hassan Hattab, également opposé à la politique de réconciliation nationale du président Bouteflika, est impliquée dans les violences, notamment en Kabylie (est d'Alger) et dans l'est du pays. Six militaires avaient été tués dimanche dans une embuscade tendue par un groupe armé dans une zone montagneuse à Ouled Aissa, dans la région de Boumerdès (50 km à l'est d'Alger). Dans cette zone sont installés des maquis du GSPC qui s'attaquent généralement aux forces de sécurité. Ces nouveaux massacres portent à près de 840 le nombre de morts dans des actions des groupes armés depuis le début de l'année.