Les Algériens se prononceront le 29 septembre par référendum sur un projet de réconciliation nationale. Le fameux projet d'amnistie générale sera ainsi abandonné. Lors de son dernier discours, la président algérien Abdelaziz Bouteflika a annoncé que le référendum sur un projet de réconciliation nationale devra se tenir le 29 septembre 2005. À cette date, les Algériens devront se prononcer sur ce projet qui promet le pardon aux islamistes armés n'ayant pas commis des crimes de sang et d'interdire toute activité politique aux responsables de l'"instrumentalisation" de l'islam. « Aujourd'hui, conformément aux pouvoirs que vous m'avez conférés, j'ai le privilège de vous convier, avec l'aide de Dieu, à vous prononcer dans le cadre du référendum qui se déroulera le jeudi 29 septembre prochain sur le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale qui vous est soumis, » a déclaré le chef d'Etat. Pour lui, ce projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale est destiné à faire cesser l'effusion de sang et rétablir la paix en Algérie. Une Algérie dont le peuple a tant souffert da la guerre civile qui s'est enclenchée durant les années 90. Le projet dont Bouteflika a fait le plaidoyer comprend notamment l'extinction des poursuites judiciaires pour les islamistes armés qui ont déjà renoncé à leurs activités armées et se sont rendus aux autorités, depuis le 13 janvier 2000 dans le cadre de la loi sur la Concorde civile. Toutefois, les islamistes armés impliqués dans des massacres collectifs, des viols ou des attentats à l'explosif dans des lieux publics en sont exclus, a précisé le président algérien. Les poursuites judiciaires seront également abandonnées contre les personnes recherchées en Algérie ou à l'étranger ou condamnées par contumace et qui décideront de se rendre. Ce discours constitue un véritable retour en arrière de la part du président algérien. «Pas d'amnistie générale ! » peut-on lire sur la une du quotidien algérien Le Soir. Le projet est ainsi définitivement abandonné. En octobre 2004, Bouteflika s'était engagé à organiser un référendum sur «l'amnistie générale et la réconciliation nationale». La décision d'exclure l'amnistie générale du référendum n'est pas une surprise. Le projet d'amnistie risquait de se heurter aux associations de familles des disparus. Dès son annonce en novembre, ces familles n'ont cessé de monter au créneau dénonçant qu'une telle loi permettrait aux terroristes d'échapper à la justice. Ce projet fut aussi critiqué par des ONG de défense des droits de l'Homme ayant séjourné en Algérie en mai et juin. « Une amnistie générale laisserait l'héritage du passé non résolu et pourrait miner les perspectives d'avenir », s'étaient inquiétées dans un communiqué commun Amnesty International (AI), Human Rights Watch (HRW) et la Fedération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH). Les mots «amnistie générale » n'ont pas été mentionnés par le président algérien, lors de son discours. Cependant, en évoquant la question des disparus, Bouteflika a affirmé que les personnes disparues seront considérées comme victimes de la tragédie nationale et leurs ayants droit auront droit à réparation. Dans un autre volet, le projet de réconciliation nationale interdira toute activité politique à quiconque ayant une part de responsabilité dans la conception et dans la mise en oeuvre de la politique prônant le pseudo "djihad", en allusion aux anciens responsables du Front islamique du Salut (FIS, dissous). «Le projet prévoit l'interdiction de tout exercice d'une activité politique, sous quelque forme que ce soit, aux responsables de cette instrumentalisation de notre religion, de même que l'interdiction de toute activité politique, à quiconque ayant une part de responsabilité dans la conception et dans la mise en oeuvre de la politique prônant le pseudo "djihad" contre la nation et les institutions de la République algérienne démocratique et populaire», a-t-il précisé. Selon "Le quotidien d'Oran", cette attitude à l'égard de l'ex-Fis était déjà en œuvre. Le ministre algérien de l'Intérieur a fait constamment de la présence d'anciens membres du parti dissous un motif de rejet de constitution de nouveaux partis politiques, ajoute le journal.