Après l'Usaid, Trump ferme le Millennium Challenge Corporation. Quel impact ? Décryptage. Trump ferme définitivement le chapitre de l'aide publique au développement. Sorti dans les grands titres du New York Times, Millennium Challenge Corporation (MCC), l'un des principaux instruments de l'aide américaine au développement, appartient au passé. C'est en tout cas ce que la décision de Trump laisse entendre. Selon le New York Times, c'est lors d'une réunion interne, tenue le mercredi 23 avril 2025, que les employés du MCC ont été informés de la fermeture prochaine de l'agence. Créée en 2004 sous George W. Bush, cette agence finançait des projets de développement économique dans les pays dits « bien gouvernés ». Depuis sa création, elle avait investi plus de 17 milliards de dollars dans des projets d'infrastructures, d'éducation, d'énergie ou encore d'agriculture en Afrique, en Asie et en Amérique latine. En Afrique, le MCC était vu comme un outil stratégique pour pallier l'inefficacité de l'aide traditionnelle. Lire aussi | Trump souffle le chaud sur la Fed et la Chine Il faut d'ailleurs rappeler que cette décision découle d'une vaste réorganisation administrative lancée par la Commission pour l'efficacité gouvernementale (DOGE), nouvel organe mis en place par l'administration Trump et dirigé par Elon Musk. Un mémo interne évoque des suppressions massives de postes et une extinction progressive des missions du MCC. Sur le continent, seulement quatre pays bénéficieront d'une période de transition prolongée, dont deux Africains : la Côte d'Ivoire, avec le projet de transport urbain d'Abidjan, et le Sénégal, à travers le « Power Compact » destiné à renforcer le secteur de l'énergie. Un autre signal du désengagement US Cette fermeture de plus marque un nouveau jalon dans le retrait progressif des Etats-Unis de plusieurs initiatives de coopération internationale. Elle s'inscrit dans une tendance déjà amorcée, avec la suspension des activités de l'USAID, l'autre grand pilier de l'aide au développement américaine. Même si le MCC disposait d'un budget bien plus modeste — environ 1 milliard de dollars par an, soit 50 fois moins que l'USAID — sa portée symbolique et stratégique n'en était pas moins significative. Selon l'économiste Samuel Mathey : « L'arrêt du MCC pourrait laisser un vide que d'autres puissances, notamment la Chine, seraient prêtes à combler. Pékin mène depuis des années une diplomatie économique offensive fondée sur des investissements massifs dans les infrastructures africaines. » Pékin est à ce jour le premier partenaire commercial du continent africain, avec 167,8 milliards de dollars d'échanges bilatéraux au premier semestre 2024, selon les médias officiels chinois, et le président Xi Jinping a affirmé vouloir continuer à investir. Quid du Maroc ? Parmi les grands bénéficiaires historiques du MCC, le Maroc occupe une place particulière. Le royaume avait signé deux compacts majeurs. Le premier, de 2008 à 2013, avait permis d'impulser la productivité dans des secteurs porteurs comme la pêche artisanale, l'agriculture ou l'artisanat. Le second, clôturé en 2023, était encore plus ambitieux : près de 460 millions de dollars injectés dans la formation professionnelle, la gouvernance du foncier et la réhabilitation des zones industrielles. Ce programme avait notamment bénéficié à plus de 800 000 personnes, dont de nombreux jeunes en quête d'emploi. Lire aussi | Washington ferme son agence de financement d'infrastructures en Afrique Cependant, depuis 2023, le programme du MCC au Maroc s'était clôturé. « Cela fait maintenant deux ans que le programme MCC au Maroc a été clôturé », nous confie un ancien collaborateur de l'agence, aujourd'hui exerçant au ministère de l'Agriculture. Si Rabat dispose d'une diplomatie proactive et de relais multilatéraux (UE, Banque africaine de développement, BAD), la disparition du programme MCC, et avant cela celle de l'USAID, impose aujourd'hui de repenser une partie de ses stratégies de financement extérieur, notamment pour les projets à forte valeur sociale.