Le 25 juin 2003, le « Constanta », un navire de guerre battant pavillon roumain, embarquait une centaine d'artistes, écrivains et journalistes pour une croisière à travers plusieurs pays méditerranéens. Objectif : délivrer, de port en port, un message de paix. ALM a été de ce périple, il veut bien le partager avec ses lecteurs. Pour atteindre Athènes, nous dûmes emprunter un ferry, puis un bus qui assura la correspondance. Chemin faisant, j'engageai des potins avec des touristes français sur la capitale grecque. Présentée trop souvent comme une ville de transit vers les îles ioniennes, ces paradis flottants de la mer Egée, Athènes est également infestée de touristes en short avec des bobs (chapeaux en toile à bords rabattus sur la calotte). Si à cela devrait se combiner la grande pollution qui asphyxie le cœur de Hellas (Grèce), le surpeuplement, et tout, il devient donc facile de comprendre pourquoi Athènes est devenue peu attrayante. Erreur. Réduire Athènes à un concentré de points noirs est on ne peut plus injuste ; pire, c'est ignorer le mystère de cette cité légendaire qui donna naissance à la démocratie, qui enfanta Hellène, Périclès, Platon, Socrate, et les pré-socratiques (Empédocle, Parménide, Zénon, Anaxymandre, Héraclite, Hésiode, etc). Pire encore, c'est passer à côté de ce que possède le pays d'Homère, de Théodorakis, d'Ulysse, de Mélina Mercouri, de la Vénus de Milo, mais aussi des trésors naturels que recèle cette région du sud de l'Europe, connue pour ses olives et pistaches, ses fromages au goût de brebis (feta, kasseri), ses brochettes « souvlakia » ou encore la « moussaka », dalmadès (feuilles de vigne farcies), sans oublier bien sûr la célèbre eau-de-vie connue sous le nom d'ouzo, qu'un visiteur peut déguster, à l'ombre des vignes suspendues sur les façades des tavernes du quartier «Plaka », situé à deux pas de l'Acropole, sur les airs de «bouzouki». Simplement, il faut avoir une grande chance pour trouver une place dans les restaurants très fréquentés de ce bastion très populaire, «Plaka ». Beaucoup de touristes y réservent leurs tables ; en plus du poisson frais qu'ils y apprécient, entre autres plats délicieux, ils peuvent également danser le «sirkati», une pratique chorégraphique traditionnelle très populaire en Grèce. S'il vous prend envie d'acheter quelques objets-souvenirs, rendez-vous dans la quartier «Monastiraki », l'endroit des antiquaires et des brocanteurs. Là-bas, vous pourriez admirer quelques belles effigies, sculptées sur du marbre, des grands maîtres de la philosophie grecque. Un véritable musée laissant dégager l'odeur de la Grèce antique, offrant au regard une collection de portraits de ceux qui continuent d'inspirer la pensée contemporaine. En dehors du quartier « Monastiraki », cette fois en plein-centre d'Athènes, plusieurs centaines de touristes se donnent rendez-vous pour découvrir « Sindagma » (parlement en grec), devant lequel la célèbre Athéna est portée sur un grand piédestal. C'est là que la « polis » (politique) vit le jour. Dans ce très beau décor mythique, quelques symboles de la modernité viennent pourtant se greffer. Sur le flanc gauche de «Sindagma», on peut constater, non sans une pointe de regret, que «l'american way of life», traduite par l'installation d'un grand MacDo, y avait élu domicile. L'emplacement de ce MacDo jure à vue d'œil avec un centre-ville meublé de chefs-d'œuvre historiques. La modernité, qui envahit le cœur d'Athènes, reste un danger réel pour le cachet historique de l'une des plus anciennes villes du monde. Un constat partagé par un Marocain résidant à Athènes, Hicham El Koudia. Ce compatriote, responsable dans une agence de voyages franco-grecque, un grand amateur des philosophes athéniens, voyait mal comment les autorités de la capitale hellénique avaient autorisé la construction, entre autres édifices modernes, de ce MacDo au beau milieu d'un site historique.