Recherché par les autorités marocaines depuis les évènements du 16 mai à Casablanca, Karim Thami Mejjati, la trentaine, père de deux enfants, de nationalité française, issu d'un mariage mixte, époux d'une Américaine, activiste de la Salafiya Jihadia au Maroc depuis les années 90, est l'un des deux Marocains dont les noms figurent sur la liste des 26 « takfiristes » diffusée par les autorités saoudiennes. Karim Thami Mejjati avait des relations très étroites avec des integristes saoudiens. L'information est certaine et n'est pas une nouvelle pour les autorités marocaines. D'abord sa photo en coufié (Châle des saoudiens) et le cordon noir qui l'attache à la tête, qu'elles avaient diffusée il y a des mois, le prouve. Ensuite, les déclarations de quelques membres de La Salafiya Jihadia condamnés dernièrement par les deux Chambres criminelles près les cours d'appel de Rabat et de Casablanca le confirment. Abdelkbir Siqle, condamné dernièrement par la Chambre criminelle près la cour d'appel de Rabat à 15 ans de réclusion criminelle pour son implication dans l'affaire du meurtre du Marocain de confession juive, Albert Rebibo, l'avait rencontré en 1998 dans l'un des camps squattés par les intégristes avant l'intervention des autorités publiques, à savoir le camp de la plage de Sidi Bounaïm, au Sud d'Azemmour. Ce «takfiriste» considéré comme l'une des grosses tête de la Salafiya Jihadia a révélé aux enquêteurs que Karim Thami Mejjati est un jeune homme de trente-six ans, issu d'un mariage mixte entre une Française et un Marocain, marié à une femme voilée de nationalité américaine, avec laquelle il avait deux enfants, Ilyasse et Adame. C'est en se référant à son fils aîné qu'il a été surnommé par ses « frères », Abou Ilyas. Abdelkbir Siqle avait précisé aux enquêteurs que Abou Ilyas, qui faisait partie du « groupe du quartier Maârif » de la Salafiya Jihadia, toujours selon Abdelkbir, a rendu visite, en l'été 1998 au camp d'entraînement à la plage Bounaïme, alors qu'il était en compagnie de ses deux enfants et un Saoudien dénommé, Abou Annour. Ces déclarations prouvent une seule thèse : Karim Mejjati était l'un des activistes les plus importants de la Salafiya Jihadia qui avait des relations importantes avec des «takfiristes» saoudiens avant les évènements du 11 septembre 2001. Et par conséquent, la mention de son nom et de sa photo sur la liste des 26 personnes recherchées lancée par les autorités saoudiennes ne surprennent pas ceux qui se penchent sur le dossier du terrorisme international. Les déclarations de quelques mis en cause impliqués dans le évènements terroristes au Maroc expliquent par ailleurs que Karim Mejjati n'agissait pas sur un seul terrain, mais qu'il a tissé un réseau de cellules qui se connaissent jamais. Dans la perspective de les réunir par la suite ?. C'est probable. L'exemple n'est autre que sa relation avec « le groupe de l'émir de sang », Youssef Fikri condamné par la Chambre criminelle près la cour d'appel de Casablanca à la peine de mort et ses deux bras droits, qui sont actuellement en état de fuite, à savoir Youssef Âddad et Abdelmalek Bouizgarne, considérés comme les plus dangereux de ce groupe qui a perpétré pas moins de trois meurtres. La rencontre de ces derniers avec Karim Mejjati remonte à fin 2001, un ou deux mois après les évènements du 11 septembre 2001. Il a été sollicité par ce trio afin qu'ils soient formés aux techniques de l'utilisation des armes à feu et de fabrication de cartouches manuelles. A ce propos, Youssef Fikri a expliqué aux enquêteurs que lorsque son groupe voulait améliorer sesrevenus, il a commencé à penser à perpétrer des attaques à main armée. Des crimes qui nécessitent l'utilisation des armes à feu. Raison pour laquelle, il s'est adressé à Karim Mejjati. « Au nom du Dieu», ce dernier leur a répondu positivement. Il les a accueillis chez lui à Sidi Taybi, province de Kénitra et leur a confié une carabine chargée de cartouches et leur a promis de leur faire une formation. Effectivement, il les a conduits vers une forêt de Sidi Taybi où il leur a appris le maniement des armes en leur promettant qu'il va se débrouiller pour leur apprendre l'usage du détonateur qui provoque les explosions. Par ailleurs, il leur a expliqué comment re-fabriquer manuellement une cartouche. Pour cela, selon les déclarations de Youssef Fikri, il a ajouté un morceau de fer du même diamètre que l'orifice de la cartouche déjà utilisée, l'a aiguisée pour devenir pointue et tranchante, facilitant par conséquent la percée de la cartouche à l'intérieur de n'importe quel corps. Après ces formations, Abou Ilyasse les a quittés en leur donnant 5 cartouches. Sa destination ? Nul n'était au courant.