En dépit des efforts déployés par les services de sécurité, plusieurs terroristes dangereux de la nébuleuse Salafiya Jihadia sont toujours en cavale. Le démantèlement continu de plusieurs cellules à travers le Royaume révèle la dimension du réseau tentaculaire que cette organisation terroriste a réussi à tisser dans les couches les plus défavorisées. Douze des plus dangereux membres de la nébuleuse terroriste de la Salafiya Jihadia impliqués dans les attentats du 16 mai à Casablanca sont toujours en état de fuite et leur arrestation constitue l'une des priorités majeures des services de sécurité. Selon les services de sécurité, certains seraient entrés en état d'hibernation, un terme que la police utilise pour désigner la situation où un criminel activement recherché préfère passer une large période d'inactivité et d'immobilité durant une longue période avant de reprendre ses activités criminelles. Toutefois, les services de sécurité affirment que, pour d'autres terroristes, l'état de fuite constitue une occasion pour réanimer toutes les cellules dormantes à travers les pays, d'une part, et de perpétrer des actes terroristes répartis sur toutes les régions qu'ils visiteront puisqu'ils restent toujours en mouvement. Il s'agit là de la catégorie la plus dangereuse et la plus difficile à appréhender. Parmi ces derniers, figure le dénommé Abdelmalek Bouzgarne alias Rachid Benami. L'un des dirigeants de la nébuleuse terroriste de la Salafiya Jihadia et l'un des terroristes les plus sanguinaires. Sa dernière victime remonte à l'été dernier, lorsqu'il assassina un jeune homme qui l'a hébergé durant la période qui a suivi les attentats terroristes du 16 mai. Sachant que l'ami de celui qui l'a hébergé allait le dénoncer aux services de sécurité, il tua son compagnon et prit la fuite quelques minutes avant le débarquement de la police. Depuis, il est toujours en fuite et les services de police le suspectent d'être en train de tenter de restructurer les rangs de la Salafiya Jihadia après les coups durs qui lui ont été portés par les services de police notamment lors des dernières arrestations. Ainsi, l'arrestation du groupe des neuf membres de la Salafiya Jihadia annoncée le lundi 3 novembre à Salé, a été possible grâce à l'opération de dépistage de Bouzgarne que la police poursuit depuis les évènements du 16 mai dernier. Des informations parvenues aux services de sécurité concordaient sur l'existence d'une cellule de la nébuleuse terroriste à Salé qui aurait prêté un soutien au dénommé Bouzgarne et qui serait en relation étroite avec certains membres du groupe de l'émir français, Pierre Richard, récemment condamné à dix ans de réclusion criminelle par la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Rabat. La stratégie adoptée par les servies de sécurité est d'ailleurs de maintenir une pression sans précédent dans le suivi de l'affaire ainsi qu'une réaction immédiate devant le moindre indice afin d'arrêter les suspects et de ne laisser aucun répit aux terroristes en fuite pour qu'ils puissent reconstituer le réseau terroriste. Une tactique, certes épuisante pour les services de sécurité puisqu'elle nécessite de maintenir une alerte permanente, mais la persévérance et le dévouement des éléments de la Sûreté nationale et des services de renseignements donnent ses fruits. Les démantèlements successifs de plusieurs cellules à travers le pays attestent de l'efficacité de la méthode employée. Outre les cellules de Salé et de Rabat, démantelées la semaine dernière, et celle d'Agadir dont les 45 membres sont à leur huitième audience devant la Chambre pénale près la Cour d'appel d'Agadir, l'affaire de l'assassinat du Marocain de confession juive, Albert Rebibo, est actuellement devant la justice. Mais, les interrogatoires des détenus dans cette affaire révèlent des données dangereuses sur l'existence d'une implantation tentaculaire de cellules de la Salafiya Jihadia capables de nuire en perpétrant des actes terroristes. Les accusés principaux dans cette affaire, un ex-policier et deux éléments de la Compagnie mobile d'intervention, ont avoué avoir planifié des actions terroristes contre des impétrés juifs au Maroc dont des écoles israélites et des lieux par la communauté juive marocaine. La tête pensante de ce groupe, Khalid Adib, a avoué avoir planifié de tuer Albert Rebibo en compagnie du dénommé Khalid El Hafiane. Les deux avaient réalisé des opérations de repérage dans les lieux où le crime allait être perpétré. Outre, Rebibo, ce groupe projetait d'attenter contre la vie du juge chargé des affaires de la Salafiya Jihadia à Casablanca, Tolfi. Par ailleurs, la lutte contre cette organisation terroriste s'étend au-delà des frontières nationales puisque les détentions récemment effectuées en Espagne sur ordre du juge de l'Audience nationale de Madrid, Baltasar Garzon, ont touché plusieurs individus de nationalité marocaine activement recherchés par les autorités marocaines pour leur implication dans les attentats de Casablanca. Des demandes d'extradition les concernant ont d'ailleurs été formulées par la justice marocaine à son homologue espagnole sans une aucune réponse pour le moment de la part des responsables madrilènes. Une meilleure coopération judiciaire entre les deux Royaumes s'impose donc pour lutter ensemble contre cette nouvelle menace. Enfin, il est évident que, malgré les efforts des services de sécurité nationaux, la nébuleuse Salafiste continue de constituer un danger pour la sécurité du pays et le combat contre ses ramifications nécessite la coopération de tous, citoyens, services de sécurité et pays alliés.