Abdelkrim Mejjati, 37 ans, a péri dans les derniers affrontements de Riyad qui ont opposé les forces de sécurité saoudiennes et des activistes d'Al-Qaïda. Soupçonné d'être le chef du Groupe islamique des combattants marocains (GICM), il était recherché pour terrorisme. Abdelkrim Thami Mejjati, l'un des Marocains les plus recherchés dans le monde, vient d'être tué dans les derniers affrontements de Riyad en Arabie saoudite. De dimanche dernier, jusqu'à hier, mardi, le bras de fer qui a opposé les forces de sécurité saoudiennes et des activistes d'Al-Qaïda a fait, selon le dernier bilan officiel, neuf morts. Abdelkrim Mejjati, traqué par les Etats-Unis, l'Arabie saoudite, l'Espagne et le Maroc, a péri donc suite à ces échanges de tirs. Une fin tragique pour un jeune homme de 37 ans soupçonné d'être, à la fois, derrière les attentats de Casablanca et de Madrid. Abdelkrim Mejjati a fini ses jours dans la terre natale de son chef spirituel, Oussama Ben Laden. Né à Casablanca, dans une famille aisée, il devrait suivre normalement un parcours autre que celui dessiné par Al-Qaïda. En fait, rien ne le prédestinait à prendre le chemin de l'extrémisme. D'un père marocain et d'une mère française, Abdelkrim Mejjati a suivi ses études dans des établissements scolaires de la mission française, notamment au Lycée Lyautey. Après des études de médecine en France, il est rentré au bercail vers les années 1990. Depuis, il a effectué de multiples voyages entre le Maroc et les Etats-Unis. L'on ne sait toujours pas comment ce jeune médecin s'est métamorphosé en un inconditionnel des thèses d'Oussama Ben Laden ou comment il a basculé dans l'obscurantisme. Son apprentissage du B.A.-BA du terrorisme s'est déroulé aux célèbres camps d'entraînement des « Moujahidines » en Afghanistan et au Pakistan. Et c'est au Cachemire, précisément, où il a appris comment manier les explosifs. Celui qu'on désigne comme le chef opérationnel du Groupe islamique des combattants marocains (GICM), une organisation liée à la nébuleuse Al-Qaïda, s'est également rendu en Tchétchénie et en Iran. Au lendemain des événements qui ont secoué la ville de Casablanca, le 16 mai 2003, les autorités marocaines ont lancé un mandat d'arrêt international contre lui. Il est soupçonné d'être l'architecte de l'attentat terroriste perpétré à l'hôtel Farah. La traque américaine contre Abdelkrim Mejjati a commencé, quant à elle, en septembre 2003, lorsque le FBI, la police fédérale américaine, l'a considéré comme « une menace pour les Etats-Unis ». Deux mois plus tard, l'Arabie saoudite emboîte le pas aux Américains. En fait, pour Riyad, il est devenu « l'un des terroristes les plus dangereux », depuis l'explosion d'une voiture piégée à Al-Mohaya, à une vingtaine de kilomètres de la capitale, le 9 novembre 2003. L'Espagne a également voulu mettre la main sur le chef du Groupe islamique des combattants marocains pour identifier les commanditaires des attentats de Madrid. Pour faciliter son identification, les autorités marocaines avaient transmis à leurs homologues espagnols des prélèvements d'ADN des membres de sa famille. Dans ces derniers affrontements entre les forces de sécurité saoudiennes et des activistes d'Al-Qaïda, le saoudien Saoud Al-Otaëb, un autre dirigeant d'Al-Qaïda, a également été tué. Les autorités saoudiennes ne se sont toujours pas prononcées sur le décès de Abdelkrim Mejjati et Saoud Al-Otaëb. « Selon des informations, des dirigeants d'Al-Qaïda, dont Abdelkrim Mejjati et Saoud Al-Otaëb, figurent parmi les tués. Mais nous devons nous en assurer », avait précisé le porte-parole du ministère de l'Intérieur saoudien. L'annonce officielle du décès de Mejjati n'est qu'une affaire de temps.