Recherché par au moins quatre pays, Abdelkrim Thami Mejjati est soupçonné d'être derrière les attentats à la fois de Casablanca et de Madrid. Des accusations auxquelles s'ajoutent bien d'autres. Pourtant, rien ne prédisposait ce produit de la bourgeoisie casablancaise à suivre les pas de Ben Laden. Il est recherché aussi bien par les Etats-Unis, l'Arabie Saoudite, le Maroc et l'Espagne, pays où il se serait « planqué », après les attentats du 16 mai de Casablanca. Il est soupçonné d'en être l'architecte. Un pays où il est également accusé d'être derrière les terribles attentats de Madrid et leur lot de victimes. Lui, c'est Abdelkrim Thami Mejjati. Il s'agit de ce qu'on pourrait appeler « fils de bonne famille ». Loin de correspondre au profil type de ceux que la misère, l'analphabétisme et la précarité dans toutes ses manifestations sociales ont servi sur un plat d'argent à l'extrémisme et aux « chasseurs de têtes », version Al Qaïda, Mejjati traîne derrière lui un parcours pour le moins atypique. Né de père marocain, grand commerçant de son état, connu à Casablanca et loin d'être dans le besoin, et de mère française, il semble être né avec une cuillère d'argent dans la bouche. Il fait ses études à la mission française, dans le fameux Lycée Lyautey. Mais on ne saura comment un jeune aussi prometteur en est arrivé à être impliqué dans un réseau que ni son éducation, ni sa situation sociale ne le prédisposait à l'intégrer. Tout ce qu'on sait, c'est que, d'après Riyad, il a fait un voyage au Cachemire. Mission : se former au maniement des explosifs. S'en suivra le Pakistan, l'Iran et l'Arabie Saoudite, pays où sa mère tiendrait un salon de beauté, et où il est recherché depuis l'explosion d'une voiture piégée à Al-Mohaya, à une vingtaine de kilomètres de Riyad, le 9 novembre 2003. pour Riyad, il s'agit de « l'un des terroristes les plus dangereux »,. Abdelkrim Mejjati, 36 ans, se serait également rendu aux Etats-Unis, entre 1997 et 2000, nous informe le quotidien français Le Monde. Les Etats -Unis où il est soupçonné par le FBI d'une possible menace. Dernier lieu de recherche, l'Espagne. Selon des sources citées dans un article de Jean Pierre Tuquoi, dans Le Monde du 25 mars 2004, le suspect « aurait réussi, après les attentats dans la capitale économique du Royaume, à franchir la frontière et à passer en Espagne, où il aurait été non pas l'inspirateur - ce serait le jordanien Abou Moussab Al Zarkaoui - mais « l'homme orchestre" des attentats de Madrid ». Citant une source proche de l'enquête, le quotidien affirme qu'il y a moins de deux mois, la Gendarmerie royale s'est rendue au domicile familial, à Mohammedia, pour procéder à des prélèvements d'ADN. Le but était de « pouvoir identifier sans risque d'erreur Abdelkrim Mejjati, s'il venait a être intercepté…Les résultats de l'analyse auraient été transmis aux services de renseignements de pays étrangers ». Une information relayée également par le confrère la Gazette du Maroc. L'hebdomadaire avance que cette visite n'a fait qu'amplifier l'incertitude sur le sort de Karim Mejjati. Si aux yeux des autorités marocaines, Abdelkrim Mejjati appartient au Groupe islamique combattant marocain (GICM), une organisation liée à Al Qaïda fondée en 1998, en Afghanistan par El Guerbouzi et qui aurait signé les attentats du 16 mai à Casablanca, ce prélèvement repose de nouveau la question sur un éventuel décès de Karim Mejjati lors de l'attentat de Riyad. «Ou bien, ces experts mettent -ils la charrue avant les bœufs pour connaître l'identité de Karim en cas de capture ou au cas où son cadavre ne pourrait être identifié?», se demande la Gazette. Résultat : l'implication de Mejjati dans les attentats de Madrid n'est pas encore établie. En attendant, le sort de Mejjati, tout comme le parcours qui l'a mené dans les bras de Ben Laden & Co demeure un parfait mystère.