Partout dans le monde, la presse qui s'est saisie de ces affaires de mœurs n'a pas manqué de remarquer la fréquence des attentats commis par des enseignants religieux. Et ce, depuis les années 80 qui ont marqué avec l'arrivée des féministes sur la scène la fin de l'engouement littéraire pédophile. « Je ne parlais toujours pas. Didier m'avait bâillonné, lié pour longtemps encore. Il m'avait bâti une vie pleine de violence et d'autodestruction. Un monde sans nom, un monde sans parole, comme est toujours le monde après ça. » Extrait de « Il m'aimait » de Christophe Tison La Covid redessine les perspectives limitantes de l'humanité et particulièrement la fin d'une ère technologique adulée ou à force de penser pour l'homme, la machine le supplante, lui donnant le temps de jouissance qu'il désire, lui faisant gagner du temps, mais à quelle fin ? La course au temps date et ne fait que croitre en ellipse interminable ? Mais à quel prix ? Le prix de la cognition, de la pensée, de l'imagination, de l'infini des possibles, de la créativité, de l'invention, du rêve, des idéaux, des passions et de la dignité ...et bien d'autres composantes de l'humanité en déperdition qui se meut vers l'unique homme dupliqué en semblables à l'infini. Des ouvriers de la Terre surexploitée, des ouvriers à consommer, à avaler, à jouir, à déprimer, à se hair, à s'utiliser et à mourir. A force d'amener l'objet à l'homme pour le soulager, l'homme a mué en objet, statique à mouvances limitées pour se rassurer de limites multiples religieuses, morales ou décadentes. Toutes enfermant l'homme dans des « pools » évolutifs de proximité promettant moins de misère et d'angoisse. Sauf que l'Homme, oubliant sa condition d'homme, est devenu plus misérable, plus angoissé, plus impulsif, plus affaibli dans la soumission ou la criminalité qui sont deux conditions semblables. Les extrêmes se rejoignent et vous mettent en face du même homme. Dans notre contexte, la famille demeure « propriétaire » de ses enfants. L'inceste semble soudain connotatif. A titre symbolique ou pas. Je retrouve les articles sur l'agression et le meurtre du jeune Adnane et la condamnation de son agresseur de 24 ans le 13 janvier dernier à la peine de mort. Le sang par le sang. Et après, nous retrouvons l'affaire de l'école coranique à Youssoufia (Al Fakih Ben Aïcha) ou le prédicateur qui fait le prêche du vendredi a été arrêté pour agression sexuelle sur mineur de 13 ans. Partout dans le monde, la presse qui s'est saisie de ces affaires de mœurs n'a pas manqué de remarquer la fréquence des attentats commis par des enseignants religieux. Et ce, depuis les années 80 qui ont marqué avec l'arrivée des féministes sur la scène la fin de l'engouement littéraire pédophile. Nous devons saisir les choses dans leur contexte car si les signataires célèbres, je cite 69 personnalités dont notamment Louis Aragon, Francis Ponge, Simone de Beauvoir, Rolland Barthes, André Glucksmann, Philippe Sollers, Guy Hocquenghem, Bernard Kouchner, Jack Lang, Gabriel Matzneff, Catherine Millet et Jean Paul Sartre, affirment que l'enfant est consentant et font l'apologie du droit sexuel de l'enfant en le responsabilisant et en bonnes personnalités immatures en se déresponsabilisant; puisque que répondant à une forme d'amour que l'enfant demanderait. Quelle ignominie ! Il y a un contexte historique à réviser car si le fantasme paraphilie existe, il n'est guère d'apparition récente. Plus de 60% des agresseurs pédophiles ont été agressés dans leur enfance et reproduisent cette modélisation. En thérapie, ils peuvent donner caution à leur agresseur, certains parlent d'amour même et développent de vrais sentiments envers un père de substitution incestueux dans un vrai syndrome de Stockholm. Ils occultent la réalité d'un prédateur pédophile patient, très patient doux, gentil, aimant qui se substitue à l'image parental négligente pour agresser sexuellement sa victime la rendant responsable du drame. Oui. Responsable. Car quand vous recevez une victime d'abus sexuel dans l'enfance, vous êtes face à la culpabilité extrême, le patient se sent en faute. Les conséquences sont dramatiques et si certains (tout dépendra des fragilités multiples) ne développent pas de psychoses, ou de trouble bipolaire ou n'entrent pas en dépression grave voire suicidaire ; la consommation de drogues, les troubles de la personnalité, la mésestime de soi, la sexualité chaotique les poursuivra. Sans oublier l'habitus insidieux qui se met en place et s'hérite dans le silence. Les souffrances sont multiples. On relate, on s'indigne, on condamne. On se ment et on finit par croire aux mensonges. La pédophilie en institution religieuse catho ou dans les écoles coraniques n'est guère nouvelle. Les fquihs sont raillés dans les blagues populaires en pédophiles, de même que certaines régions du Maroc sont l'objet de racontars grivois pédophiles. Que fait-on pour y remédier ? Car le pédophile psychopathe meurtrier n'est pas le pédophile le plus présent dans la société, partout dans le monde. Le prédateur insidieux, immature, le voisin ; l'oncle ou l'ami de la famille sont la réelle problématique pédophile sociétale dans un pays où on ne parle pas de sexualité à ses enfants. Mieux encore, j'ai reçu une jeune fille de 16 ans en dépression ayant avoué à sa mère un abus sexuel (oncle maternel) de plusieurs années. Devinez la réaction de la mère ! D'abord une vérification de la virginité puis le psy de fortune pour l'aider à aller mieux dans le silence et le tabou le plus total. Mais où va-t-on ? Quand pourrons-nous aborder les maux réels de notre société pour réduire les risques d'ignominies faussement justifiées ; car si la troisième vague Covid est décrite comme psychiatrique, la Covid n'a qu'un rôle décompensateur de maux bien ancrés et tus. La Covid en plus et tout explose, ou implose. Dans l'affaire Adnane, l'agresseur et l'agressé sont tous deux victimes. Dans l'affaire du prédicateur de Youssoufia, nous sommes tous responsables car nous savons ce qui s'y passe et pourtant ! Nous sacrifions des enfants sur l'autel faux-dévot des hommes de non foi. Les métiers des agresseurs pédophiles ont fait l'objet de recensement, des scientifiques ont travaillé tandis que certains cherchent le salut dans la sexualisation instagrammique des corps en un corps unique pour une activation amygdalienne unique. Si André Gide a fait son Immoraliste c'est pour son propre salut ...et non pour guider le salut des autres. Depuis le grain se meurt sous le regard hagard de tous. Il faut avoir accès à l'analyse pour comprendre que le salut d'une ame blessée passe par le péché rédemptoir souvent artistique ou créatif... Des bases biologiques nous relient à la maladie...et non pas à une orientation. On sait que la sérotonine, comme le gaba et l'acétylcholine, et à l'inverse de la dopamine et la noradrénaline, agit comme dépresseur du comportement sexuel de l'homme (Cordier, 1997). Le rôle de façon empirique et observationnelle, on repère une association forte entre la pédophilie (au même titre que d'autres paraphilies) et la manifestation d'une symptomatologie anxio-dépressive ou obsessionnelle compulsive. Or la sérotonine est impliquée de façon plus admise dans ses manifestations symptomatiques. D'autres corrélats neurologiques de la pédophilie marquent les bases neurales du désir sexuel humain pathologique et les lésions cérébrales. Schiltz et al (2007) mettent en évidence une diminution du volume de matière grise, dans l'amygdale droite, comme dans la région septale droite, le noyau du lit de la strie terminale, l'hypothalamus et la substantia innominata, lorsqu'ils comparent des sujets pédophiles à des sujets sains témoins. Ainsi les sujets pédophiles présenteraient des altérations structurales de régions cérébrales jouant un rôle important dans le développement sexuel notamment. En 2013, le DSM 5 maintient la pédophilie parmi les paraphilies. Donc comme pathologie. Un cerveau malade est un cerveau malade. Et si on prenait le taureau par les cornes pour rester polie et qu'on décidait de soigner, d'accompagner et de réduire les travers ; la prise en charge passe par l'amont avant l'aval. Le développement de l'empathie, l'éducation sexuelle, l'entraînement aux habiletés sociales sont à la base de la prise en charge et impliquent aussi bien la prévention que la prise en charge psychiatrique. L'éducation sexuelle, les libertés individuelles, la socialisation et l'intégration des jeunes en traçant une limite claire seraient les bienvenus, la levée de la morale absurde du tout interdit, du tout tabou en regardant la réalité en face. Car quand on somme les bons citoyens de relations sexuelles interdites avant le mariage, du non-droit sur leur corps, du «hchouma » continuel ; le tout –interdit ouvre la porte au tout-permis et tout objet devient désir dans cette étroitesse moralesque mensongère. Nous avons des impératifs. L'éducation sexuelle en est un mais pas le seul. Au lieu de nous indigner entre deux selfies la bouche en cul-de –poule nous devrions nous impliquer en société civile responsable non pas à condamner (la justice a son rôle) mais à prévenir et à briser la chaîne conditionnelle des tabous coupables. Donner un espace à la parole. Permettre la critique d'une morale n'ayant que l'habit et donnant droit au clivage subversif criminel. On remarque les troubles psychiatriques en proportion croissante chez l'adolescent, et on s'indigne du taux de suicide qui grimpe (dans certains pays) mais la Covid n'est pas la seule responsable. La Covid vient d'un tremblement viral balayant le château de cartes de la jouissance primaire adulée au nom d'un individualisme marqué irresponsable à le rôle humain semble cantonné à sa capacité à gagner du temps pour avancer à reculons.