Sarkozy, qui parle très rarement du chômage si ce n'est pour intenter un procès aux chômeurs, reprend invariablement le costume et le scénario de 2002. Il s'agite plus qu'il n'agit. Sarkozy est revenu à l'Intérieur. Et cela se voit. Cela s'entend aussi. Il ne suffisait pas à Nicolas Sarkozy d'être tout terrain comme un 4X4. Le voilà postulant pour la fonction de technicien de surface des banlieues françaises ou, plus vulgairement, femme de ménage de la voyoucratie. Il veut nettoyer les quartiers comme on nettoie des ordures et des salissures. Quitte à être désobligeant, stigmatisant, globalisant et sans nuance. En 2002, alors que la sécurité se présentait comme la priorité numéro un de l'opinion, Nicolas Sarkozy avait trouvé les mots justes, l'attitude et la force de conviction nécessaires pour susciter une adhésion d'une grande partie de l'opinion à son action. Aujourd'hui, il revient au ministère de l'Intérieur après un passage sans éclat au ministère des Finances, une grosse scène de ménage avec Chirac, un plébiscite à la tête de l'UMP et surtout après avoir senti les exhalaisons nauséeuses des coups tordus ourdis, contre lui, par des mains invisibles. Il a, en partie du moins, justifié, première dans la République, son retour à l'Intérieur pour avoir les airbags indispensables contre les "coups"… Et pour mieux préparer la présidentielle. Seulement les choses ont changé. Si le sentiment d'insécurité a baissé en France. La délinquance, elle, demeure vivace. De plus, l'insécurité, aujourd'hui, a changé de couleur. Elle est devenue sociale. Sarkozy, qui parle très rarement du chômage si ce n'est pour intenter un procès aux chômeurs, reprend invariablement le costume et le scénario de 2002. Il s'agite plus qu'il n'agit. Il développe la formule musclée et exhibe les biceps comme méthode politique. Mais il est moins convaincant. C'est Robert Schneider du Nouvel Observateur qui, pour illustrer le décalage, a employé une formule assassine, parce que juste « Au cinéma les remakes ont rarement le succès des premières versions. En politique aussi.» De Perpignan et ses deux morts où il a annoncé qu'il va « débarrasser la France des voyous » à la Courneuve de l'enfance trucidée où il a promis des karchers pour un «nettoyage au propre comme au figuré» de la cité des 4000, le premier flic de France sillonne le pays avec meute de caméras et essaim de journalistes. Le nouveau (ex) ministre de l'Intérieur ne parle plus. Il vocifère. Il ne discute plus, il apostrophe. Le concernant, on ne peut pas parler de langue de bois. C'est plutôt du pare-chocs qu'il s'agit. Les formules sont lapidaires, outrancières et sans retenue. Il en oublie qu'il est, en partie, sur le devant de la scène et aux manettes depuis 3 ans. Avec des résultats peu probants. Le combat contre la délinquance et la criminalité ne peut, sans incohérence se jouer dans le rapport de force entre logique de gouvernement et logique d'opinion. Préférant cette seconde option, Sarkozy semble opter pour agir sur une opinion avide de démagogie. La délinquance ne se combat pas des formules incantatoires que les voyous, autistes par excellence, n'entendent même pas.