L'effet négatif du libre-échange avec l'Union Européenne ou avec les USA se fera assurément ressentir avant les bénéfices. Les répercussions, dans un premier temps, seront mitigées. Les bienfaits ne se feront sentir qu'à long terme. En définitive, seule une croissance économique soutenue peut contrer ces effets pervers. La concentration des échanges extérieurs du Maroc sur l'Union Européenne (57% des importations et 73% des exportations), laisse supposer des répercussions importantes sur l'économie nationale. Pour les USA, il est encore difficile de quantifier avec exatitude, compte tenu du faible rythme d'échange actuel, sur l'écnomie nationale. D'après une étude de la DPEG, l'absence d'un suivi et d'informations conjoncturelles ne permet pas de s'assurer de l'impact du processus de libre-échange. Pour le moment, seuls les effets du démantèlement sur les finances publiques sont connus. C'est le cas notamment des investissements directs étrangers (IDE) en progression sur le Maroc depuis 1997, grâce au processus de privatisation en cours et à la reconversion de la dette extérieure, ils sont encore difficiles à quantifier. Hors privatisation, leur rythme est resté graduel. La création des entreprises s'est, orientée vers les secteurs électrique et électronique qui ont vu leur part dans la production industrielle augmenter de respectivement 3,2 et 4,2% entre 1998 et 2001. Ainsi, selon une approche statistique, les pertes des recettes douanières sur la période 2000-2012 seraient estimées à 1,9% du PIB. Cela sans tenir compte des répercussions comptables sur les recettes de l'Etat. L'étude souligne toutefois que «ce manque à gagner serait atténué par le fait que le libre-échange qui, normalement devrait stimuler les importations, renforcerait aussi les recettes de la TVA provenant des importations». En définitive, seule une bonne croissance économique peut contrer l'effet du libre-échange. La pression fiscale très forte, au dessus de la plupart des moyennes des pays du bassin méditerranéen avec un taux de 22%, interdit toute mesure d'ajustement fiscal. Reste l'élargissement possible de l'assiette fiscale, « à travers la lutte contre la fraude fiscale, la révision des exemptions et des exonérations ». L'idéal, d'après l'étude, serait d'être dans un cas de figure où le rythme de progression des dépenses publiques est inférieur aux recettes. Pour sa part, le Trésor a accusé un manque à gagner budgétaire de 1,5 milliard de dirhams en 2002 et 1,2 en 2001 soit l'équivalent de la deuxième licence GSM sur les deux années. La tendance est donc loin d'être à la baisse avec sur les seuls droits d'importation, 1,24 milliard de manque à gagner au cours du premier semestre. C'est énorme, d'autant que ce chiffre est en augmentation de 83% sur une seule année. L'étude note même une accentuation à partir de mars 2003 qui coïncide avec l'application du démantèlement tarifaire sur trois produits industriels figurant sur la liste. Mais les accords de libre-échange n'ont pas permis pour autant de favoriser les importations en provenance de l'Europe. Celles-ci sont en diminution sur toute l'année 2002. Une catégorie de produits importés témoigne du rythme de modernisation du tissu productif. Il s'agit des investissements industriels qui, en 2002, ont reculé de 7,2%. Par contre, les exportations des produits manufacturiers vers l'Europe ont poursuivi sur leur trend haussier depuis 1998 avec un rythme un peu plus lent à partir de 1999. Ce ralentissement trouve sa justification dans la stagnation de l'économie mondiale, cause de la baisse de la demande vers le Maroc.