Une femme violentée perd en moyenne 14 jours de travail par an Le Haut-Commissariat au Plan ( HCP) vient de publier les résultats relatifs au coût social de la violence à l'encontre des femmes et des filles basés sur son enquête nationale sur la violence réalisée en 2019. Il ressort de cette étude que la violence physique et/ou sexuelle dans le contexte conjugal se répercute non seulement sur la santé de la victime et son entourage, mais aussi sur ses activités socioprofessionnelles, notamment par un absentéisme au travail. Plus de 14% de victimes actives occupées ont été contraintes de s'absenter de leur travail suite à l'incident de violence physique le plus grave. Selon le HCP, une femme violentée active occupée perd ainsi en moyenne 14 jours de travail par an suite à l'incident de violence physique le plus grave subi au cours des 12 derniers mois. Outre le contexte conjugal, l'absentéisme au travail chez les actives occupées victimes de la violence physique dans l'espace public est un phénomène assez fréquent (29,8%). Le nombre moyen de jours de travail perdus suite à des violences physiques survenant dans l'espace public est de 8 jours par an par victime active occupée. L'enquête révèle également que les réactions des victimes suite à une violence physique ou sexuelle se manifestent au-delà de l'absentéisme. Le vécu de la violence impacte, en effet, négativement le rendement des victimes et leur engagement socioprofessionnel (changement ou abandon d'emploi) ainsi que leur bien-être psychologique et social et celui de leur entourage. Aussi, plus de la moitié des victimes de violence physique et/ou sexuelle dans le cadre de l'exercice de leur activité professionnelle déclarent une diminution de leur rendement au travail (53%). Il est important de relever qu'environ 40% de femmes ont dû changer de travail tandis que 7% des victimes ont dû quitter le marché du travail. 52% des victimes présentent des ecchymoses et 5% des incisions profondes et blessures graves Le HCP signale dans son étude que dans le cadre conjugal, 25% parmi les victimes de la violence physique et 10% parmi les victimes de violence sexuelle ont souffert de blessures et/ou de problèmes psychologiques suite à l'incident de violence physique ou sexuelle le plus grave vécu au cours des 12 derniers mois. Parmi ces victimes, les troubles d'ordre psychologique sont rapportés par 60,2% suite à la violence physique et 79% suite à la violence sexuelle. Les conséquences les plus courantes de ces violences sont des sentiments de nervosité, de frustration et d'anxiété (24% en cas de violence physique et 18% en cas de violence sexuelle), des troubles du sommeil (16% et 17%), une sensation de fatigue permanente (15% et 16%). En cas de violence physique, ces femmes présentent des égratignures et ecchymoses (52,2%), des entorses et dislocations (11,2%), des incisions profondes et blessures graves (5,5%), des blessures au tympan ou aux yeux (5%), des fractures ou fissurations des os (5,2%), des cassures des dents (4,9%). En cas de violence sexuelle, les victimes souffrent surtout de blessures et déchirures au niveau des organes génitaux (13,6%), d'hémorragies (11,7%), de maladies sexuellement transmissibles (9%), de blessures et ecchymoses (6,6%) ainsi que de grossesses non désirées (3,5%). Des violences qui génèrent des dépenses supplémentaires La violence faite aux femmes impacte aussi le niveau de vie des femmes ou de leur ménage dans la mesure où ces violences génèrent souvent des dépenses supplémentaires qui représentent une surcharge sur le budget du ménage, notamment le recours aux soins de santé de la part de la victime, le recours aux services judiciaires en cas de poursuite sans compter les destructions ou endommagement de biens, déplacements, hébergements. Parmi les victimes ayant eu des problèmes de santé suite à la violence physique, 48% ont fait appel à un prestataire de service de santé (médecin, personnel paramédical...). Elles sont 40% à y faire appel suite à une violence sexuelle. Les proportions des femmes victimes de violence dans l'espace public ayant eu des problèmes de santé et qui ont eu recours aux prestations médicales sont de l'ordre de 60% en cas de violence physique et 20% en cas de violence sexuelle. En plus des dépenses en lien avec les problèmes de santé, 7% des femmes victimes de violence physique et 2% de violence sexuelle dans le cadre conjugal ont déposé une plainte ou ont engagé des actions judiciaires suite à l'incident le plus grave de ces deux types de violence. Ces proportions sont encore plus importantes quand il s'agit de violence dans un cadre hors conjugal (22% et 3,3% respectivement). Il faut aussi relever que plus de 9% des femmes victimes de violence conjugale ont vu des biens personnels du ménage détruits ou endommagés dont 37,5% des victimes ont dû les remplacer ou les réparer. Des répercussions graves sur la santé des enfants et leur développement psychosocial La violence conjugale a des répercussions sur la santé des enfants et leur développement psychosocial. Ainsi, environ 16% des femmes victimes de violence conjugale ont déclaré que leurs enfants, de 5 à moins de 18 ans, présentent des problèmes de santé, surtout de nature psychologique et comportementale. Par type de problème vécu par les enfants, 40,4% des femmes victimes de violence conjugale ont évoqué l'isolement et le chagrin, 32,4% les frissons, crises d'angoisse ou d'épilepsie, 21,5% les cauchemars et 22,4% l'énurésie. En plus des problèmes de santé, les enfants souffrent également de troubles cognitifs et comportementaux : régression scolaire selon 22,5% des victimes, violence et agressivité selon 18,9%, abandon scolaire selon 7%, délinquance selon 2,3% et fugue selon 1% d'entre elles. En outre, 8,1% des victimes ont déclaré que leurs enfants ont dû s'absenter de l'école.