Après le tollé suscité par la démarche «Le soutien était destiné aux projets et non aux artistes». Ainsi s'explique, mercredi dans la Chambre des représentants, Othman El Ferdaous lors de la réunion du comité de l'éducation, la culture et la communication. Un événement dédié au soutien qui a suscité un tollé dans le rang d'artistes, de citoyens et de l'opinion publique, notamment en ces temps de crise liée à la Covid-19. Dans ce sens, le ministre de la culture, de la jeunesse et des sports ne manque pas de faire des aveux. «Je reconnais qu'il y a eu une erreur de communication. Dans ce contexte, je devais même tenir une conférence de presse», avance-t-il. Il ne manque également pas de confirmer sa «responsabilité politique». Quand bien même, le responsable gouvernemental n'hésite pas à étayer ses arguments. 10 à 15 bénéficiaires dans le même projet Pour commencer, le ministre ressort «la liste des bénéficiaires publiée avec des noms et des montants». «D'autant plus que dans un projet, il y a une dizaine voire une quinzaine de bénéficiaires y compris des techniciens. Il est donc normal que le citoyen fasse une confusion», détaille M. El Ferdaous qui rappelle également son passage mardi devant la Chambre des conseillers à propos du même sujet. Devant la commission relevant de celle des représentants, le responsable se voulait plus minutieux. A cet effet, il évoque également les critères d'éligibilité au soutien. La qualité conjuguée au volet social Comme il l'explicite, ces critères figurent dans «le cahier des charges de juin 2020». Celui-ci prévoit qu'il faut être marocain ou porteur de la nationalité marocaine. «Le cahier des charges met aussi l'accent notamment sur la qualité», cite-t-il en rappelant que le soutien a déjà été alloué depuis environ deux années. «Il faut un équilibre entre la qualité et l'accompagnement du volet social des artistes», enchaîne-t-il en faisant allusion à une politique de son département. Par l'occasion, le numéro un de la culture rappelle que ce sont trois commissions indépendantes qui étudient les critères et projets. Après quoi, des contrats sont établis pour débloquer la 1ère tranche du soutien. «En fait, c'est un soutien à l'investissement culturel», clarifie-t-il entre-temps en poursuivant ses explications. Une fois leurs projets réalisés, les porteurs en prouvent au ministère l'exécution pour recevoir la 2ème tranche. «Encore une fois, les commissions se réunissent à cet effet. En 30 jours, les artistes qui ne bénéficient pas de soutien peuvent soumettre leurs doléances», ajoute-t-il en dénombrant d'autres critères. Il s'agit notamment de la pertinence en innovation, du professionnalisme, de la contribution en production et du rayonnement culturel. Le tout en révélant les motifs des subventions. Les raisons du soutien A ce propos, le ministre remonte à une étude réalisée par le HCP avant le coronavirus. Celle-ci a révélé que les dépenses culturelles, pour chaque personne, ne dépassent pas 300 à 400 DH par an. «C'est un problème énorme», commente l'intervenant. Entre-temps, il explicite d'autres démarches. «Quand le marché échoue, l'Etat doit intervenir pour soutenir et donner un carnet de commandes. D'autant plus que nous ne sommes pas encore revenus à la situation d'avant le confinement», étaie-t-il en s'appuyant sur les chiffres d'autres structures, notamment ceux de la CGEM qui précise que le chiffre d'affaires de la culture a «reculé de 60% en mars. C'est le 3ème secteur affecté dans le pays et il l'est toujours». «Il faut plus de temps que d'autres secteurs pour que la culture récupère et démarre encore une fois. C'est comme une industrie lourde», qualifie-t-il en rappelant que la haute saison était en été. Mieux encore, il indique un autre souci. «Pour revenir aux salles et galeries, certains consommateurs marocains ont peut-être toujours peur et ont viré vers le digital. Donc c'est une évolution à accompagner pour sortir de la crise», s'exprime-t-il en révélant d'autres arguments. Comme il le rappelle, d'autres secteurs, qui étaient donneurs d'ordre et achetaient des services culturels, sont déjà en crise comme le tourisme et le mécénat culturel grâce auquel les festivals et artistes travaillaient. «C'est pourquoi il était temps de soutenir les projets culturels», tranche-t-il. Quant aux ressources de ce soutien, elles proviennent du FNAC (Fonds national pour l'action culturelle). Celles-ci se sont, selon ses dires, «arrêtées en mars à 33 millions DH puisque les sites de patrimoine, qui alimentaient ce fonds, ont fermé». «Ce soutien pouvait bien être annulé en avril. Mais j'apprécie l'art et la culture ; c'est pourquoi je me suis adressé au ministère de l'économie et des finances qui nous a donné un budget au FNAC. C'est pour cela que le soutien est exceptionnel puisqu'il n'est pas de ce Fonds mais du budget de l'Etat», explique-t-il. Cela étant, il rappelle que normalement le soutien est donné deux fois par an. «Cette année il a été octroyé une fois. Et le montant a augmenté de 30%. Aussi le nombre de bénéficiaires a été revu à la hausse en ciblant les porteurs de la carte d'artiste, qui n'ont pas de protection sociale et qui sont plus de 6.000», énumère-t-il en répartissant le total du montant du soutien. Ainsi, les 38 millions DH ont été partagés entre le théâtre (20 MDH), la musique (14 MDH) et les arts plastiques (3 MDH) outre un million DH pour la Fondation nationale des musées. «J'aurais aimé avoir plus pour soutenir les artistes. Peut-être que l'an prochain, le montant total sera de 40 MDH», projette-t-il.