Khalid Boukri, âgé de 28, est mort mardi dans la prison d'Outita 2. Selon ses co-détenus, le défunt souffrait d'une grave baisse de tension. Hier, le mardi 10 mai, un détenu islamiste dans la prison d'Outita 2, près de Sidi Slimane, Khalid Boukri, est mort. C'est le premier décès du genre. Immédiatement après le décès de ce dernier, le ministère de la Justice a ordonné l'envoi sur place une commission chargée d'enquêter sur cette mort. Selon un communiqué du ministère, "le procureur général du Roi près la Cour d'appel de Meknès a ordonné l'ouverture d'une enquête judiciaire pour déterminer les circonstances et les causes de ce décès". Toutefois, le département de Mohamed Bouzoubaâ assure que le défunt, Khalid Boukri, ne faisait pas partie des détenus ayant observé une grève de la faim. Laquelle grève a débuté le 2 mai. Le défunt souffrait, selon le procureur du Roi, “d'une maladie de l'appareil digestif ayant nécessité des soins réguliers et un suivi par le médecin de l'établissement pénitentiaire précité”. Une version que les familles des victimes rejettent catégoriquement. Selon le président de l'association Annassir des familles des islamistes détenus dans le cadre de la loi antiterroriste, Abderrahim Mohtade, "le défunt Khalid Boukri observait bel et bien la grève de la faim avant sa mort". Inscrit sous le numéro de matricule "777", Khalid Boukri séjournait dans le quartier "B" de la prison d'Outita 2, exactement dans la cellule "19". Selon l'association Annassir, Khalid Boukri, originaire de la ville d'Ouezzane, était âgé de 28 ans. Arrêté puis condamné à deux ans à la suite des attentats du 16 mai, Khalid Boukri devait sortir de prison dans quatre mois environ. Selon un de ses co-détenus, contacté par ALM, le défunt observait effectivement la grève de la faim. "Il fait partie également des grévistes-signataires de plusieurs pétitions destinées notamment au Conseil consultatif des Droits de l'Homme (CCDH)". Khalid Boukri souffrait d'une baisse de tension (10/7). Lundi soir, son état de santé s'est empiré. "Mais le médecin de la prison a refusé de le transporter vers l'hôpital estimant qu'il faut attendre que la tension atteigne le seuil de 5", poursuit le co-détenu. Pour sa part, l'avocat Abdellah Ammari, a estimé que cet incident est "une catastrophe". Et d'ajouter: "Il faut endiguer cela en ouvrant le dialogue avec les grévistes. Même si leurs revendications sont importantes, ce dialogue n'est pas impossible. Les cellules de travail peuvent être constituées d'administratifs, d'intellectuels et de défenseurs des droits de l'Homme. Il faut leur donner des promesses sérieuses. Sinon d'autres morts peuvent arriver. Les conséquences de cette situation seront graves pour l'image de marque du pays et sa justice. Pourtant, des avancées importantes existent dans certaines prisons et dans les tribunaux". En attendant, le ministère de la Justice assure qu'une commission médicale indépendante sera chargée d'autopsier le corps de Khalid Boukri. Ce n'est qu'à ce moment-là que les circonstances et les causes du décès seront établies. A noter que le défunt faisait partie d'un groupe de cinq détenus d'Outita 2 dont l'état de santé s'est gravement détérioré depuis le début de la grève de la faim. C'est le cas également d'Ahmed Rafiki, alias Abou Houdaïfa, le père d'Abou Hafs. Abou Houdaïfa, âgé de 65 ans, observe lui-aussi la grève de la faim.Rappelons également que les membres des familles des détenus, regroupés au sein d'Annassir, ont décidé d'organiser un sit-in jeudi prochain à Rabat devant le siège du Conseil consultatif des Droits de l'Homme (CCDH). Juste après, ces familles ont l'intention d'observer, elles-aussi, en signe de solidarité avec les leurs, une grève de la faim illimitée.