Avocat du défunt Khalid Boukri, Maître Abdelfetah Zahrach déclare qu'il usera de toutes les procédures légales pour défendre les personnes détenues dans le cadre de la loi antiterroriste. ALM : Quelles ont été les actions que vous avez menées suite au décès de Khalid Boukri? Me Zahrach : Le jour même du décès de Khalid Boukri, nous avons envoyé une requête au ministre de la Justice demandant, premièrement, une enquête sur les circonstances dans lesquelles le défunt est mort et, deuxièmement, l'établissement d'une autopsie indépendante et complète, en présence d'un membre de la famille du défunt et de médecins légistes indépendants. Une requête à laquelle la réponse du ministère a été favorable, dans la mesure où l'autopsie a bel et bien eu lieu dans les conditions que nous souhaitions, et en présence de Mustapha Boukri, le frère de Khalid. Nous attendons également, et comme nous l'avons demandé dans la requête précitée, à ce que le rapport de cette autopsie soit publié. L'objectif n'est autre que déterminer les raisons exactes de cette mort et de savoir s'il y a eu assistance au défunt avant son décès ou non. S'il s'avère qu'il y a eu manquement de la part des services pénitentiaires d'Outita II, quelles seront vos prochaines actions ? Au cas où il s'avérerait qu'il y avait un manquement de la part des personnes qui étaient responsables de la vie du défunt détenu, nous allons engager des poursuites judiciaires pour que ces dernières rendent compte de leurs méfaits. Dans le même sens, et le même jour, mardi, du décès de Khalid, avec d'autres avocats, nous avons procédé à la création d'une commission de suivi des conditions de détention des personnes détenues dans le cadre de la loi antiterroriste. Qui compose cette commission et quelles en sont les objectifs ? Cette commission se compose de Me Ahmed Hilal, Me Issam Ibrahimi, Me Taoufik Moussaif, Me Khalil Idrissi et moi-même. L'objectif de cette commission est de prendre en charge les dossiers, notamment, des grévistes de la faim, répartis sur plus d'une douzaine de prisons au Maroc. Au cas où cela serait nécessaire, nous allons demander à ce que les personnes souffrantes soient transférées à l'hôpital. Nous allons également coordonner nos actions avec les associations des droits de l'Homme. Nous avons dans ce sens pris contact avec le président de l'Ordre des bâtonniers du Maroc, qui nous a d'ores et déjà promis de soumettre le dossier au ministre de la Justice. Nous avons également pris contact avec Abdelhamid Amine, présent de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) qui nous a témoigné de son engagement à collaborer avec nous sur ce dossier et à qui nous avons demandé de nous fournir des médecins indépendants. Jusqu'où êtes-vous prêts à aller? Ce qui est sûr, c'est que nous allons user de toutes les procédures légales pour défendre les détenus dans le cadre de la loi antiterroriste.