Trois des cinq «Marocains de Guantanamo», poursuivis en liberté provisoire, ont été arrêtés de nouveau. Selon une source judiciaire, ils sont soupçonnés d'avoir aidé un dirigeant d'Al Qaïda à s'infiltrer au Maroc. Trois marocains, ex-détenus sur la base navale américaine de Guantanamo, qui comparaissaient en état de liberté provisoire devant la chambre criminelle près la Cour d'appel de Rabat, ont été placés en détention, rapporte la MAP qui cite des sources policières. Il s'agit de Brahim Benchekroun, 26 ans, Mohamed Mazouz, 32 ans, et Radouane Chekkouri, 33 ans. Ils ont été arrêtés vu qu'ils auraient aidé à l'infiltration d'un membre d'Al Qaïda au Maroc, précise la source citée par l'agence MAP. «Ils ont été interpellés dans le cadre des investigations menées suite aux informations faisant état de l'entrée clandestinement en territoire marocain d'un membre dangereux de l'organisation terroriste Al-Qaïda», précise cette source policière. Contacté par ALM, Me Abdelfattah Zahrach, avocat de Mohamed Mazzouz et Abdellah Tabarak, a affirmé qu'il ne s'agirait pas d'une mise en détention mais d'une «affaire d'enlèvement ». Il a ajouté qu'il ne s'agissait pas uniquement des trois ex-détenus de la prison américaine mais aussi des deux autres, à savoir Abdallah Tabarak (50 ans) et Mohamed Ouzar (26 ans) qui seraient, eux aussi, «portés disparus». «La famille de mon client Mohamed Mazzouz m'a affirmé qu'une vingtaine de personnes s'étaient présentées à son domicile dans la nuit du vendredi et l'ont emmené. Depuis, plus de nouvelles», a déclaré Me Zahrach. «Cet acte viole toutes les lois en vigueur au Maroc. L'article 67 du code de procédure pénale stipule que les familles ainsi que les avocats doivent êtres informés des lieux d'incarcération des détenus», a-t-il ajouté. Le procès de ces cinq ex-détenus de Guantanamo devait se tenir vendredi dernier à l'annexe de la cour d'appel à Salé. Il a été reporté au 30 décembre car les prévenus, qui auraient dû comparaître libres, ne s'étaient pas présentés. «Leur absence était due à une confusion sur le lieu du procès», nous a expliqué Me Zahrach. En effet, au début, les audiences se tenaient au siège de la Cour d'appel dans le quartier «Annakhil» à Hay Riad à Rabat. Puis, le procès a été transféré à la Chambre antiterroriste, une sorte d'annexe qui se trouve à Salé. Me Zahrach nous a affirmé qu'il a frappé à toutes les portes pour connaître le lieu de détention de ses clients, mais en vain : le black-out total. «J'ai même écrit une lettre au ministère de la Justice à ce propos, mais jusqu'à présent je n'ai eu aucune réponse de leur part», nous a-t-il affirmé. «J'impute l'entière responsabilité aux autorités marocaines et en particulier au directeur de la DGSN et à Moustafa Sahel dans cette affaire d'enlèvement dont a fait l'objet mon client, vu qu'ils sont responsables de la sûreté des citoyens. Mes clients n'ont aucun lien avec les organismes terroristes comme Al-Qaïda. Ils ont eu simplement le malheur de visiter un jour l'Afghanistan», nous a-t-il déclaré. Les cinq Marocains, détenus sur la base de Guantanamo pour plus de deux ans, ont été extradés au Maroc début août 2004. Abdallah Tabarak, ex-receveur de la défunte RATC, était présenté comme l'un des gardes du corps personnels de Ben Laden. Il a été arrêté en Afghanistan suite aux intenses bombardements américains de la région montagneuse de Tora Bora.