Selon le Professeur Najib Akesbi, la question est tranchée. Il faut que le Maroc tire partie des deux camps. Mais d'abord, le pays devrait définir la véritable place qu'occupe l'agriculture pour la doter les moyens appropriés. «Le Maroc devrait définir la place qu'occupe l'agriculture dans le schéma du pays pour lui donner les moyens appropriés et négocier ensuite sur cette base. 40 ans après l'Indépendance, des ministres sont encore en désaccord sur la vocation agricole du pays », avait soulevé le professeur Najib Akesbi en marge de la journée d'étude organisée, le 6 mai dernier à Casablanca par la Fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses (FNCL) sous le thème « Les enjeux et perspectives du Maroc dans ses négociations multilatérales et bilatérales ». Pour des pays comme le Maroc, selon Akesbi, ils se retrouvent avec des positions qualifiées de singulières: à la fois importateur net de denrées alimentaires de base et exportateur de fruits et légumes. “En tant qu'importateur de produits de base, il bénéficie de subventions européennes et américaines, parce que ce sont elles qui font baisser artificiellement les cours mondiaux et lui permettent par conséquent d'acquérir cette alimentation à faible coût”. Mais, en tant qu'exportateur, la donne change. “Le Maroc pâtit des mêmes soutiens parce que ce sont eux qui, en gratifiant les producteurs/exportateurs européens d'un “avantage comparatif” artificiel, sont responsables d'une concurrence déloyale”. Et ce, surtout sur les marchés extracommunautaires. Selon le spécialiste, le Maroc ne peut se permettre ni de se ranger derrière les Etats-Unis et le groupe de Cairns, ni réduire ses marges de manœuvre et s'aligner à l'UE sans conditions. Pour Akesbi, un accord d'association est une préférence. “Si vous accordez une préférence à l'Europe, vous ne pouvez accorder le même avantage aux USA”. L'idéal serait de mettre en compétition les deux camps pour en tirer le meilleur parti. Les négociations avec l'UE pourraient être plus lourdes de conséquences que celles avec l'OMC, estime l'expert. Le principe de la réciprocité avec l'Union tel que défini dans l'accord de 1995 reste insoutenable “à moins que des compromis ne soient trouvés” précisait Akesbi. Notamment dans le cadre de révision des concepts de “traitement spécial et différencié”. Selon lui, les produits d'exportation et d'importation marocains devraient rester en permanence associés sans êtres assimilés. Autrement dit, “on ne peut mettre face à face des céréales et des tomates”. En termes de bilan de l'accord d'association avec l'UE, le Pr Akesbi relève que l'objectif d'améliorer les échanges n'est pas atteint. De plus, les exportations comme les destinations restent caractérisées par un manque de diversification. La structure des principaux produits exportés n'a pas significativement changé depuis une vingtaine d'années.