Près de 7000 personnes ont rempli la pelouse du stade du C.O.C, samedi dernier, pour assister aux concerts, organisés dans le cadre du « Boulevard des jeunes musiciens». Ce public s'est dépensé sans demi-mesures pour fêter les musiciens du métal-rock. Il faut le voir ce public ! Il a un sens aigu de la dépense. Il acclame, crie, saute, se tord, se convulse. Il accueille de façon triomphale ses idoles. Au look, il leur ressemble. De nombreuses chevelures emmêlées s'agitaient, la pelouse du stade de rugby, au rythme des guitares électriques. La crinière du chanteur, sur scène, volait plus haut que toutes les autres. Buste nu, cet adepte du body-building se tortillait sur scène d'une façon très théâtrale. Chacune de ses contorsions déchaînait le public. Sa voix caverneuse a été cependant interrompue par une panne d'électricité. Après la réparation du courant, le chanteur du groupe français de métal-rock «La Chose» a repris de plus belle. «C'est l'une des meilleures formations en France, et c'est la première fois qu'un groupe de métal-rock se produit au Maroc», dit Momo, chargé du projet du Boulevard des jeunes musiciens. Une danseuse a succédé à «La Chose». Elle bougeait sur une musique qui tient de l'oriental, de l'hindou et de l'électronique. Ses déhanchements ont enflammé un public majoritairement formé de garçons. «Près de 7000 personnes», selon les organisateurs, venues de plusieurs quartiers de Casablanca. «Parmi ce public, il y a des gens qui se sont déplacés de Sidi Moumen. Ceux qui disent que le métal est élitiste devraient venir voir le public de ce soir et on en reparlera», dit Momo. L'ardeur de ce public a fait craindre quelques débordements. «Les débordements sont la preuve de la frustration des jeunes qui n'ont pas l'habitude des concerts. S'il y avait plus de manifestations musicales, les jeunes sauraient mieux se tenir», ajoute Momo. Mais compte non tenu de cette dépense, il faut féliciter les organisateurs qui ont fait le pari de la musique sur la crainte des excès. Après tout, la meilleure façon de se mettre à l'abri des débordements du public est de ne rien lui proposer. Il faut aussi les féliciter de la programmation des jeunes musiciens impliqués dans le procès dit du satanisme. L'un d'eux, Soufiane Lamrabti, s'est produit avec le groupe Nekros. «Ce procès a raffermi ma passion de la musique. Avec mes amis, nous prouvons le contraire de ce que l'on a rapporté sur nous, et nous le faisons par notre créativité et dans les règles de notre art», nous dit ce jeune musicien âgé de 22 ans. Il ajoute que la meilleure gratification pour lui et ses amis est le répondant du large public qui s'est déplacé pour eux. Ce jeune musicien était accompagné de sa mère ! Quant à la qualité de cette musique, elle est surtout axée sur le rythme et la répétition d'un seul thème. Ceux qui aiment s'agiter aux sons d'une guitare électrique en sont sortis enchantés. Quant aux autres, ils se sont consolés avec du paracétamol.