32.104 demandes ont été enregistrées en 2018 Le mariage des mineures sévit de manière alarmante au Maroc. Selon les derniers chiffres rendus publics par le ministère de la justice, 32.104 demandes de mariage d'enfants ont été enregistrées en 2018, contre 30.312 en 2006. Des chiffres qui montrent bel et bien que le phénomène a la peau dure. Toujours selon les chiffres du ministère, durant la période comprise entre 2011 et 2018, 85% des demandes de mariage se sont soldées par une autorisation. En outre, 99% des demandes impliquant des enfants ont concerné des filles en 2017-2018. Cette situation est d'autant plus alarmante dans la mesure où seules les demandes en mariage d'enfants et les mariages contractés légalement sont pris en compte par les statistiques officielles du ministère. Ainsi, les mariages informels des mineurs dit mariages «Orf» ou avec la Fatiha ainsi que les mariages par «contrats» ne figurent pas dans les statistiques officielles. Les agences des Nations Unies, UNFPA, UNICEF et ONU Femmes ont profité de la journée internationale de la fille pour lancer une initiative conjointe afin d'éradiquer le mariage des enfants. Il faut signaler à ce sujet que le dernier avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) avait recommandé «l'accélération du processus d'éradication de la pratique du mariage d'enfants dans l'intérêt du développement socio-économique du pays». Les agences des Nations Unies estiment que ce phénomène met en danger la vie et la santé de jeunes filles et restreint leurs perspectives d'avenir. Les effets préjudiciables de ces mariages remettent en cause la pertinence et l'efficacité des systèmes de protection des enfants et notamment des filles à plusieurs niveaux. A commencer par «l'incapacité des enfants à pouvoir formuler un consentement pour des relations sexuelles et de pouvoir choisir un mode de contraception les expose aux grossesses non désirées, aux avortements à risque, aux infections sexuellement transmissibles, à la mortalité maternelle et néonatale ainsi qu'à la violence conjugale avec toutes les conséquences physiques et psychologiques qu'elles peuvent engendrer», déplorent les trois agences des Nations Unies dans un communiqué conjoint. Elles estiment également que le mariage des enfants et les grossesses précoces forcent des millions de filles à abandonner leurs études et contribuent ainsi à leur exclusion, à l'abandon de leurs projets de vie et réduisent considérablement leur capacité de participation à la création de la richesse nationale. En outre, cette pratique demeure un véritable obstacle au développement du pays et a de graves conséquences sur la santé mentale et physique des enfants en hypothéquant leurs chances de jouir de leurs pleines capacités pour leurs développement et épanouissement personnel. Devant cette dure réalité, les agences des Nations Unies appellent le gouvernement ainsi que les institutions constitutionnelles, les médias et la société civile à un engagement collectif à cinq dimensions pour contribuer à l'élimination de ce phénomène. Cet engagement porte sur la révision des législations en place et des politiques nationales destinées à protéger et à défendre les enfants, en particulier les adolescentes. Il s'agit aussi de renforcer l'accessibilité à un système d'éducation, de santé, de protection de l'enfance et de protection sociale de qualité et d'informer les familles, les communautés et les dirigeants et les inciter à investir en faveur des adolescentes. Il faut aussi donner aux adolescentes déjà mariées, ou menacées de l'être, les moyens d'exprimer leurs opinions et de faire des choix, favoriser leur scolarisation et offrir des alternatives économiques aux plus vulnérables . Il faudra aussi produire et utiliser des données fiables pour guider les programmes et les politiques publiques visant les adolescentes.