Le mariage des mineurs est un phénomène qui reste assez répandu au Royaume malgré les dispositions prises par le gouvernement. Ainsi, trois agences des Nations Unies, UNFPA, UNICEF et ONU Femmes ont appelé à un engagement collectif pour une éradication du mariage d'enfants au Maroc. Dans un communiqué conjoint parvenu à Hespress Fr, les trois agences précitées considèrent le mariage des mineurs «comme une violation des droits humains et une pratique menaçant l'intérêt supérieur de l'enfant, conformément aux standards internationaux des droits humains auxquels le Maroc est partie». Ainsi, et à l'occasion de la Journée internationale de la fille, célébrée ce vendredi 11 octobre, les agences des Nations Unies, UNFPA, UNICEF et ONU-Femmes, ont, toutefois, salué les récentes initiatives du Maroc entreprises par ministère public, le ministère de la Justice, le Conseil national des Droits de l'Homme, et la société civile, visant «l'élimination du mariage des enfants en vue de permettre à chaque enfant de jouir de tous ses droits sans aucune entrave». Dans la même note, l'UNFPA, UNICEF et l'ONU-Femmes, ont pareillement mis l'accent sur le dernier avis du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) qui a clairement recommandé « l'accélération du processus d'éradication de la pratique du mariage d'enfants dans l'intérêt du développement socio-économique du pays ». Selon les statistiques du ministère de la Justice, 32.104 demandes de mariage d'enfants ont été enregistrées en 2018, contre 30.312 en 2006. Entre 2011 et 2018, 85% des demandes de mariages se sont soldées par une autorisation, et 99% des demandes de mariage impliquant des enfants ont concerné des filles sur la période 2017-2018. Cette situation est d'autant plus alarmante puisque seules les demandes en mariages d'enfants et les mariages contractés légalement sont pris en compte par les statistiques officielles du Ministère de la Justice, estiment les 3 agences onusiennes, sachant que les mariages informels d'enfants dits mariages « Orf » ou avec Fatiha ou encore les mariages dits par « contrats » ne figurent pour leur part dans aucune source statistique officielle. Par ailleurs, relèvent-elles, le mariage d'enfants met en danger la vie et la santé de jeunes filles et restreint leurs perspectives d'avenir, avançant que les études et les recherches ont démontré que le mariage des mineurs est nuisible à plusieurs niveaux, car il constitue un facteur de transmission intergénérationnelle de la précarité. Ainsi, les trois organes soulignent que les effets préjudiciables du mariage d'enfants remettent en cause la pertinence et l'efficacité des systèmes de protection des enfants et notamment des filles à plusieurs niveaux, à savoir « l'incapacité des enfants à pouvoir formuler un consentement pour des relations sexuelles et de pouvoir choisir un mode de contraception les exposent aux grossesses non désirées, aux avortements à risque, aux infections sexuellement transmissibles, à la mortalité maternelle et néonatale ainsi qu'à la violence conjugale avec toutes les conséquences physiques et psychologiques qu'elles peuvent engendrer». Et d'ajouter que « le mariage d'enfants et les grossesses précoces forcent des millions de filles à abandonner leurs études et contribuent ainsi à leur exclusion, à l'abandon de leurs projets de vie et réduit considérablement leur capacité de participation à la création de la richesse nationale» et que «la pratique du mariage d'enfants, demeure un véritable obstacle au développement du pays et a de graves conséquences sur la santé mentale et physique des enfants en hypothéquant leurs chances de jouir de leurs pleines capacités pour leurs développements et épanouissement personnel». À la lumière de cette réalité, l'UNFPA, UNICEF et ONU Femmes, appellent toutes les parties prenantes, gouvernement, institutions constitutionnelles, médias et société civile à un engagement collectif à cinq dimensions pour contribuer à l'élimination du mariage d'enfants en favorisant «la révision des législations en place et des politiques nationales destinées à protéger et à défendre les enfants, en particulier les adolescentes, renforcer l'accessibilité à un système d'éducation, de santé, de protection de l'enfance et de protection sociale de qualité». Mais pas que ! Elles appellent également les parties prenantes à «informer les familles, les communautés et les dirigeants et les inciter à investir en faveur des adolescentes, donner aux adolescentes déjà mariées, ou menacées de l'être, les moyens d'exprimer leurs opinions et de faire des choix, favoriser leur scolarisation et offrir des alternatives économiques aux plus vulnérables et produire et utiliser des données et des informations fiables pour guider les programmes et les politiques publiques visant les adolescentes».