Le secrétaire général adjoint du Parti de la Justice et du Développement (PJD), Saâd Eddine Othmani, nous livre quelques impressions sur l'éventuel effritement de la majorité gouvernementale. ALM : M. Othmani, certains observateurs de la vie politique nationale estiment que la majorité formant le gouvernement Jettou commence à connaître des fissures. Etes-vous d'accord ? Saad Eddine Othmani : Je ne peux pas affirmer qu'il y a effectivement un début de fissuration au sein de cette majorité. Mais, il est évident que ce gouvernement a été formé par une coalition de partis ayant des programmes hétérogènes et même contradictoires pour certains d'entre eux. On y trouve les socialistes, les libéraux, les conservateurs et les progressistes, etc. Il n'est donc pas exclu que cette diversité soit à l'origine d'un éventuel éclatement de cette majorité. Dernièrement, des déclarations émanant de certains leaders de partis politiques participant au gouvernement laissent entendre l'existence d'un malaise au sein de la majorité, notamment en ce qui concerne l'Istiqlal… À mon avis, il s'agit plus d'un débat formant partie de la polémique entre les membres de la Koutla que de différends entre les partis de la majorité. En plus, il est évident que cela fait partie de calculs politiciens. Abderrahmane Youssoufi a dernièrement critiqué la nomination du Premier ministre en la qualifiant de rupture avec le processus de la transition démocratique. Qu'en pensez-vous? Ce n'est pas nouveau. D'ailleurs, au lendemain de cette nomination, l'USFP avait exprimé sa position. Certes, elle était nuancée. Mais, il était clair que ce parti voulait que le Premier ministre soit nommé parmi ses rangs puisqu'il est le parti ayant obtenu le plus grand nombre de sièges. La vérité est que la balkanisation du champ politique révélée par le résultat des élections et les manœuvres de certaines formations pour faire pression afin d'obtenir le poste de Premier ministre ont été derrière la nomination de M. Jettou. Des voix commencent à parler d'une réduction de la vie du gouvernement Jettou à deux ans. Quelle est la position de votre parti ? Personnellement, je pense que la nomination d'un gouvernement s'étale sur toute la législature qui est de cinq ans. Ce qui implique que mettre fin au mandat du gouvernement ne peut se faire, en circonstances normales, qu'à la fin des cinq années. Mais, si la majorité s'effondre avant cette échéance, ou si cet Exécutif s'avère incapable de gérer des dossiers sensibles, il est logique de mettre fin à sa mission. Mais, je pense que, généralement, un gouvernement doit avoir la chance de travailler pendant cinq ans. Car on ne peut faire ses preuves en deux ans.