Ce sont des centaines de milliers de mélomanes qui se sont réunis dans la joie, la bonne humeur et l'amour de la musique à Essaouira pour fêter le 22ème Festival Gnaoua et musiques du monde clôturé tout récemment. «Une édition qui a su tenir toutes ses promesses : des concerts inspirants aux fusions inspirées, en passant par les rendez-vous débats et échanges que proposent le Forum des Droits de l'Homme le matin et l'Arbre à Palabre l'après-midi», indiquent les initiateurs qui remontent aux temps forts de cette année. Pendant trois jours, le plus maâlem des festivals a, selon la même source, offert des moments intemporels d'une rare beauté. 32 maâlems venus de tout le Maroc et même de Brooklyn comme Hassan Hakmoun, ont transporté le public du meilleur de la fusion au plus authentique de la belle tradition tagnaouite. Outre la traditionnelle parade d'ouverture, le public a apprécié le fruit d'une belle résidence entre maâlem Hassan Boussou et le groupe cubain Osain Del Monte. Un concert métissé, un hommage aux racines africaines qui sonnaient comme une évidence. Yoruba et Gnaoua, jadis considérés comme des musiques subalternes, ont su se marier à merveille créant une harmonie, transportant le public dans des rythmes énergiques, au bonheur du plus grand nombre. S'en est suivi une fusion ardente entre le plus pop rock des maâlems, Omar Hayat, brillant élève de Feu Mahmoud Guinéa, et le «griot» de l'afro pop, Moh! Kouyaté. La rencontre de la guitare et du guembri, un pont entre les sources mandingues et inspirations contemporaines empreinte de blues, du jazz et pop. Une autre union sacrée en cette fin de soirée, celle d'un père et son fils, les maâlems Abdelkebir et Hicham Merchane qui ont offert au public de la scène Moulay Hassan un concert d'une authenticité rare, une magistrale démonstration d'une relève assurée et que la tagnaouite a un bel avenir devant elle. A son tour, le groupe de blues touareg Tinariwen a offert à la ville l'un des plus beaux concerts toutes éditions confondues. De son côté, Hamid El Kasri a offert un des temps forts du festival avec un concert passionné qui a transformé la place principale en une sorte de chœur géant par la force de l'écho du public qui a eu l'occasion de savourer la musique de plusieurs artistes. De plus, la culture a été au cœur des débats du Forum des droits de l'Homme qui était consacré à «La force de la culture contre la culture de la violence». Pendant deux jours, intellectuels, artistes et militants des droits de l'Homme ont pris part à ces échanges. A l'ouverture de ce forum, Neïla Tazi, productrice du festival, a rappelé «que la culture n'est pas un slogan, c'est un appel à la mobilisation citoyenne. C'est un appel à une prise de conscience pour garder le cap d'une civilisation humaine de progrès et de justice». elle a évoqué Hannah Arendt qui affirmait que «c'est dans le vide de la pensée que s'inscrit le mal». Selon l'oratrice, depuis 22 ans avec le festival «la recherche de l'excellence dans la culture est au cœur de notre démarche ; mais pas celle qui exclut, qui isole et qui conduit à un processus d'intimidation sociale en déniant à certains le droit de considérer leur propre culture comme légitime et digne de reconnaissance». Ainsi, trois jours de célébration, de dialogue et de communion ont été offerts, une fois encore, lors de cette édition du festival dont la 23ème édition se tiendra du 20 au 23 juin 2020.