Lors d'une rencontre avec la presse quotidienne, le premier ministre met en valeur, à mi-parcours de son mandat, les réalisations de son gouvernement. Le Premier ministre, Driss Jettou, a dressé, lundi 21 février, un bilan à mi-mandat de l'action du gouvernement qu'il dirige depuis le 7 novembre 2002. Devant un parterre de journalistes représentant les différents organes de la presse quotidienne nationale réunis autour d'un dîner, le chef de l'exécutif a passé en revue les grandes lignes de la politique du gouvernement. Accompagné pour l'occasion du ministre de la Communication et porte-parole du Gouvernement, Nabil Benabdallah, le chef de la Primature a parlé des succès de son gouvernement, mais aussi des échecs. Mettant en valeur les projets réalisés et les programmes en cours de réalisation, il n'a pas hésité à reconnaître l'existence de quelques défaillances enregistrées dans certains domaines de l'action gouvernementale. Mais, en général, le Premier ministre se dit satisfait du travail accompli par les membres de son équipe et affirme être fier de la cohérence et du dynamisme qui marquent leur action. Sur ce dernier point, il a insisté sur le fait que la coalition de la majorité est solide et cohérente. D'ailleurs, il a annoncé, à cette occasion, qu'il se réunira fin mars prochain avec les leaders des différents partis politiques de la majorité, pour s'entretenir avec eux des différentes étapes franchies et celles qui restent à franchir dans la mise en oeuvre du programme du gouvernement. En fait, cette réunion permettra au Premier ministre de consolider sa position en tant que coordonnateur de la majorité. Car, deux ans après sa nomination, le débat sur son statut de Premier ministre sans appartenance politique est d'une certaine manière dépassé. Pour lui, un chef de gouvernement, même s'il n'est pas membre d'un parti, est amené à l'occasion de l'exercice de ses fonctions à prendre des décisions politiques. Il est donc politisé de facto. Rappelons que la nomination par SM le Roi de M. Jettou au poste de Premier ministre, le 9 octobre 2002, soit un mois après les élections législatives du 27 septembre 2002, avait suscité un grand débat. Considérée par certaines forces politiques comme étant un éloignement injustifié de la méthodologie démocratique qui consiste à choisir le chef du gouvernement parmi les rangs du parti ayant obtenu la majorité au Parlement, sa nomination a été interprétée en revanche par certains observateurs comme un choix stratégique visant à orienter les efforts du gouvernement vers la résolution des problèmes socio-économiques où le pays a accumulé un déficit énorme. En effet, si le Maroc a réalisé de très grandes avancées dans le domaine politique et l'instauration de la démocratie, sur le plan économique, l'évolution ne suit pas la même cadence. Les réformes économiques et l'assainissement du climat social, qui sont des conditions préalables à toute politique de développement économique, sont des chantiers qui demeurent très en retard par rapport à ce qui a été accompli dans le domaine des réformes politiques. D'où le choix porté sur M. Jettou. Venant du monde des affaires, le Premier ministre a pour mission de créer les conditions d'un développement économique harmonieux susceptible notamment de drainer les investissements nationaux et étrangers. Aussi, devait-il être investi des pleins pouvoirs en tant que chef du gouvernement afin d'avoir les moyens d'élaborer son programme selon une hiérarchisation précise des priorités et de pouvoir, en suite le mettre en musique. "J'exerce pleinement mes fonctions de Premier ministre, je fixe mon programme et je procède aux arbitrages nécessaires en ce qui concerne la répartition du budget entre les différents départements ministériels", a-t-il souligné. Il est ainsi le Premier ministre à bénéficier d'une aussi grande marge de manœuvre dans le cadre de sa mission en tant que chef du gouvernement. Ainsi, pour réussir son pari dans le domaine économique, il fallait être sur plusieurs fronts en même temps et accélérer la cadence étant donné que le Maroc devait à la fois rattraper le temps perdu et suivre le rythme de l'évolution de l'économie internationale qui avance à grands pas vers la mondialisation. Dans ce domaine, le Premier ministre affirme que le bilan de son gouvernement, malgré un contexte difficile marqué par l'invasion des criquets, la gelée et la hausse de la facture pétrolière, reste globalement positif, rappelant ainsi les grands problèmes qu'il a déjà résolus et les chantiers qui sont en cours de réalisation. Il explique ainsi qu'à mi-mandat, il a déjà trouvé une solution aux casse-tête de la Sodea-Sogeta. Il a aussi anticipé la résolution du problème des retraites qui allaient connaître un déséquilibre financier en 2012. Pour ce qui est des réalisations, le chef de la Primature affirme que l'Assurance-maladie obligatoire (AMO) est incontestablement l'un des grands succès de son gouvernement. S'agissant des chantiers en cours de réalisation, il a mis l'accent sur l'élan de développement que connaissent actuellement les secteurs du tourisme et de l'industrie. Sachant que toute politique de développement économique nécessite le renforcement des infrastructures, le Premier ministre a mis en relief la politique de son gouvernement dans ce domaine. Ainsi, l'électrification et le désenclavement du monde rural ont beaucoup avancé et le gouvernement cherche à accélérer le rythme des projets en cours. Idem pour les autoroutes dont les projets programmés passent de 50 à 100 km par an. Ces chantiers ont permis, selon M. Jettou, de booster le marché de l'emploi et de réduire le taux de chômage en 2004. À propos de l'emploi, le chef de l'exécutif a annoncé l'organisation en avril 2005 des premières Assises nationales sur le problème des diplômés chômeurs en vue de réfléchir à une solution globale à ce fléau . Par ailleurs, le Premier ministre n'affiche pas que des réussites. Il reconnaît quelques ratages comme celui concernant la mise à niveau où le gouvernement a enregistré de très grands retards. En outre, il a annoncé que le gouvernement a confié au cabinet McKinsey l'élaboration d'une étude globale sur les possibilités de développement de l'économie marocaine dans tous les secteurs d'activité industrielle. "C'est une première, affirme le chef du gouvernement, qui permettra au Maroc d'avoir une vision claire en ce qui concerne les secteurs porteurs et les partenaires internationaux qu'il doit démarcher". Ainsi, à mi-mandat, M. Jettou affiche un bilan positif avec lequel il espère conduire sa coalition gouvernementale vers la reconquête de la majorité parlementaire lors des élections législatives de 2007. Avec l'espoir de l'installation définitive de l'alternance au pouvoir entre deux grands pôles et le retour à un Premier ministre politique. Pour le reste, Driss Jettou a l'esprit tranquille.