Le ministre de l'emploi et de l'insertion professionnelle évoque la responsabilité des autres partenaires sociaux Au fil des jours, les chances de parvenir à un accord entre les partenaires sociaux deviennent minimes. C'est probablement la raison qui a poussé le ministre de l'emploi et de l'insertion professionnelle, Mohamed Yatim, à faire une sortie médiatique pour tenter de relancer le dialogue qui se trouve quasiment au point mort depuis des semaines. L'annonce de la création d'une commission technique à l'issue de la dernière réunion du dialogue social avec le chef de gouvernement ne semble pas trop emballer les autres partenaires sociaux, notamment les centrales syndicales qui s'attendent à des propositions concrètes de la part de l'Exécutif. Pour tenter de réanimer le dialogue, Mohamed Yatim vient d'annoncer dans une déclaration à la presse que «le gouvernement croit toujours en l'espoir de trouver un compromis avec les syndicats». Pour le ministre, «la signature d'un accord est dans l'intérêt de tous principalement les syndicats afin qu'on puisse discuter des autres sujets en rapport avec la législation sociale et les libertés syndicales». Yatim a cependant expliqué que «la réussite du dialogue social est la responsabilité de toutes les parties prenantes (patronat, syndicats et gouvernement)». Si le responsable gouvernemental tient toujours à raviver la flamme d'un probable accord, un proche conseiller du chef de gouvernement avait, quant à lui, laissé entendre qu'en l'absence d'un accord avec les partenaires sociaux, les dispositions prévues dans le cadre de la loi de Finances 2019 seront activées. Il faut dire que le projet de loi de Finances 2019 est actuellement examiné à la Chambre des conseillers. Une institution législative qui a la particularité d'être dominée par les forces de l'opposition parlementaire, en l'occurrence le parti de l'Istiqlal (PI) et le Parti authenticité et modernité (PAM) mais également et surtout quatre centrales syndicales, à savoir l'Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT), l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et l'Union nationale du travail au Maroc (UNTM). Le patronat marocain à travers la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) est également représenté à travers un groupe parlementaire. Dès lundi prochain, les conseillers parlementaires vont démarrer l'étape cruciale des amendements. Le volet des salaires a donc de fortes chances d'être soulevé lors du débat en présence du ministre de l'économie et des finances. Pour rappel, les derniers rounds du dialogues social avaient buté sur la hausse des salaires. La proposition émanant du gouvernement consistant à augmenter sur trois années les salaires de moins de 5.200 dirhams dans la fonction publique de 400 dirhams, avait tout simplement été rejetée par les différentes centrales syndicales. Les débats risquent d'être houleux à la Chambre des conseillers même si l'opposition et les syndicats savent à l'avance que le dernier mot revient à la Chambre des représentants où le gouvernement dispose d'une majorité confortable. Le boycott des syndicats Le dernier round du dialogue social a été marqué par le retrait de deux centrales syndicales en protestation contre l'offre gouvernementale. De son côté, l'Union marocaine du travail (UMT) a annoncé le boycott de toute nouvelle réunion du dialogue social en l'absence d'une nouvelle offre. Dans une déclaration accordée à ALM, le secrétaire général de l'UMT, Miloudi Moukharik, avait expliqué que «le syndicat a décidé de boycotter toutes les réunions avec le chef de gouvernement si aucune nouvelle offre de la part du gouvernement concernant notamment la hausse des salaires n'est décidée». Pour sa part, l'UGTM avait officialisé dans un communiqué publié à l'issue de la réunion avec le gouvernement «son retrait en attendant de s'assurer de la bonne volonté du gouvernement à travers l'annonce d'un ordre du jour et une approche de travail bien clairs ainsi que l'amélioration de l'offre gouvernementale qui doit concerner l'ensemble des salariés et fonctionnaires sans exception».