Dans une intervention, jeudi dernier, devant la Fondation nationale pour la Démocratie à Washington, George W. Bush exhorte le monde arabe à adopter la démocratie. Il profite de cet appel pour justifier une fois de plus son intervention en Irak. Il affirme,en effet, que la démocratisation de ce pays se fera et servira d'exemple à tout le Moyen-Orient. Il a notamment visé l'Iran en affirmant que le régime de Téhéran «doit répondre aux aspirations démocratiques du peuple iranien ou bien il perdra les derniers éléments de sa légitimité». Selon le Président américain, de nombreux gouvernements au Moyen-Orient comprennent désormais que la dictature ne mène qu'à l'impasse, bien que «certains régimes militaires ou théocratiques continuent de s'accrocher aux vieilles habitudes d'une direction centralisée». C'est pourquoi, précise-t-il, le Proche-Orient «doit-être l'un des centres d'intérêt principaux de la politique américaine dans les prochaines décennies», ajoutant que «c'est essentiellement dans les pays du Maghreb que la vague de démocratisation du dernier quart de siècle a été tenue en échec». Selon George Bush, les dictatures du Proche-Orient, militaires et théocratiques «sont le plus sûr chemin vers nulle part». Elles vont disparaître, assure-t-il, si elles «persistent dans les erreurs passées (…) et si elles ne dépassent pas les retards économiques accumulés, malgré leurs riches ressources pétrolières». Le plus étonnant a été la force avec laquelle le Président américain a demandé à ses deux principaux alliés dans la région de s'amender. Il les engage, avec une insistance inhabituelle dans les usages diplomatiques, à emprunter la voie des réformes institutionnelles. Pour les émirs wahhabites, il n'y va pas par quatre chemins. Il leur dit : «c'est en donnant aux Saoudiens un plus grand rôle dans leur société» qu'ils démontreront leur capacité à jouer eux-mêmes un «rôle dirigeant dans la région». Quant à l'Egypte, «qui a montré le chemin de la paix en signant un traité avec Israël, elle devrait maintenant montrer celui de la démocratie au Proche-Orient». M. Bush fait ces recommandations sans oublier de rappeler que les principes essentiels qui fondent la démocratie sont ceux qui limitent le pouvoir de l'État et de l'armée et imposent la liberté d'opinion et de culte. Il se dit convaincu que ces principes peuvent et doivent s'appliquer à ces pays. Les Palestiniens sont également interpellés, puisqu'il leur rappelle qu'ils doivent admettre que la paix et l'indépendance vont de pair avec la démocratie. Le plus étonnant dans cette sortie présidentielle américaine, c'est le parallélisme fait entre les régimes communistes, morts avec la chute du mur de Berlin, et la situation qui prévaut chez les dirigeants arabes. Qualifiant l'action de son gouvernement de «nouvelle stratégie à long terme pour la liberté au Moyen-Orient, il l'a ainsi comparé à l'action de Ronald Reagan (1981-1989) dans sa lutte contre le monde communiste. Il se place en héraut de la démocratie dans le monde, en général, et chez les Arabes, en particulier. Pour ces derniers, il répète son argumention, déjà avancée avant la guerre d'Irak, comme quoi, la chute de Saddam Hussein et l'établissement d'un régime démocratique à Bagdad seront «un exemple à suivre pour toute la région. C'est une entreprise énorme et difficile. Mais, elle mérite nos efforts. Elle mérite notre sacrifice car nous en connaissons les enjeux. L'échec de la démocratisation de ce pays encouragerait les terroristes dans le monde entier, augmenterait les dangers pesant sur les Américains et mettrait fin aux espoirs de millions de gens dans la région». Il soutient mordicus que l'invasion de ce pays relève d'une stratégie qui s'inscrit dans le long terme et non comme une action ponctuelle destinée à « déloger un dictateur». À cet égard, M. Bush n'a pas manqué de critiquer la politique des présidents qui l'ont précédé : «depuis soixante ans, les nations occidentales s'accommodent de l'absence de démocratie au Moyen-Orient. Cela n'a pas préservé notre sécurité, parce que dans le long terme, la stabilité ne peut être acquise aux dépens de la liberté». Il est temps que les dirigeants arabes «affrontent les vrais problèmes et s'occupent des vrais intérêts de leurs nations, a-t-il dit avant de saluer les progrès accomplis au Maroc, en évoquant les engagements de S.M. Mohammed VI en faveur des droits de la femme et des droits humains en général. Le Président George Bush a félicité le Souverain pour les progrès accomplis dans le sens de la démocratie.